Ici vécut : Thomas Raymond, au 190, rue Notre-Dame-des-Anges

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l'histoire de la ville. Thomas Raymond (1853-1923) est un architecte qui a laissé sa marque sur plusieurs bâtiments du centre-ville de Québec, mais aussi sur le paysage religieux de l'Est-du-Québec.

<em>Ici vécut</em> : Thomas Raymond, au 190, rue Notre-Dame-des-Anges | 5 octobre 2024 | Article par Simon Bélanger

L’architecte Thomas Raymond a vécu dans ce bâtiment de la rue Notre-Dame-des-Anges, qui accueille aujourd’hui le bar MacFly. L’édifice a été construit peu après le grand incendie de Saint-Roch en 1866. Thomas Raymond habite le bâtiment et y a un bureau de 1891 jusqu’à son décès, en 1923. L’année suivante, sa famille vend le bâtiment à l’Union Saint-Joseph de Saint-Roch. Puis, en 1945, l’épicier Émilien Métivier rachète et ajoute une annexe l’année suivante.

Crédit photo: Simon Bélanger + Association des familles Raymond (Faugas)

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l’histoire de la ville. Thomas Raymond (1853-1923) est un architecte qui a laissé sa marque sur plusieurs bâtiments du centre-ville de Québec, mais aussi sur le paysage religieux de l’Est-du-Québec.

La plus récente édition des Journées de la Culture accordait une place de choix à l’architecture, alors qu’il était possible de visiter plusieurs bureaux d’architectes en fin de semaine dernière.

Dans l’histoire de Québec, plusieurs architectes ont laissé une trace indélébile sur le patrimoine bâti. On peut penser à Joseph-Ferdinand Peachy, Eugène-Étienne Taché, David Ouellet ou la famille Baillargé.

Thomas Raymond fut aussi un nom important, lui qui a notamment signé les plans de l’église de Saint-Grégoire-de-Montmorency, à Beauport, en plus de nombreuses autres églises du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Il a aussi laissé sa trace sur plusieurs bâtiments toujours visibles dans le quartier Saint-Roch.

Entre le Bas-du-Fleuve et Québec

Thomas Raymond voit le jour le 16 février 1854, à Saint-Denis-de-Kamouraska (aujourd’hui Saint-Denis-de-la-Bouteillerie). Il est le fils de Marie-Flavie Caron et de Thomas Raymond, un charpentier.

Le jeune Thomas Raymond apprend son métier d’architecte du côté de Matane. Son frère Paul pratiquera quant à lui l’architecture à Rimouski.

Le 17 novembre 1874, Thomas épouse Angèle Pépin Lachance à Notre-Dame-du-Portage. Les deux déménagent par la suite à Québec. Ses beaux-parents demeuraient alors dans Saint-Roch. Le couple aura trois enfants.

Son épouse meurt le 28 février 1919, à l’âge de 75 ans. Le 20 octobre de la même année, Thomas Raymond, alors âgé de 66 ans, se marie de nouveau, cette fois avec Wilhelmine Langlois, une femme de 34 ans. Il aura deux enfants avec elle.

Premier emploi à Québec

À son arrivée à Québec, Thomas Raymond travaille d’abord comme menuisier, avant de devenir assistant au bureau de l’architecte François-Xavier Berlinguet, spécialisé dans les bâtiments ecclésiastiques. Il a notamment signé les plans de l’église Saint-Vincent-de-Paul et du Monastère des Franciscains.

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Après quelques années sous le patronage de Berlinguet, Thomas Raymond ouvre son propre atelier en 1881. Il travaille seul, puis intègre son fils Édouard-Pierre Raymond au début du 20e siècle.

Édouard-Pierre Raymond, fils de Thomas Raymond, a signé les plans de sa maison, située au 3766, boulevard Sainte-Anne. Elle se situait sur un terrain appartenant à son père. La maison a été construite entre 1912 et 1915.
Crédit photo: Simon Bélanger

Thomas Raymond s’implique dans des projets commerciaux et résidentiels, mais se fait surtout connaitre pour ses plans d’église.

En décembre 1890, Thomas Raymond fait partie des membres fondateurs de l’Association des architectes de la province de Québec. Il assume la présidence de cette association en 1910.

Lors du Carnaval d’hiver de 1894, il fait les plans du Palais des glaces, avant de faire une tour de glace pour l’édition de 1896. Il fournit également ses services en 1908, lors des célébrations du tricentenaire de Québec, pour ériger deux scènes extérieures sur la terrasse Dufferin.

Le 26 février 1923, Thomas Raymond s’éteint à Québec, à l’âge de 70 ans. Ses funérailles se tiennent à l‘église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier. Il est inhumé au cimetière Saint-Charles.

En plus de son bureau sur la rue Notre-Dame-des-Anges, Thomas Raymond vivait, entre 1910 et 1918, dans cette maison, située au 86-90, rue d’Argenson. La maison avait été construite entre 1860 et 1875.
Crédit photo: Simon Bélanger

Église Saint-Grégoire-de-Montmorency

Parmi les réalisations majeures de Thomas Raymond, on compte notamment l’église de Saint-Grégoire-de-Montmorency, située à Beauport. Inaugurée en 1898, cette église a aussi bénéficié des plans de Thomas Raymond pour l’intérieur, complété en 1904. Cette église est représentative de l’éclectisme, en raison de ses éléments architecturaux et ornementaux variés et s’inscrivant dans divers styles.

Parmi les éléments bien associés à l’éclectisme, notons la tour-clocher et les pinacles stylisés encadrant la façade, qui indiquent une recherche de monumentalité. L’architecture extérieure de l’église a pu être inspirée par celle de Saint-Sauveur, tandis que l’intérieur peut avoir ressemblé à l’église de Saint-Jean-Baptiste.

L’église Saint-Grégoire-de-Montmorency, construite en 1897-1898, est l’œuvre de l’architecte Thomas Raymond, à l’extérieur comme à l’intérieur. Elle est une représentante d’un courant éclectique.
Crédit photo: Simon Bélanger

Des églises de la Gaspésie à la Saskatchewan

En plus de l’église Saint-Grégoire-de-Montmorency, Thomas Raymond a aussi signé les plans d’église du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Au Bas-Saint-Laurent, les églises de Saint-Louis-du-Ha! Ha! (1907-1909), de Saint-Rémi-de-Métis, à Price (1910), de Saint-Éleuthère, à Pohénégamook (1910-1911) et de Saint-Édouard-des-Méchins (1916-1918) sont des réalisations de Thomas Raymond.

En Gaspésie, on peut ajouter les églises de Saint-Françoix-Xavier-de-Grande-Vallée (1910), de Sainte-Marie-Madeleine (1913-1914), de Sainte-Marthe, à La Martre (1913-1914), de Saint-Norbert-du-Cap-Chat (1917-1919) et de Saint-Joachim-de-Tourelle, à Sainte-Anne-des-Monts (1919-1923).

La majorité des églises imaginées par Thomas Raymond se rattachaient à l’architecture gothique.

Il a également réalisé des maîtres-autels, notamment pour les églises de Berthier-sur-Mer et de Notre-Dame-de-la-Jacques-Cartier, dans Saint-Roch. Par ailleurs, l’architecte est aussi derrière les plans du presbytère Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, pour lequel il s’est inspiré des palais italiens des 16e et 17e siècles.

Inspiré par les palais italiens des 16e et 17e siècles, Thomas Raymond a signé les plans du presbytère de l’église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier.
Crédit photo: Simon Bélanger

Finalement, Thomas Raymond est aussi l’architecte d’églises ailleurs au Canada, comme au Nouveau-Brunswick ou en Saskatchewan. Sa dernière conception avant sa mort est d’ailleurs l’église catholique romaine St. James, à Albertville, en Saskatchewan, en 1921-1922.

Autres réalisations

Le quartier Saint-Roch, et dans une moindre mesure, le quartier Saint-Sauveur, regorgent de bâtiments portant la signature de l’architecte Thomas Raymond. Il a également laissé sa marque à Beauport et dans Montcalm. Voici quelques exemples en images.

Saint-Roch

Le bâtiment de gauche, au 200, rue Saint-Joseph Est, a été construit en 1890. Thomas Raymond avait dessiné les plans du magasin de Cyrille Robitaille, mais il avait été complètement refait en 1927. Le bâtiment tout juste à droite, aussi appelé le Bloc Giguère, a été érigé en 1895, selon les plans de Thomas Raymond. Le bâtiment servait au marchand de fer Louis C. Giguère. La façade de brique rappelle le style de Berlinguet, tandis que le dernier étage a été ajouté en 1917 par Édouard-Pierre Raymond, fils de Thomas.
Crédit photo: Simon Bélanger
Thomas Raymond aurait dessiné les plans du bâtiment situé au 543, boulevard Langelier, construit entre 1890 et 1898.
Crédit photo: Simon Bélanger
Le bâtiment qui abrite aujourd’hui le Centre résidentiel et communautaire Jacques-Cartier a été construit en 1907, selon les plans de l’architecte Thomas Raymond. Il s’agissait à l’origine du Couvent de Jacques-Cartier (ou Académie Jacques-Cartier), une école pour filles. Le style se rattachait davantage aux Beaux-arts.
Crédit photo: Simon Bélanger
Ce bâtiment, situé au 340-344, rue Dorchester, porte la signature de Thomas Raymond. Il a été construit en 1922 pour la Cie Gaudiose Simard.
Crédit photo: Simon Bélanger
Thomas Raymond fait partie de nombreux intervenants qui ont travaillé à la restauration du bâtiment qui a abrité la brasserie Champlain, sur la rue de la Couronne. Le bâtiment date de 1911, mais plusieurs interventions ont eu lieu dans les années précédentes.
Crédit photo: Simon Bélanger

Saint-Sauveur

Le bâtiment situé au 51, rue Marie-de-l’Incarnation, a été érigé en 1892 pour Louis Marquis, dit Canac. La maison dessinée par Thomas Raymond s’inspire des modèles des États-Unis, qui puisent eux-mêmes dans l’architecture de la Renaissance néo-italienne.
Crédit photo: Simon Bélanger
Ce bâtiment, situé au 274-286, rue Chénier, a été érigé en 1893 pour le commerçant Joseph Ernest Campagna, selon les plans de Thomas Raymond.
Thomas Raymond signe les plans de cette maison située au 194-198, avenue Simon-Napoléon-Parent. Datant de 1897, elle a d’abord été la propriétaire de Joseph Elzéar Trépanier, un commerçant de la rue Saint-Joseph et futur échevin de la rue Saint-Vallier.
Crédit photo: Simon Bélanger
Cet édifice du 123-125, rue Saint-Vallier Ouest, a été construit en 1882. L’architecte Thomas Raymond n’interviendra qu’en 1901, alors que le propriétaire J.L. Laroche, pharmacien, voulait apporter des changements importants à ce bâtiment, qui lui sert de logement et de magasin. Le rez-de-chaussée accueillait jusqu’à récemment le restaurant TUMI, spécialisé en cuisine péruvienne.
Crédit photo: Simon Bélanger
Cet édifice, situé au 45-47, rue Saint-Joseph Ouest, est érigé en 1913, selon les plans de Thomas Raymond. Louis Bertrand fait construire ce bâtiment, qui abrite une maison unifamiliale et un magasin. Aujourd’hui, on trouve la boutique de tricot Cœur de mailles.
Crédit photo: Simon Bélanger

Montcalm

En 1914, Arthur Laforce aurait fait construire cette résidence par Émile Côté, selon les plans de Thomas Raymond. Le bâtiment, situé au 80-84, rue Crémazie Est, se démarque notamment par ses colonnes ioniques et ses éléments sculptés. À gauche, on peut voir La Boîte à Lunch Ekidon, un comptoir de plats japonais pour emporter.
Crédit photo: Simon Bélanger

Beauport

Thomas Raymond est l’architecte derrière la maison unifamiliale située au 203, rue Sauriol, à Beauport, et construite en 1907 ou 1908.. Elle a d’abord appartenu à l’armateur Joseph-Albert Bouchard. Il s’agit d’un spécimen de maison au plan de forme cubique, d’inspiration Four Square Style.
Crédit photo: Simon Bélanger
La maison du 209, rue Sauriol, à Beauport, a été érigée entre 1904 et 1906. Elle pourrait avoir servi de maison de villégiature à la famille de Thomas Raymond, propriétaire du terrain au nord de la voie ferrée. En 1928, quelques années après le décès de Thomas Raymond, ce terrain est vendu à Roméo Labbé, un employé du Canadien National.
Crédit photo: Simon Bélanger

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.

Sources

Biographical Dictionary of Architects in Canada – 1800-1950, «Raymond, Thomas».

Généalogie du Québec et d’Amérique française, «Généalogie Thomas Raymond».

L’Action catholique, «Mort de M. Thomas Raymond», 27 février 1923, p. 10.

Le Soleil, «Décès – Raymond», 28 février 1923, p. 15.

RAYMOND LACHANCE, Jocelyne, «Personnalité 2002. Hommage Posthume à Thomas Raymond natif de Saint-Denis de Kamouraska», Association des familles Raymond (Faugas), décembre 2008.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec, «Raymond, Thomas», Ministère de la Culture et des Communications.

Ville de Québec, «Fiche d’un bâtiment patrimonial – 45 à 47, rue Saint-Joseph Ouest», «[…] 51, rue Marie-de-l’Incarnation», «[…] 80 à 84, rue Crémazie Est», «[…] 86 à 90, rue d’Argenson», «[…] 123 à 125, rue Saint-Vallier Ouest», «[…] 186 à 190, rue Notre-Dame-des-Anges», «[…] 200 Rue Saint-Joseph Est», «[…] 203, rue Sauriol», «[…] 209, rue Sauriol», «[…] 274 à 286, rue Chénier», «[…] 340 à 344, rue Dorchester», «[…] 543, boulevard Langelier», «[…] Académie Jacques-Cartier», «[…] Bloc Giguère», «[…] Brasserie Champlain», «[…] Église de Saint-Grégoire-de-Montmorency», «[…] Église de Notre-Dame-de-Jacques-Cartier», «[…] Maison Édouard-Pierre-Raymond», «[…] Maison Joseph-Elzéar-Trépanier», «[…] Presbytère de l’église de Notre-Dame-de-Jacques-Cartier»

Ville de Québec, «Fiche – Édouard-Pierre Raymond», «Fiche – François-Xavier Berlinguet», «Fiche – Thomas Raymond», Répertoire du patrimoine bâti.

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