Une exposition sur la figure de la grand-mère au centre Ahkwayaonhkeh

Le centre d'artistes Ahkwayaonhkeh accueillera, du 10 mai au 16 juin prochain, l’exposition Tho ihchien’ ha’yeht hewetha’ de ändichia’ - Je marche vers toi grand-mère. Ni motan kimeskanamik kokom - Je marche dans tes pas grand-mère.

Une exposition sur la figure de la grand-mère au centre Ahkwayaonhkeh | 2 mai 2024 | Article par Olivier Alain

Anne Ardouin, Je pense à la rivière, à celle que j’étais, à celle que je deviens, 2024

Crédit photo: Gracieuseté de l'artiste

Le centre d’artistes Ahkwayaonhkeh accueillera, du 10 mai au 16 juin prochain, l’exposition Tho ihchien’ ha’yeht hewetha’ de ändichia’ – Je marche vers toi grand-mère. Ni motan kimeskanamik kokom – Je marche dans tes pas grand-mère.

Anne Ardouin et Eruoma Awashish présenteront chacune une série d’œuvres, en dialogue, inspirées par la figure de la grand-mère et la notion de transmission. Réunies pour la première fois dans un contexte professionnel au centre d’artistes situé à la coopérative Méduse, les deux artistes se connaissent toutefois depuis plus de 30 ans.

En 1994, Anne Ardouin se rend pour la première fois à Opitciwan. Elle y est invité pour produire un documentaire portant sur les adolescents de la communauté. C’est à ce moment qu’elle rencontre Eruoma qui n’a alors que 13 ans.

 « Je l’ai vu évoluer au fil des années et maintenant c’est une artiste qui rayonne », explique Anne.

Lorsque le centre d’artistes Ahkwayaonhkeh l’a approché pour monter une exposition et lui a proposé d’inviter une autre artiste,  elle a tout de suite pensé à Eruoma. Les deux artistes se réjouissent de pouvoir partager cette expérience ensemble.

« Anne, c’est comme une grande sœur, c’est drôle de collaborer ensemble en tant que collègue », lance Eruoma, maintenant établie au Pekuakami (Lac-Saint-Jean) près de son lieu de travail à Mashteuiatsh.

Deux univers qui se rejoignent

Le titre de l’exposition se présente en deux temps. Je marche vers toi grand-mère témoigne de la démarche d’Anne Ardouin. N’ayant pas connu sa grand-mère paternelle, elle tente de rétablir cette cassure dans la transmission et de renouer avec une partie de son identité. À travers une série de neuf dessins représentant des paysages, l’artiste explore les structures du territoire.

« J’aime beaucoup être en silence, me recueillir, regarder au loin. Quand je reviens à la maison c’est dans ma mémoire. Le geste revient », explique-t-elle.

Les dessins sont faits de mémoire et sont le résultat de gestes spontanés. Un court texte accompagne les œuvres. Les visiteurs pourront également observer les poupées de maïs fabriquées par l’artiste pour « honorer les chemins de ses ancêtres et ceux des femmes qui marchent à travers les rivières jusqu’aux océans ».

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Crédit photo: Anne Ardouin

Je marche dans tes pas grand-mère

La deuxième partie du titre de l’exposition, Je marche dans tes pas grand-mère, décrit la vision d’Eruoma Awashish. Ayant grandie auprès de sa grand-mère, l’artiste puise son inspiration dans la relation entretenue avec elle. Dans les enseignements qu’elle a pu tirer de son aïeule.

« La transmission se fait différemment chez les peuples autochtones. C’est beaucoup par l’observation et à travers les silences que tout à coup on se souvient et on s’imprègne des choses », explique Eruoma.

Plusieurs années après le décès de sa grand-mère, l’artiste continue d’apprendre d’elle. « Certains enseignements remontent et refont surface, et je comprends de nouvelles choses », confie-t-elle.

Les œuvres présentées par l’artiste se construisent autour de plusieurs symboles rattachés à sa grand-mère. Elle explique s’être inspirée d’un foulard lui ayant appartenu et qui a été numérisé. Elle y a ensuite découpé des fleurs pour en faire une sorte de couronne, une auréole. Un symbole catholique qu’Eruoma se réapproprie par sa pratique artistique.

« Dans la culture autochtone, le sacré est accessible à tout le monde et est présent dans tous les petits gestes du quotidien […] qui deviennent des gestes spirituels et sacrés pour honorer la vie des êtres vivants qui nous permettent de survivre. C’est pour ça que je mets des auréoles un peu partout :  sur des plantes, des animaux… »

Eruoma Awashish, Kokom (Éd. 7/7), 2006.
Crédit photo: Gracieuseté de l’artiste.

En s’appropriant ce symbole catholique, Eruoma le transforme et l’associe au symbole du cercle qui représente l’interconnexion et l’interdépendance des choses et des être vivants. Elle donne au sacré une dimension universelle, qui rompt en quelque sorte avec l’idée du sacré catholique, qu’elle perçoit comme s’adressant à une élite.

Un vernissage aura lieu le 10 mai dès 17h pour lancer l’exposition. Les deux artistes  seront présentes pour discuter de leur travail.

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