Le projet de 20 étages du groupe Trudel à l’îlot Dorchester suscite des préoccupations

Avec 9300 m² à développer sur le stationnement à ciel ouvert de l'îlot Dorchester, le projet du groupe Trudel changera considérablement le visage du quartier Saint-Roch. Alors que le promoteur veut y ériger un hôtel, des logements et une épicerie, des citoyens soulèvent des préoccupations concernant le gabarit de construction, le prix des logements, le nombre de stationnements et la part réservée au verdissement.

Le projet de 20 étages du groupe Trudel à l’îlot Dorchester suscite des préoccupations | 30 septembre 2024 | Article par Thomas Verret

Crédit photo: Thomas Verret

Avec 9300 m² à développer sur le stationnement à ciel ouvert de l’îlot Dorchester, le projet du groupe Trudel changera considérablement le visage du quartier Saint-Roch. Alors que le promoteur veut y ériger un hôtel, des logements et une épicerie, des citoyens soulèvent des préoccupations concernant le gabarit de construction, le prix des logements, le nombre de stationnements et la part réservée au verdissement.

Cadre bâti

D’une part, le développement de 300M$ projeté par le groupe Trudel à l’îlot Dorchester ne respecte pas le programme particulier d’urbanisme (PPU) du secteur, qui autorise un maximum de 10 étages. Le projet nécessite donc des modifications règlementaires, afin de permettre sa réalisation dans sa forme actuelle.

Dans un mémoire citoyen publié par L’Engrenage Saint-Roch, des citoyens souhaitent, de leur côté, que ce vaste terrain soit occupé de façon cohérente avec « l’esprit d’un quartier à échelle humaine ».

« Trudel amène la logique qu’on est à proximité de [du boulevard] Charest avec des édifices plus gros et une vocation commerciale. C’est comme un peu deux mondes qui s’opposent pour voir le projet va être la continuité de quoi finalement », expose la directrice générale de l’organisme, Marie-Noëlle Béland.

Stationnements

Avec 390 logements, 175 chambres d’hôtel et une épicerie de grande surface de 30 000 pi2, le promoteur prévoit 600 cases de stationnement en souterrain sur deux étages.

« C’est une circulation potentielle très importante, dans un quartier déjà congestionné à plusieurs heures du jour », rappelle Mme Béland.

Actuellement, des travailleurs journaliers occupent principalement le stationnement de 300 places de l’îlot Dorchester.

« Les gens se stationnent le matin et repartent le soir, ça ne fait pas une circulation trop intensive. Si c’est une épicerie, c’est autre chose. Ce sont des allers-retours. Même chose pour des logements ou des chambres d’hôtel. »

La présidente du Conseil de quartier de Saint-Roch, Alexia Oman, partage cette préoccupation.

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« C’est déjà un secteur qui est beaucoup saturé avec du trafic et un des endroits les mieux desservis en transport en commun (…) dans une optique de transition sociale et écologique, c’est préoccupant, ne serait-ce pour que ne pas créer de bouchons supplémentaires. »

Un consensus émane présentement : la situation ne pourrait être difficilement pire qu’en ce moment.
Crédit photo: Thomas Verret

Accès aux logements

Le groupe Trudel vise également que 15% de ses unités s’inscrivent dans la catégorie « des logements abordables ». Par contre, plusieurs questions persistent, notamment quant aux prix des autres logements.

« Ça reste nébuleux mais on sait qu’ils seront plus élevés que les logements abordables, qui eux, seront de 1050$ pour des trois et demi. Et 1050$ pour un trois et demi, ce n’est pas abordable », regrette la DG de L’Engrenage Saint-Roch.

Marie-Noëlle Béland souligne néanmoins l’ouverture du promoteur à l’idée que des ménages à faible revenu puissent bénéficier du programme Supplément au loyer (PSL), mais fait remarquer qu’« il n’y a pas de garantie » non plus.

« Ce n’est pas comme un engagement pour lequel on a une assurance [que ça va se réaliser]. »

Toujours selon Mme Béland, ce qui a permis de maintenir un certain accès aux logements dans Saint-Roch pour les ménages à faible revenu, « ce sont les logements sociaux construits dans les années 80-90 ».

« Il y a une tendance qu’on observe, c’est que le logement au privé n’assure pas un accès aux ménages à faible revenu. On est aussi dans une crise de l’itinérance, les prochaines années vont être de plus en plus difficiles (…) Il faut agir et ça passe par le logement social. »

La présidente du conseil de quartier s’interroge justement sur la clientèle visée par le groupe Trudel.

« En fait, on se demande pour qui on propose ces logements-là. Dans Saint-Roch, il y a une partie importante des ménages qui sont à faible revenu et d’ajouter une quantité importante de logements avec des prix quand même très importants et peu de logements sociaux assurés, c’est sûr que ça fait exploser le coût du parc locatif dans le quartier », commente Alexia Oman.

Verdissement

Des résidents consultés voient en outre d’un bon œil l’idée d’aménager un parc de 10 000 pi2 au coin des rues Caron et Sainte-Hélène, de même que des toits verdis sur tous les bâtiments. Ceux-ci estiment cependant que le promoteur ne va pas assez loin, compte tenu des besoins de verdissement importants dans Saint-Roch.

« Ce n’est pas suffisant (…) pour faire une différence pour le quartier. Ce que ça prend, ce sont des arbres à grand déploiement », soutient la directrice générale de l’Engrenage Saint-Roch.

Des citoyens auraient souhaité qu’une grande rangée d’arbres puisse se déployer sur la rue Saint-Vallier Est, « pour créer un effet d’apaisement au centre-ville ». Marie-Noëlle Béland souligne que « Saint-Roch est très minéralisé » et qu’il n’y a pas beaucoup d’espaces disponibles pour verdir le quartier de manière significative.

« Si on ne le fait pas, alors qu’on a un si grand stationnement, on va le faire quand? », questionne-t-elle.

« Ce n’est pas une question d’audace, mais de viabilité environnementale, dans un quartier où la santé des gens est affectée par les îlots de chaleur et la qualité de l’air. L’impression [collective], c’est qu’il y a un devoir d’agir là-dessus. »

Le mémoire citoyen publié par L’Engrenage Saint-Roch aborde d’autres aspects du projet, comme les plans du groupe Trudel de faire déboucher la rue Narcisse-Belleau. Ainsi, des marches permettraient d’accéder à la rue Sainte-Hélène. En revanche, la pente ne respecterait pas les critères d’accessibilité universelle. « Cet élément gagnerait à être corrigé », mentionne Mme Béland.
Crédit photo: Thomas Verret

La Ville de Québec a lancé une démarche de participation publique. Une première séance d’information se tiendra le 23 octobre à la Maison de la coopération.

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