Vestiges du 19e siècle sous le site du poste de la Reine

Une équipe d’archéologues mandatée par Hydro-Québec s’affaire sur le site du plus ancien poste de transformation hydroélectrique au Canada. Au 13 septembre, leurs travaux avaient permis de mettre à jour les fondations de bâtiments témoignant du passé résidentiel et industriel du quadrilatère délimité par les rues Sagard, du Prince-Édouard, Monseigneur-Gauvreau et de la Reine.

Vestiges du 19e siècle sous le site du poste de la Reine | 30 septembre 2018 | Article par Jean Cazes

Vue d’ensemble du site de l’ex-poste de la Reine, direction nord. 13 septembre 2018. La fin des fouilles est fixée au 19 octobre.

Crédit photo: Jean Cazes

Une équipe d’archéologues mandatée par Hydro-Québec s’affaire sur le site du plus ancien poste de transformation hydroélectrique au Canada. Au 13 septembre, leurs travaux avaient permis de mettre à jour les fondations de bâtiments témoignant du passé résidentiel et industriel du quadrilatère délimité par les rues Sagard, du Prince-Édouard, Monseigneur-Gauvreau et de la Reine.

Menées depuis sept semaines sous la surveillance de l’archéologue d’Hydro-Québec Bertrand Émard, ces fouilles font suite au démantèlement du poste de la Reine, devenu désuet en 2016. Rappelons qu’il s’agissait d’une phase majeure de l’élimination de la ligne de transport Québec-Reine, avec ses pylônes qui auront encombré le paysage de la Basse-Ville durant plus de 90 ans.

Une « archéologie préventive »

En 2014, des sondages sur le terrain avaient déjà démontré le potentiel archéologique du site du poste de la Reine, destiné à être décontaminé dans les prochains mois en vue de son développement en conformité avec le Programme particulier d’urbanisme centre-ville – sud de Saint-Roch (PPU secteur sud).

« Hydro doit formuler des directives pour tout projet ayant un impact sur le sol, comme ici », explique d’entrée de jeu Bernard Émard.

On a consulté les archéologues de la Ville de Québec et la documentation du ministère de la Culture et des Communications. Puis nous avons superposé des cartes anciennes numérisées remontant jusqu’au 17e siècle. Nous étions donc très confiants que les vestiges de bâtiments observés sur les plans, en particulier les cartes du 19e siècle, soient en grande partie présents dans le sol – des vestiges antérieurs à l’installation du poste de la Reine en 1894 par la Montmorency Electric Power, relié à la centrale des chutes. Le plus vieux poste d’électricité du Canada, qui sera agrandi à quelques reprises », précise l’archéologue.

Une équipe d’archéologues à l’externe, chapeautée par Carl Castonguay, s’est vu confier la responsabilité des fouilles menées sous la surveillance de Bernard Émard.

On voit au bon déroulement du chantier : on parle d’archéologie préventive. Nous faisons tout notre possible pour ne pas trop leur nuire, si bien qu’on n’a pas perdu une heure de travaux, après cinq semaines ! » souligne fièrement l’archéologue d’Hydro-Québec.

Une ancienne savonnerie, des latrines d’une richesse insoupçonnée…

En jetant un coup d’oeil d’ensemble sur le site en direction nord, on peut distinguer trois grands lots : celui au centre à vocation industrielle, et les deux autres à vocation domestique, de part et d’autre sur les terrains acquis par la Montmorency Electric Power au fil des agrandissements de son poste jusqu’à la nationalisation en 1963.

Au début du 19e siècle, quelques maisons vont se bâtir sur le quadrilatère, rappelle Bertrand Émard. On a déjà retrouvé au moins cinq fondations du côté de la rue Monseigneur-Gauvreau qui correspondent aux plans du 19e siècle. Et en 1830 va s’installer une savonnerie avec sa fabrique de chandelles, essentielles avant l’arrivée de l’électricité. On pense bien en avoir trouvé les vestiges, bien visibles au centre du site.

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Autres témoins des habitations, les vestiges des latrines de leur arrière-cour recèlent ironiquement de « trésors » pour les archéologues…

Pour nous, les latrines sont des mines d’informations parce qu’elles servaient aussi de dépotoir. Deux cents ans plus tard, on y a trouvé des objets comme par exemple un pot de chambre, des pipes en kaolin, des bouteilles de médicaments ou de gin et des fragments de porcelaine. Tout ça va être analysé par notre équipe dans nos laboratoires du Centre de conservation du Québec, en vue du rapport final qui sera déposé au printemps », précise Bertrand Émard.

Enfin, l’archéologue souligne que quelques artefacts d’Hydro-Québec postérieurs à la nationalisation ont été amassés avant le démantèlement du poste de la Reine, en faisant la distinction entre « patrimoine archéologique et patrimoine technologique ». Des éléments tels « un panneau General Electric et un regard d’égout Québec Power », entreposés à Montréal, sont donc susceptibles d’alimenter les lieux d’exposition d’Hydro-Québec associés à ses barrages, à l’exemple de la Cité de l’énergie de Shawinigan.

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