Mois Multi : Christian Lapointe, un nouveau commissaire qui prône « la prise de risques »

Le tout nouveau commissaire du Mois Multi, Christian Lapointe, tend la main aux diffuseurs pour « oser davantage en février ».

<em>Mois Multi </em>: Christian Lapointe, un nouveau commissaire qui prône « la prise de risques » | 5 mars 2024 | Article par Thomas Verret

Le directeur artistique de Carte Blanche, Christian Lapointe, prend le relais d’Emile Beauchemin, qui a occupé la fonction de commissaire du Mois Multi au cours des six dernières années, y mettant tout son cœur et évidemment beaucoup de travail.

Crédit photo: David Irvine

Le tout nouveau commissaire du Mois Multi, Christian Lapointe, tend la main aux diffuseurs pour « oser davantage en février ».

Commissaire depuis 2018, Emile Beauchemin lui passe officiellement le flambeau, au terme de la plus récente édition ayant marqué le 25e anniversaire du festival d’arts multidisciplinaires.

Un « combat » à poursuivre

Comme il l’a toujours fait dans sa carrière, M. Lapointe promet de continuer à « défendre le droit de pouvoir présenter des œuvres éclatées à tout moment de l’année », à l’intérieur bien entendu de la programmation de ce rendez-vous artistique hivernal organisé par les Productions Recto-Verso.

« Ma démarche artistique des 20 dernières années, ç’a beaucoup été ça. Toute ma vie, j’ai fait des œuvres qui repoussent les limites. De revendiquer le droit, en saison régulière, de faire ce que je veux, comme artiste. De ne pas être soumis à cette espèce de ligne éditoriale liée à la sécurité. D’être contraint de jouer safe, comme on dit. De revendiquer finalement le droit à la prise de risques », résume celui qui dirige également depuis 2013 la compagnie de production Carte Blanche au théâtre Périscope.

À ses yeux, c’est un combat qu’il a « plutôt gagné » – à l’instar du Mois Multi d’ailleurs – au courant des deux dernières décennies et quelque, lorsqu’il regarde actuellement la liberté de création des artistes dans les institutions culturelles.

« Le mandat de Recto-Verso à la base, c’était de démocratiser les arts multidisciplinaires et électroniques », rappelle Christian Lapointe.

Ce constat s’observe, par exemple, dans les spectacles de danse de La Rotonde ou encore dans les prestations théâtrales au Trident.

« La multidisciplinarité est désormais normalisée. De nos jours, elle est partout. Et pour les jeunes artistes, ce n’est même pas une question, ça va de soi », se réjouit le natif de Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans.

Son message s’adresse donc aux autres organismes culturels, qu’il invite à collaborer avec le Mois Multi, afin d’y présenter « des choses plus flyées » qui sortent de l’ordinaire.

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« C’est ça que je veux apporter en fin de compte, que pendant le festival au mois de février, on soit davantage dans la prise de risques. »

Appui aux jeunes artistes

Sa pratique artistique est aussi « très liée » au milieu des arts de Québec et à son public, ainsi qu’aux talents qui en émergent.

« Avec la compagnie (Carte Blanche), déjà je fais des initiatives de soutien à la relève au Périscope, à Premier Acte. Pour moi, c’est une façon de continuer à m’inscrire dans la ville de Québec et de passer à une autre étape dans l’incitation à la prise de risques », exprime Christian Lapointe.

Une association naturelle

Ce dernier est en outre associé aux Productions Recto-Verso depuis le début des années 2000, une organisation modeste qui remplit tout de même sa mission « avec brio ».

« J’y ai travaillé autrefois à titre de performeur. J’ai fait beaucoup de résidences à (la coopérative) Méduse, au studio d’essai de Recto-Verso. Plusieurs de mes œuvres ont été présentées au Mois Multi. J’ai été associé comme codirecteur artistique de cette compagnie-là. C’est certain que je connais bien l’esprit du festival », explique l’idéateur cumulant une trentaine d’œuvres exploratoires à ce jour.

« De revenir travailler à sa programmation, après la pandémie, alors que les organismes culturels sont pas mal fragilisés par l’inflation et tout ça (…) d’avoir quelqu’un qui connaît bien la compagnie (Recto-Verso), je pense que pour la direction générale et le conseil d’administration, ça se veut quelque chose de rassurant. Je viens en fait prêter main-forte à cette organisation, pour que le festival continue de grandir dans un contexte économique un peu difficile », ajoute-t-il.

Un bilan « positif »

Cette année, le public a particulièrement apprécié la formule de parcours d’exposition à découvrir à pied, note entre autres le comité organisateur du Mois Multi. Cette nouveauté a permis d’établir des partenariats avec le Musée de la civilisation, la Charpente des fauves, La Nef et le Cinéma Beaumont.

De plus, l’aspect festif de cette édition anniversaire a marqué les esprits, nous dit-on, notamment la Soirée indomptée, qui a mis le feu à l’édifice de Méduse, idem pour La Fin, qui a clôturé les célébrations de belle façon à la salle Multi de ce même complexe situé au croisement de la rue Saint-Vallier Est et de la côte d’Abraham.

Le spectacle Mystic-Informatic en a fait voir de toutes les couleurs aux gens rassemblés au studio d’Essai, à travers la danse, la mycologie et les technologies numériques.
Crédit photo: Moïse Marcoux-Chabot

Enfin, l’équipe du festival souligne « le travail passionné » de Laurence Fortin, programmatrice invitée du volet pro 2024. Son succès s’est traduit par une salle comble durant trois jours et par les propositions artistiques de 40 intervenants provenant de dix pays.

Ah oui, Christian Lapointe a lui-même présenté une œuvre expérimentale « Head in flames », projetée pour la première fois au Mois Multi, un film réalisé en deepfake (hypertrucage) sur le meurtre de Théo Van Gogh par Mohammed Bouyeri, et diffusé au Cinéma Beaumont.

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