Mêler le cinéma et l’apprentissage du français : Ciné-cours à la Bibliothèque Gabrielle-Roy

Spira présente des Ciné-cours à la Bibliothèque Gabrielle-Roy. Ce projet de médiation culturelle peut être considéré à la fois comme un cours de francisation et de divertissement. Le grand public peut d'ailleurs se joindre aux élèves en cours de francisation.

Mêler le cinéma et l’apprentissage du français : Ciné-cours à la Bibliothèque Gabrielle-Roy | 24 octobre 2024 | Article par Anne Charlotte Gillain

Le Ciné-cours de Spira à la Bibliothèque Gabrielle-Roy est une trousse de francisation accessible au grand public, avec un horaire dans la bibliothèque.

Crédit photo: Spira

Spira présente des Ciné-cours à la Bibliothèque Gabrielle-Roy. Ce projet de médiation culturelle peut être considéré à la fois comme un cours de francisation et de divertissement. Le grand public peut d’ailleurs se joindre aux élèves en cours de francisation.

Organisée par la coopérative Spira, la prochaine séance des Ciné-cours aura lieu ce jeudi à 18h30, à la Bibliothèque Gabrielle-Roy. L’accès est gratuit.

Cette séance est déjà complète, mais il est encore possible de réserver sa place en ligne sur le site web de la bibliothèque pour les prochains cours. Pour le moment, ces derniers se donneront les 5 et 12 novembre, ainsi que les 4 et 10 décembre. Tout le monde peut y participer.

« Lancés le 10 octobre, les Ciné-cours, c’est la trousse de francisation accessible au grand public et avec un horaire dans la bibliothèque », avance Catherine Breton, coordonnatrice au développement artistique chez Spira.

En pratique, Spira invite à chaque Ciné-cours un groupe d’une école ou d’un OBNL offrant des cours en francisation, afin de donner le cours en parallèle et visionner un film.

« Les gens s’installent et regardent le film avec du popcorn. Par la suite, l’enseignant en francisation prend le relais [… ] », souligne-t-elle.

Par exemple, il y a parfois un jeu sur les expressions québécoises, mais aussi des discussions plus sérieuses.

Les origines du projet

« Au départ, la genèse des Ciné-cours vient d’un projet proposé par la journaliste Pascale Guéricolas. Elle a vécu l’expérience de l’immigration. en étant d’origine française. Elle voulait nous proposer un projet d’installation », explique Mme Breton.

Il s’agissait de l’exposition Voisins, voisines d’ailleurs présentée entre le 28 octobre 2021 et le 23 janvier 2022, au Musée de la civilisation.

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« Le projet était une collaboration avec le Musée de la civilisation et deux cinéastes membres de Spira, dont Clarissa Rebouças, d’origine brésilienne, et Felippe Martin, d’origine colombienne, ayant eux-mêmes vécus l’immigration. Le but de l’exposition était de montrer que chaque personne qui immigre au Québec a un parcours différent », raconte-t-elle.

« On mettait l’accent sur chacun des parcours et chacune des raisons [… ] »

Le trio a récolté ensemble des témoignages présentés à travers des vidéos et une installation pour décrire tout le processus d’immigration.

« Chez Spira, on trouvait ça dommage de faire un projet en médiation culturelle, de créer encore une fois une communauté, de tisser des liens et puis que tout ça s’arrête à la fin du projet. On se demandait comment on pouvait toujours alimenter, nourrir ces liens-là et être un peu en lien avec les personnes des différentes communautés », relève-t-elle.

Ainsi, le projet des Ciné-Cours s’est construit progressivement. Cette initiative est financée par le ministère de la Culture et des Communications.

Entre francisation et divertissement pour ouvrir le débat

La coopérative Spira possède un catalogue de 400 films.

Les films de 15-20 minutes sont un format idéal dans une salle de classe, d’après Catherine Breton. Ils donnent aussi la possibilité d’ouvrir la discussion sur une diversité de sujets.

« Tous les enseignants des écoles en francisation peuvent utiliser la trousse de francisation. Les Ciné-cours, c’est un moyen de rendre ça accessible au grand public », précise la coordonnatrice Catherine Breton.

Selon elle, le cinéma a plusieurs vertus, puisque cet art permet de prendre la parole et défendre des idées, entre autres.

« On s’est dit aussi que ce serait super utile en francisation. On a donc approché le Centre Louis-Jolliet pour demander s’il y aurait une possibilité qu’ils puissent faire quelque chose avec nos films », raconte-t-elle.

Des outils d’apprentissage existent pour cinq films pour la trousse de francisation Spira.

« Ces outils proposent des exercices pour apprendre le français, mais avec pour objectif d’encourager les personnes à s’exprimer, à partager leur expérience ou ce qu’elles ont compris », avance Mme Breton.

Par exemple, on retrouve le film très caractéristique au territoire Les sentiers battus par Guillaume Harvey, un cinéaste du Saguenay. Un après-midi avec Paolo, d’Annabelle Lavoie, traite des aînés placés en CSHLD. Seule, par Mélanie Charbonneau, et Cayenne, par Simon Gionet, abordent des enjeux féministes.

Une note de sécurisation culturelle est inscrite pour le film Cayenne, puisque « ses enjeux pourraient susciter certains malaises chez certaines personnes ».

« Dans Cayenne, il n’y a pas d’enjeux de violence ou d’agression, mais une espèce de menace plane […]. Ça ouvre la discussion sur le fait de travailler de nuit en tant que femme », ajoute-t-elle.

« Durant son quart de travail de nuit dans une station-service, une commis s’aventure à l’extérieur pour réparer la voiture d’un homme dont les intentions lui inspirent de moins en moins confiance », peut-on lire dans le résumé du film sur le site web de Spira.

« Les enseignants en francisation ont choisi Avant l’automne, de Sarah Baril Gaudet, pour sa difficulté et la beauté du film.  On ne voit que des paysages au Témiscamingue, mais on entend la narration des jeunes à la fin du secondaire qui se posent la question s’ils vont s’exiler en ville pour aller étudier ou s’ils vont rester », relève Mme Breton.

« Pour la francisation, il faut être très attentif à l’audio, parce qu’on ne peut pas lire les expressions du visage ou le langage du corps. »

D’autres séances de Ciné-cours devraient avoir lieu jusqu’en avril. Les horaires sortiront ultérieurement.

« Le gouvernement Legault doit mieux financer la francisation. Cette année, on accueille des immigrants plus que jamais. Ce serait l’fun de leur dire bienvenue d’une belle façon », conclut Catherine Breton.

Cet article a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local

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