Le logement pour faire reculer l’itinérance

Le recueil Des logements qui font reculer l'itinérance démontre que des projets novateurs au Québec permettent de sortir des personnes et des familles vulnérables de la rue, grâce à une stabilité résidentielle appuyée par un soutien communautaire.

Le logement pour faire reculer l’itinérance | 27 novembre 2024 | Article par Thomas Verret

Le lancement à Québec du recueil Des logements qui font reculer l’itinérance a eu lieu mardi soir au café de PECH. Sur la photo, deux membres du comité de rédaction, soit le coordonnateur de Logemen’occupe, François Roy, et l’organisateur communautaire Pierre Gaudreau.

Crédit photo: Thomas Verret

Le recueil Des logements qui font reculer l’itinérance démontre que des projets novateurs au Québec permettent de sortir des personnes et des familles vulnérables de la rue, grâce à une stabilité résidentielle appuyée par un soutien communautaire.

Ce nouveau recueil présente 14 initiatives porteuses dans la province, incluant celles du Programme d’encadrement clinique et d’hébergement (PECH) et du Centre résidentiel et communautaire Jacques-Cartier (CJC), deux organismes du quartier Saint-Roch.

« Ce qu’on observe à Gatineau, c’est que la nouvelle génération d’intervenants et d’intervenantes ne voit pas d’issue au niveau de la lutte à l’itinérance. Puis, une grande partie des efforts sont faits pour l’urgence, la transition ou les campings. On voulait donc montrer qu’il y a un avenir plus radieux et que ça passe par le logement », soutient en entrevue le coordonnateur de Logemen’occupe, François Roy, qui a instigué le projet.

Aux yeux du directeur général de PECH, Benoît Côté, la stabilité résidentielle avec accompagnement est « la seule façon pour réduire l’itinérance ».

« Ajouter des places d’hébergement d’urgence ne règle rien. Ça ne fait qu’ajouter des gens dans l’espace public, puis qui restent dans l’itinérance. »

À ce jour, PECH a intégré en logement 800 personnes itinérantes, des gens avec des traumas multiples, notamment des enjeux de consommation ou de santé mentale. « Ce sont toutes des personnes qui seraient encore dans la rue aujourd’hui si on n’était pas là », avance le DG Benoît Côté.
Crédit photo: Thomas Verret

Logement social

Dans l’immeuble de PECH sur le boulevard Charest, il y a 77 logements subventionnés et un centre d’activités ouvert à la communauté. Comme dans les HLM, les locataires bénéficient d’une subvention faisant en sorte qu’ils ne paient pas plus que 25% de leurs revenus pour se loger.

« Avec l’accompagnement de nos intervenants, on réussit à intégrer en logement des personnes itinérantes chroniques qui ont plus de deux ans d’itinérance dans le corps », souligne M. Côté.

PECH dispose d’autre part de 68 places en ressources d’hébergement transitoire. Au courant de l’été, l’organisme ajoutera cinquante logements sociaux dans un nouvel édifice de la rue Caron. Cela portera à 200 le nombre de logements dont il est propriétaire.

Pour sa part, le Centre résidentiel et communautaire Jacques-Cartier (CJC) offre à une jeune clientèle itinérante 27 logements à coût modique, avec un accompagnement personnalisé. L’organisme du boulevard Langelier propose aussi toutes sortes d’activités.

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« Ce sont des opportunités d’expérimentation dans lesquelles les jeunes peuvent développer leurs compétences pour soutenir leur projet de vie », explique la coordonnatrice à la formation, Clémentine Ogier.

Trois agents de formation du CJC, Sébastien Dubé, Clémentine Ogier et Martin Morin. En plus du volet communautaire, les jeunes contribuent à la vie associative de leur milieu de vie. « Les personnes ont un droit de regard sur les règlements d’immeuble ou la sélection des locataires, par exemple, elles sont impliquées dans la prise de décisions », mentionne Mme Ogier.
Crédit photo: Thomas Verret

Marché privé

Chez PECH, le Programme de supplément au loyer (PSL) a aussi permis, depuis 2016, à 400 personnes itinérantes d’habiter dans des logements locatifs privés en payant un loyer similaire à celui d’un HLM.

« Il y a plein de façons d’intégrer des personnes en logement, on n’est pas obligé de tout le temps construire », rappelle le directeur Benoît Côté.

À Québec, Clés en main travaille avec des organismes référant comme PECH pour aider des personnes marginalisées à se loger. L’organisme compte 23 partenaires en santé mentale et itinérance. Son programme intersectoriel favorise ainsi l’accès au logement par l’entremise d’ententes avec des propriétaires privés, des OBNL en habitation et des maisons de chambre supervisées.

400 locataires utilisent actuellement les mécanismes d’entente de Clés en main, avec un taux de stabilité résidentielle de 95%.

Le maintien au logement

Toutefois, selon son directeur, « un toit sur la tête, ça ne règle pas tout ».

« Il faut absolument que le soutien soit là et que ce soit le bon timing pour la personne, pour ne pas qu’elle tombe en échec tout de suite. On travaille finalement beaucoup sur le projet de vie de la personne », ajoute Mario Bousquet.

L’organisme vient de recevoir 73 demandes pour des logements subventionnés et procédera à un processus de sélection.

« Les subventions sont au rendez-vous, mais il faut étudier chacune des demandes pour s’assurer qu’il n’y a pas de risque pour la personne », précise M. Bousquet.

Message aux gouvernements

Ce recueil vise également à sensibiliser les décideurs publics à la nécessité d’investir davantage dans le logement, alors qu’une crise de l’itinérance frappe la province.

C’est ce que fait valoir l’organisateur communautaire, Pierre Gaudreau, de Québec. Celui-ci fait partie du comité de rédaction en compagnie du coordonnateur de Logemen’occupe, François Roy, et d’une professeure à l’école de travail social de l’UQAM, Mélissa Roy.

« Il ne faut pas punir les gens parce qu’ils sont dans la rue, il faut leur offrir du logement », plaide M. Gaudreau.

« Ça prend plus de budget pour du logement social et soutenir le travail qui se fait dans le marché privé. »

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