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Centre d’attention, ou encore mise au point photographique, le mot focus évoque un regard précis, du moins un appel à retenir l’attention. Son itération enrôle l’esprit dans une zone ambiguë. FOCUS FOCUS FOCUS FOCUS engage dans une circularité du raisonnement, en revenant continuellement au même point de fixation. Pour cette exposition à l'Oeil de poisson, Carolyne Scenna se base sur l’idée qu’une structure ne pourrait être créée autrement que par la répétition, comme le fait la musique.
Dans un désir de mettre à l’épreuve son déficit de l’attention et l’accumulation d’indécisions qui en découle, l’artiste propose un environnement qui entraîne l’immersion du corps dans la galerie. Les murs tapissés de divers textiles imbibés de matières solubles et réversibles, et le vaste amoncellement de tuiles de ciment posées à l’horizontale incitent à prendre conscience du sol sur lequel nous nous tenons et de la constitution des objets qui nous entourent. Ainsi que, par extension, des diverses manières dont nous y sommes entremêlés.
Le rapport physique que nous avons avec l’œuvre est essentiel dans la démarche de l’artiste. Ici, il devient impossible de porter un regard sur l’ensemble, mettant l’emphase sur nos limites corporelles à contempler et à en faire l’expérience.
Coulées sur des plaques de verre entourées d’une chape aux dimensions fixes, les tuiles sont devenues des surfaces d’impression. Des transferts d’images, dont le mélange de ciment absorbe et fossilise des interventions temporaires, sur le point d’être effacées ou modifiées. Les images emprisonnées dans les coulées sont désormais figées de manière permanente, dont nous ne pouvons percevoir que la partie extérieure.
Au-delà des mécanismes par lesquels les images sont lues et perçues, Carolyne Scenna est sensible à leur mouvement d’apparition et de disparition sous nos yeux. Les moulages qui se répètent dans ce processus de transfert d’images ont le potentiel de marquer un temps, tels des photogrammes : des empreintes concrètes d’un processus évanescent qui rappelle celui d’animation expérimentale avec lequel l’artiste travaille habituellement. Du reste, elle en fait écho en enveloppant l’installation d’une ambiance sonore conçue par les musiciens Simon Trottier et Joël Vaudreuil, dont la boucle modulaire engage un certain mouvement dans l’expérience de l’exposition.
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L’artiste tient à remercier Joël Vaudreuil, Simon Trottier, Isabelle Guimond, Vincent Lafrance, Jean-Michel Leclerc, Alexia Laferté-Coutu, l’équipe d’Est-Nord-Est, les ateliers Port-Royal, L’Œil de Poisson, le Conseil des Arts et Lettres du Québec et le Conseil des Arts du Canada.
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