Le mythique bar Le Scanner est à vendre

Le bar Le Scanner, haut-lieu de la culture alternative et underground de la rue Saint-Vallier Est, est à vendre. Normand Tessier, propriétaire depuis 28 ans, arrive à l'âge de la retraite et souhaite se consacrer à d'autres projets. Le tenancier n'est toutefois pas si pressé de céder les clés de son mythique établissement.

Le mythique bar Le Scanner est à vendre | 31 juillet 2024 | Article par Julie Rheaume

La devanture du bar Le Scanner, le 30 juillet.

Crédit photo: Julie Rheaume

Le bar Le Scanner, haut-lieu de la culture alternative et underground de la rue Saint-Vallier Est, est à vendre. Normand Tessier, propriétaire depuis 28 ans, arrive à l’âge de la retraite et souhaite se consacrer à d’autres projets. Le tenancier n’est toutefois pas si pressé de céder les clés de son mythique établissement.

Le Scanner est un véritable temple de la culture alternative dans le quartier Saint-Roch depuis 28 ans. On y présente des spectacles les vendredis et samedis (qui font toutefois une pause pour l’été). La faune qui le fréquente est aussi diversifiée.

Une annonce publiée sur le site immobilier Centris à l’effet que Le Scanner était à vendre a donc attiré notre attention. Monquartier a fait le point avec le propriétaire Normand Tessier, lors d’une entreuve.

« Je vais avoir 65 ans (le 4 août) alors je vais prendre ma retraite. Ça fait pratiquement 50 ans que je travaille dans le milieu des bars. À l’époque, quand j’étais jeune, c’était les brasseries », dit M. Tessier pour expliquer sa décision.

L’homme, qui a écrit le roman Les mystères de Champlain, aimerait se consacrer à l’écriture d’un deuxième livre. « C’est beaucoup d’ouvrage » et beaucoup de recherches! L’idée d’acheter une petite terre à bois et un chalet lui trotte aussi dans la tête.

« Même si je ne vends pas le bar, je vais sûrement (acheter la terre à bois et le chalet). Ça va être un projet de retraite.»

Car Normand Tessier n’est pas pressé de vendre Le Scanner. « Je pense que je ne vendrai pas avant 2025, car il y a les taux d’intérêt qui commencent à descendre ».

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Normand Tessier devant l’affiche et la jaquette de son livre.
Crédit photo: Julie Rheaume

Pas de conditions

Le proprio n’a pas établi de conditions quant à la vente de son établissement. Il cite en exemple des tenanciers de Limoilou et de la rue Saint-Jean qui auraient récemment vendu leurs établissements respectifs à la condition que les repreneurs en respectent l’esprit original.

Celui ou celle qui mettra la main sur Le Scanner n’aura pas à respecter la vocation originale du bar.

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« Écoute, c’est un gros investissement… Je me mets à la place de l’acheteur : ”je veux faire ce qui me ressemble”… Si lui ne veut pas continuer la formule underground, il peut la changer », soutient M. Tessier.

Concept clés en main

La décision de vendre Le Scanner n’est pas motivée par des affaires à la baisse, soutient M. Tessier.

« Ce n’est pas parce que le bar ne vas pas bien. Le bar  va super bien encore (…). Tu peux voir comment il est bien entretenu », précise-t-il. La plomberie, les système des fûts et de la caisse ont notamment été changés. Des travaux d’insonorisation ont aussi été réalisés.

Le bar est également tout équipé, en plus de jouir de permis d’alcool pour les deux étages, de spectacles, de danse et pour la nourriture, affirme-t-il. « Ça, ç’a une grosse valeur aussi », dit-il au sujet de ces précieuses autorisations.

« Celui qui veut acheter, s’il veut garder la même formule, il n’y pas d’investissements à faire. Il arrive, tout est fait. »

M. Tessier compte aussi sur une équipe fidèle (gérante, personnel de bar, technicien de son et booker de spectacles) qui pourra être embauchée par l’éventuel nouveau proprio.

Le prix demandé est de 1 100 000$ pour deux étages et le fond de commerce. M. Tessier est propriétaire de ses locaux situés dans deux condos commerciaux, sur deux niveaux.

« Les condos, je les vends au prix du marché (…). Le deal, le fond de commerce, je le vends pour 350 000$. C’est vraiment pas cher. À
350 000$, tu te pars même pas une tabagie!. »

Être propriétaire de ses locaux, surtout lorsqu’ils sont sur deux étages et que le bar possède une terrasse extérieure, a ses avantages. Ça évite à la personne qui opère dans un tel espace de payer un loyer mensuel salé que M. Tessier estime dans le secteur à « 15 000$ ».

Quelques acheteurs potentiels se sont pointés, mais pour plusieurs, obtenir l’argent pour le fond de commerce et la mise de fond pour les condos reste problématique.

Souvenirs et clients fidèles

En 28 ans, certains clients sont-ils restés fidèles au Scanner? « Tout le monde revient au Scanner, tout le monde! »

Il y a des gens qui sortaient dans les bars à 20 ans, mais tombent ensuite en amour et ont des enfants, mais « lorsqu’ils passent dans le coin », ils vont revenir, lance Normand Tessier  « Ils se sentent toujours à la maison. »

«  C’est vrai que j’ai un bar un peu underground, mais j’ai une clientèle extrêmement éclatée. j’ai des punks, j’ai des métalleux, j’ai des personnes trans… J’ai tous les genres! Et les bands! Les bands attirent une clientèle qui ne sort pas nécessairement au Scanner. Alors, ils trouvent ça cool! ».

La clientèle « se régénère » au fil du temps tout en restant « la même ». Elle est composée en moyenne de gens de 20 à 30 ans, avec des personnes un peu plus âgées, dont certaines fréquentent le bar « depuis 15 ans ».

Groupes musicaux

Les groupes qui y ont joué et leurs fans de l’extérieur, quand ils reviennent à Québec, ont aussi le goût de revenir au Scanner,
dit M. Tessier.

Il a accueilli des groupes québécois et canadiens, mais aussi des formations étrangères, du Mexique ou du Japon, par exemple. « Tout le monde adore jouer ici! »

Normand Tessier a plein de souvenirs liés aux groupes qui ont joué au Scanner depuis 28 ans. Certains sont désormais « trop gros » pour revenir sur les planches du son bar. Il cite en exemple Les Goules et le leader de cette formation de Québec, Keith Kouna.

« Keith Kouna, je ne suis plus capable de l’avoir! Il a un gérant et il remplit l’Impérial. Quand il finit de jouer (…), il vient prendre une bière ici. »

Avenir du secteur

Tout juste en face du bar, dans ce qui était un stationnement, le projet de l’Îlot Dorchester, mené par le groupe Trudel, devrait se déployer d’ici 2027. On y trouvera notamment près de 400 logements, un hôtel, un supermarché et des commerces, ainsi qu’un édifice de 20 étages.

Normand Tessier voit le tout d’un bon œil. L’arrivée de nouveaux résidents, touristes et commerces permettra de dynamiser le secteur.

Le Scanner est actuellement entouré de bureaux. Lorsque la pandémie a frappé et que le télétravail s’est installé pour se prolonger bien au-delà de la crise sanitaire, la clientèle de 5 à 7 a chuté, même si celle de soir est au rendez-vous. La venue de nouvelles personnes dans le coin permettra entre autres de donner du pep au « shift de jour », croit M. Tessier.

« Ça change complètement toute la dynamique » du secteur, soutient Normand Tessier, en parlant de ce mégaprojet immobilier. Tous les commerces, tous les bâtiment, ça va doubler de valeur d’ici cinq ans ».

À son avis, il s’agira donc d’une bonne affaire pour le futur acheteur du Scanner!

Bar le Scanner, Centris, Immobilier
L’intérieur du Scanner, au rez-de-chaussée.
Crédit photo: tirée du site Centris.ca

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