Décès de Paryse Martin, pilier des arts visuels à Québec

Le milieu des arts visuels de Québec est en deuil d'une de ses membres les plus prolifiques. Paryse Martin est décédée le 4 mars 2024 à 64 ans, entourée de ses proches, après une complication cardiaque.

Décès de Paryse Martin, pilier des arts visuels à Québec | 5 mars 2024 | Article par Simon Bélanger

L’artiste Paryse Martin, qui était également enseignante à l’École d’art de l’Université Laval, est décédée à l’âge de 64 ans.

Crédit photo: Page Facebook École d'art de l'Université Laval

Le milieu des arts visuels de Québec est en deuil d’une de ses membres les plus prolifiques. Paryse Martin est décédée le 4 mars 2024 à 64 ans, entourée de ses proches, après une complication cardiaque.

La nouvelle a été d’abord annoncée par un communiqué sur le site de l’École d’art de l’Université Laval, située dans le quartier Saint-Roch.

« Artiste prolifique et admirée, pédagogue d’une grande générosité, elle aura profondément marqué l’École d’art et toute une génération d’artistes. Son départ inattendu nous laisse sans voix. Sachant l’affection sincère qui lui était portée, toute notre communauté est aujourd’hui en deuil », écrit Georges Azzaria, directeur de l’École d’art.

On apprend également qu’une activité commémorative devrait être organisée prochainement.

L’annonce du décès de Paryse Martin a créé une onde de choc dans le milieu artistique de Québec. Les témoignages d’affection se multiplient sur les réseaux sociaux.

Alicia Despins, conseillère municipale de Vanier-Duberger et responsable de la culture au comité exécutif dans l’administration Labeaume de 2017 à 2021, écrivait notamment ceci sur sa page Facebook :

«Son décès laisse à la fois un vide, profond et multidimensionnel, et une prise de conscience de la chance inouïe d’avoir été en contact avec un imaginaire si foisonnant et poignant, avec une femme, un monument, une artiste, une pionnière, aussi aimée et marquante. Paryse a fait la différence, la vraie différence, dans la vie de tellement d’humains. Je ressens le tremblement intérieur causé par sa disparition», s’émeut Mme Despins.

Multidisciplinaire, engagée et rebelle

Paryse Martin est née à Caribou, dans le Maine, en 1959. Elle a complété des études de baccalauréat et de maîtrise en arts visuels à l’Université Laval. L’artiste a également obtenu un doctorat en études et pratiques des arts de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) en 2007.

Depuis 2000, elle enseignait à l’École d’art de l’Université Laval.

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Sa pratique artistique touchait une multitude de facettes : peinture, sculpture, animation, illustration. Son art s’est inspiré de divers univers, comme la nature,  la poésie ou les contes fantastiques. Ses œuvres s’inscrivaient dans ce qui pourrait se rapprocher du surréalisme et du baroque.

« L’artiste s’amuse à créer des oeuvres à la fois étranges et attirantes où les thèmes de l’homme, de la bête, du quotidien, du spectaculaire, des plaisirs, de la nourriture, de l’humain, de la nature, de la réalité, de la magie, de l’utilitaire et du décoratif se côtoient dans une théâtralité excessive, sensualiste et baroque », indique sa biographie sur le site de la Galerie 3 (maintenant Chiguer art contemporain).

En 1990, son art choque, alors que ses sculptures semblables à des pâtisseries en forme de phallus seront censurées par le Musée du Bas-Saint-Laurent, à Rivière-du-Loup.

Elle s’est échinée toute sa vie à ne pas respecter l’ordre établi, en ancrant son art dans des thématiques comme le féminisme et l’environnement. Paryse Martin a également emprunté diverses techniques associées davantage aux arts populaires et à l’artisanat.

Nombreuses expositions

Au cours de sa vie d’artiste, Paryse Martin a vu ses créations exposées dans de multiples pays : États-Unis, France, Espagne, Pays-Bas, en plus du Canada. Elle a également remporté plusieurs concours d’art public au Québec.

13 de ses œuvres sont répertoriées sur le site du Musée national des beaux-arts du Québec, dont Dentier de crocodileCap Tourmente et L’îlot d’été. Elle devait aussi réaliser une œuvre d’art à partir de «l’orme au boulet», qui avait dû être abattu dans le Vieux-Québec en 2021.

Depuis décembre 2023 et jusqu’en juin prochain, elle est aussi à l’honneur dans l’exposition Paryse Martin – Regards obliques, au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul.

Dans sa chronique publiée dans Le Soleil le 16 décembre dernier, justement consacrée à cette exposition, Josianne Desloges la décrivait ainsi :

« Jardinière magicienne, punk aux doigts de fée, Amazone baroque, les épithètes fantasmagoriques ne manquent pas pour désigner celle qui, animée par une curiosité et des convictions telluriques, jette un regard à la fois lumineux et foudroyant sur le monde.»

Pour Paryse Martin, c’était un retour aux sources que cette exposition à Baie-Saint-Paul, puisqu’elle avait travaillé au Musée d’art contemporain de 1993 à 1996, en plus de coordonner le Symposium d’art contemporain.

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