Prophétique (on est déjà né.es) : comme une grande fête

C’est en 2015, lors d’un voyage à Abidjan, que la chorégraphe et metteuse en scène, Nadia Beugré, a eu l’idée de ce spectacle. Sortie des profondeurs de la contre-culture ivoirienne, cette création collective réunit des membres de la communauté transgenre et non binaire dans une sorte de fête extatique et cathartique. Coiffeuses de jour et danseuses de nuit, les interprètes de Prophétique ont le rythme dans la peau et expriment avec éclat la nature de leur identité.

<em>Prophétique (on est déjà né.es)</em> : comme une grande fête | 25 mai 2024 | Article par Hélène Laliberté

La pièce Prophétique (on est déjà né.es) est présentée une dernière fois à La Bordée ce samedi 25 janvier, à 15h.

Crédit photo: Werner Strouven

C’est en 2015, lors d’un voyage à Abidjan, que la chorégraphe et metteuse en scène, Nadia Beugré, a eu l’idée de ce spectacle. Sortie des profondeurs de la contre-culture ivoirienne, cette création collective réunit des membres de la communauté transgenre et non binaire dans une sorte de fête extatique et cathartique. Coiffeuses de jour et danseuses de nuit, les interprètes de Prophétique ont le rythme dans la peau et expriment avec éclat la nature de leur identité.

Une célébration de la liberté

Ce spectacle performance démarre en force avec des musiques endiablées, destinées à attiser et à provoquer la réaction du public, ce qui en soi est réussi. Le plateau reproduit un salon de coiffure avec les touffes de poils qui jonchent le plancher, les perruques de cheveux tressés et les tentures éclatantes qui colorent l’espace de la scène. Les longs fils qui pendent des cintres et qui servent à confectionner les tresses s’imposent comme une métaphore des choix effectués par les artistes dans l’extériorisation de leur existence.

L’intention de Beugré était de célébrer la joie de bouger et de vivre, de donner la possibilité à cette communauté africaine sollicitée de jour et rejetée de nuit de s’exprimer librement à travers le voguing, un style de danse urbaine né dans les années 1970 dans les clubs gays fréquentés principalement par les Afro et Latino-américains. D’ailleurs, l’énergie qui se dégage de la production rappelle celle des spectacles de cette époque alors que les jeunes, qui formaient la masse critique de la société, cherchaient par la musique, le mouvement et la prise de parole à s’extirper du conformisme de leurs aînés.

Se sentir femme

Ici, la prise de parole demeure ténue tout au long du spectacle, hormis des phrases comme : « Vous ne pourrez pas nous oublier parce qu’on est déjà né.es ». Ou des confidences avortées comme celle de cette artiste qui enflamme l’imagination en interrogeant le public sur le sort d’une femme transgenre dans une prison pour hommes. Ou de courtes réflexions comme celle exprimée par un danseur qui se demande comment concilier le fait d’avoir un pénis et de se sentir femme. Mais être femme ne se résume pas à porter des bas résille et des tenues chatoyantes, à se coiffer, se maquiller et se déhancher. Cette représentation de la femme ne relève-t-elle pas davantage d’une vision masculiniste que féministe ?

Quoi qu’il en soit, c’est principalement autour du mouvement que la metteuse en scène a choisi d’axer cet univers et la gestuelle s’avère, à bien des égards, terriblement éloquente. La scène des aboiements, qui débute à l’apothéose du Boléro de Ravel, pour exprimer la stigmatisation dont sont victimes celleux qu’on surnomme « les folles » en est un exemple percutant.

Le spectacle Prophétique présage-t-il un changement de ligne dans le futur ? Pour le moment, bien qu’il circule depuis un an en Europe et en Amérique, les artistes ne voient pas encore le jour où il prendra l’affiche en Afrique.

Une dernière représentation de la pièce Prophétique (on est déjà né.es) sera présentée au Théâtre de la Bordée ce samedi 25 mai 2024, à 15h, dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Des billets sont disponibles en suivant ce lien.

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