Autour d’une grande table de conférence équipée de microphones et de caméras, quatre résidents de la région de Québec se réunissent pour échanger et débattre sur des sujets sensibles dont les enjeux enflamment les esprits.
L’Assemblée Québec : un théâtre documentaire participatif
Autour d’une grande table de conférence équipée de microphones et de caméras, quatre résidents de la région de Québec se réunissent pour échanger et débattre sur des sujets sensibles dont les enjeux enflamment les esprits.
Politique, économie, identité, immigration, féminisation en passant par la religion, l’avortement, le tramway et le wokisme, les langues se délient et les idées s’affrontent.
Un concept dramaturgique original
L’Assemblée est un concept dramaturgique original élaboré par la compagnie montréalaise Porte Parole, laquelle crée des pièces de théâtre documentaire qui traitent de réalités contemporaines et plongent les spectateurs au cœur de débats sociétaux. « Depuis 2017, Porte Parole se pose de ville en ville et recrute, à chaque escale, quatre citoyens aux parcours et aux opinions divergentes. Le temps d’un repas, ceux-ci discutent de ce qui les divise. À partir du verbatim de ces échanges, Porte Parole bâtit une pièce-débat unique, qui est interprétée sur scène par des comédiens professionnels. »
Après Montréal (en français et en anglais), Kaunas (en lituanien), Sao Paulo (en portugais), Munich (en allemand) et l’Université du Maryland, la série s’installe dans la Capitale. La pièce y est présentée en coproduction avec la compagnie de Québec Nous sommes ici, qui crée « un théâtre événementiel et relationnel, entre documentaire et autofiction, dans un esprit participatif et performatif » et le Théâtre de la Bordée, qui a jadis accueilli J’aime Hydro, une des œuvres phare de la compagnie Porte Parole.
Texte, mise en scène et interprétation en osmose
Les auteurs Alex Ivanovici et Brett Watson ont façonné, à partir du mot à mot de la rencontre originale entre les quatre participants, un texte dialogué fluide et robuste qui permet tout à la fois de transmettre les propos dans une forme dramatique accessible et de conserver l’ambiance qui règne lors d’un tel événement. De son côté, la mise en scène d’Alexandre Fecteau s’appuie sur une mécanique qui interrompt la linéarité du discours pour amener le spectateur à plonger dans l’intériorité des personnages à des moments critiques de la conversation. Ce procédé simple et efficace a pour effet d’approfondir les motivations des protagonistes et d’entretenir l’attention du public.
On ne peut passer sous silence l’implication des comédiennes et comédiens de la production qui ont endossé avec humour et empathie les rôles de Simon (Jean-Philippe Côté), un homme d’affaires aux tendances libertariennes, de Rebecca (Rosalie Cournoyer), une militante de gauche, de Dominic (Andawa Laveau), un jeune conteur wendat, et de Dan (Christian Paul), un travailleur en économie sociale qui défend les valeurs traditionnelles. Mais au-delà des points de vue, ce sont des personnalités et des différences de classes qui se confrontent.
La présence sur scène de deux animateurs-modérateurs (Pierre-Yves Charbonneau et Marie-Ève Lussier-Gariépy) colore la dynamique des propos et lui confère parfois un aspect déstabilisant. Les interventions de ces protagonistes surviennent à point nommé, mais pas toujours pour tempérer les ardeurs. En effet, Lussier-Gariépy fulmine du fait que la composition de l’assemblée, constituée de trois hommes et une femme, est déséquilibrée. Elle ajoute donc occasionnellement de l’huile sur le feu, sous le regard désapprobateur de son collègue, mais pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Une interaction optimale
La configuration bifrontale de la scénographie, avec l’assistance répartie de part et d’autre du plateau, ouvre l’espace de jeu et permet de déployer les points de vue. Les écrans suspendus au-dessus de la table centrale diffusent les visages des participants en les rapprochant de l’auditoire et en grossissant les traits de leurs mimiques. L’éclairage ne laisse jamais totalement le public dans le noir, ce qui ajoute à la sensation de faire partie du débat. Tout en somme est étudié en fonction de générer une interaction optimale entre la scène et la salle.
La pièce se termine d’ailleurs par une invitation lancée aux spectateurs de venir s’asseoir à la place des protagonistes pour poursuivre la discussion pendant quelques minutes. À en juger par le nombre de gens qui ont répondu à l’appel le soir de la première, chacun, chacune se relayant sur scène pour prendre la parole, on comprend que le pari des créateurs de cette production qui est de favoriser la réflexion, d’encourager un contact direct et de maintenir un dialogue avec le public citoyen est gagné.
La pièce L’Assemblée Québec est présentée au Théâtre de la Bordée jusqu’au 12 octobre 2024. Les billets sont en vente à cette adresse : https://bordee.qc.ca/piece/lassemblee/
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315, rue Saint-Joseph Est, Québec (Québec), G1K 3B3
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