Carrefour international de théâtre 2018 : retour sur nos coups de coeur dans Saint-Roch

Le rideau tombait vendredi soir dernier sur la 19e édition du Carrefour international de théâtre. On peut dire que les citoyens de la Basse-Ville ont été choyés par la programmation en salle, à défaut d’accueillir le populaire parcours déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant. Retour sur mes coups de coeur après deux semaines de ravissement culturel.

Carrefour international de théâtre 2018  : retour sur nos coups de coeur dans Saint-Roch | 12 juin 2018 | Article par Julia Gaudreault-Perron

Hamlet_director’s cut

Crédit photo: Benoît Beaupré

Le rideau tombait vendredi soir dernier sur la 19e édition du Carrefour international de théâtre. On peut dire que les citoyens de la Basse-Ville ont été choyés par la programmation en salle, à défaut d’accueillir le populaire parcours déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant. Retour sur mes coups de coeur après deux semaines de ravissement culturel.

Coup de coeur pour la participation du public

Qu’il s’agisse de la participation active des volontaires en réponse aux propositions de partage de Martin Schick pendant le spectacle Halfreadtechnique ou de la timidité rapidement dépassée lors de l’exécution des consignes des maîtres d’oeuvre du spectacle Nombre, le public du Carrefour s’est révélé cette année des plus enthousiastes et collaboratifs.

Pendant Nombre, quelle réjouissance de voir des inconnus se confier l’un à l’autre leur définition de la beauté ou leurs souvenirs d’enfance ! Ils ont ainsi tracé, sans le savoir, la trame du spectacle, qui a pris la forme d’un immense collage de toutes ces identités, de tous ces vécus.

Je me souviens que l’an dernier, lors de la discussion suivant la présentation du laboratoire de création, l’équipe de Nombre avait exprimé l’intention de créer ce contact plus intime entre les spectateurs de théâtre, traditionnellement assis côte-à-côte sans interaction. Mission accomplie, les filles ! En croisant les mêmes spectateurs à d’autres soirées du Carrefour, les discussions reprenaient et la complicité demeurait, signe que l’effet voulu avait persisté au-delà de la représentation.

Nombre
Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Coups de coeur humains

Cette volonté de partage et d’aménagement d’un espace intime s’est immiscée dans bien d’autres spectacles, rendant ces deux semaines de festival particulièrement riches sur le plan humain. Pensons à la première partie de la performance Non finito, où la charismatique Claudine Robillard procède à la déclinaison de tous les projets inachevés depuis son enfance, photographies et candeur à l’appui. Ou encore à la douce nostalgie dont nous enveloppent Les 7 doigts de la main à travers Réversible, qui évoque, sans raconter, les liens précieux avec nos aïeux et nos racines.

Mais si l’on doit nommer un coup de coeur ultime sur le plan humain concernant cette édition, il irait selon moi au spectacle Ici, présenté à titre d’activité satellite au Théâtre de la Bordée. Ma collègue Léa vous en parlait : sur scène, huit immigrants racontent leurs histoires de départ, d’arrivée, d’adaptation. On y décèle parfois la nostalgie de leur terre natale, parfois l’attachement à leur terre d’accueil, d’autres fois encore, le reflet de notre propre rapport à la différence. Tout au long du spectacle, une question persiste à travers ces voix multiples devenues unies : « C’est où chez nous? » Et pour celui qui accueille l’autre, Ici est l’occasion de toucher une fois de plus à la très actuelle question du vivre ensemble. Un spectacle nécessaire.

Coups de coeur scénographiques

Si quelques spectacles du Carrefour ont particulièrement capté mon attention sur le plan de la scénographie, c’est assurément Hamlet_director’s cut (photo à la une) qui sort du lot sur ce plan. À partir du jeu brillant et très physique de Marc Beaupré prennent forme, sur un tissu diaphane placé à l’avance de lui, les silhouettes caricaturales des personnages qu’il évoque en gestes. Un procédé scénographique habile et efficace pour nous faire vivre le monde intérieur troublé de ce Hamlet revisité, en plus d’offrir à l’oeil une oeuvre d’un grand esthétisme.

L’absence d’artiste ou même de scène pour Nombre sert elle aussi, assurément, l’intention du spectacle, entièrement construit à travers les consignes remises aux spectateurs, devenus eux-mêmes objets de la représentation. Le fait de ne jamais apercevoir les artistes conceptrices est sans doute la plus pertinente évolution de Nombre par rapport à la version laboratoire de l’an dernier.

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Côté scénographie, on ne saurait passer sous silence l’habile ballet des murs sur roulettes de Réversible, qui servent à la fois d’éléments de décor et d’accessoires aux acrobaties loufoques des circassiens.

Coup manqué

Par un malheureux concours de circonstances, j’ai manqué l’unique représentation du mystérieux chantier CREEPS. Malgré l’heure tardive et la météo peu incitative, le chantier a su attirer la foule. Si bien que de nombreux spectateurs ont dû retourner bredouilles sous la pluie battante, alors que la salle a rapidement atteint sa pleine capacité. Heureuse nouvelle pour les concepteurs, toutefois, qui ont pu en dérouter plus d’un avec les textes sordides et les performances troublantes autour du thème de l’horreur.

« Très trash », m’a-t-on confirmé, alors que je me désolais de n’avoir pu le constater moi-même. Saluons d’ailleurs le choix des créateurs d’avoir présenté le tout aux Ateliers du Réacteur, dont le caractère sombre et industriel servait bien l’ambiance glauque de la soirée.

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