Une dizaine de jours après l'annonce de la fermeture définitive du Haricot Magique, la tristesse et la frustration sont toujours palpables chez les membres de la coopérative. Le choc est dur à encaisser, la pilule plus difficile à avaler, alors qu'une garderie en milieu de travail de l'industrie des jeux vidéo ouvrira le mois prochain dans l'ancienne épicerie zéro déchet de Saint-Roch. Ce projet de 1,4M$ bénéficie d'une subvention municipale de 250 000$.
Une fin « frustrante » pour le Haricot Magique
Une dizaine de jours après l’annonce de la fermeture définitive du Haricot Magique, la tristesse et la frustration sont toujours palpables chez les membres de la coopérative. Le choc est dur à encaisser, la pilule plus difficile à avaler, alors qu’une garderie en milieu de travail de l’industrie des jeux vidéo ouvrira le mois prochain dans l’ancienne épicerie zéro déchet de Saint-Roch. Ce projet de 1,4M$ bénéficie d’une subvention municipale de 250 000$.
Les membres du Haricot disent avoir appris que l’épicerie ne pourrait demeurer dans l’immeuble de la rue Saint-François qu’en juin dernier, son rachat remontant à l’automne 2022. A priori, à ce moment, ceux-ci y voyaient même la possibilité « de faire le service-traiteur pour la garderie », quand la nouvelle propriétaire leur a annoncé ce projet.
« Tout ça se savait depuis longtemps et on nous a tenu dans l’ignorance jusqu’au boutte… pis après ça, ç’a été ”vite, vous devez partir” », dénonce la cofondatrice Myriam-Romy Lachance.
Toujours selon leurs dires, l’été dernier, les membres ont donc « appris que le Haricot Magique devait quitter » les lieux en décembre. 20 000$ en compensation et trois mois de loyer gratuits ont aussi été offerts.
« Nous, on a réussi à étirer la sauce [jusqu’au 1er mars], mais c’est impossible de relocaliser un commerce en moins de six mois », regrette une ancienne membre travailleuse et administratrice, Aliénor de Warenghien.
La fondatrice du Haricot déplore avant tout « une absence de considération politique quant aux difficultés rencontrées par la coopérative dans les dernières années ». D’ailleurs, ses membres rappellent « pourtant avoir envoyé une lettre d’appel à l’aide ».
« Il y avait déjà un projet en place, une coopérative, on avait besoin d’aide et personne n’a donné suite », rapporte Mme Lachance.
Les membres ne conçoivent pas non plus s’être fait dire « qu’on ne faisait rien pour s’aider ».
« Ce qui m’a fait beaucoup de peine, c’est qu’on nous a accusé de manquer de volonté », se désole Mme de Warenghien.
« Mais on a tout donné pour le Haricot… »
Un autre ancien membre travailleur à la coopérative se dit quant à lui « zéro supris » par la tournure des événements, jugeant cependant que la manière dont les choses se sont terminées est « triste ».
« Je trouve ça plate. J’aimais les gens avec qui je travaillais et la communauté qu’on était en train de créer », exprime Matthieu Bussière, qui estime que le projet de garderie de l’entreprise actionnaire Nine Dots Studio « ne va que profiter qu’à une élite de Saint-Roch ».
Épuisement
Des « conditions de travail épouvantables »; des salaires de 16,50$/h, des semaines de 60 heures où « je me versais maximum 25-30 heures » : cette belle épicerie aux valeurs écologiques « ne pouvait pas continuer comme ça », a convenu Aliénor de Warenghien.
« Après, plus les choses avançaient, plus on se rendait compte que les choses étaient impossibles. C’est ça l’affaire aussi, on était fatigués, un peu tendus. Donc, d’imaginer ce projet-là, en plus de manquer de personnel, c’était beaucoup de choses en même temps », résume celle-ci.
« Après du recul, pour moi, c’est un soulagement que ça soit fini. »
Myriam-Romy Lachance Lachance ressort, de son côté, « vraiment déçue de toute cette histoire-là. », ayant même remis sa démission, en raison d’un burnout lié à toutes les mésaventures vécues par la coopérative. Malgré tout, cette dernière « n’a jamais été capable de se détacher du Haricot ».
« Ça vient me chercher (…) C’est injuste. »
« On a bâti ça à partir de rien. J’y ai mis toutes mes économies, et mes économies, c’était 6 000$… »
Depuis l’annonce de la faillite de la coopérative le 26 mai, les messages de soutien abondent envers le Haricot, un endroit, qui, au-delà d’être une épicerie, était « un lieu où les gens se demandaient comment ils allaient ».
« J’ai reçu des montagnes de courriels. Je n’ai pas encore eu le temps de répondre à tout le monde. Les gens sont vraiment tristes qu’on ne soit plus là », constate Mme de Warenghien.
«Il y avait vraiment un lien très fort entre nous », décrit cette membre du conseil d’administration et travailleuse de la coopérative fondée en 2017 par Myriam-Romy Lachance et Marc Hébert.
Un projet positif « à plusieurs égards », affirme la Ville
Le 10 mai, la Ville de Québec annonçait ainsi le versement d’une subvention maximale de 250 000$ à l’entreprise Les Petits Pixels, pour la mise en place d’une garderie en milieu de travail, l’entreprise s’étant qualifiée dans le volet Attraction et rétention de talents de sa Vision entrepreneuriale.
L’administration municipale soulignait alors que le projet répond en outre aux orientations de sa stratégie de développement durable, en plus « de contribuer à l’attractivité et la vitalité du quartier», « la garderie offrant des places aux [gens] résidants à proximité ».
Dans un communiqué, le responsable du développement économique au comité exécutif, David Weiser, y déclarait que cette aide financière « permet non seulement d’offrir un service précieux aux employés d’une industrie primordiale pour Québec, mais également d’offrir des places supplémentaires en garderie au centre-ville, ce qui fera le bonheur des jeunes familles assurément ».
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506, rue Saint-François Est, Québec (Québec), G1K 2Z4
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