Tous les mercredis de mai, dès 12h15, ça joue de l'orgue à l'église Saint-Roch.
Festival d’orgue du printemps de Saint-Roch : un orgue grandiose, mais usé
Tous les mercredis de mai, dès 12h15, ça joue de l’orgue à l’église Saint-Roch.
Fondé en 1997 par Denis Bédard et son épouse Rachel Alflatt, le Festival d’orgue du printemps de Saint-Roch poursuit toujours la même mission : promouvoir l’orgue de Saint-Roch, un instrument mécanique puissant aux multiples sonorités. Commandé en 1942, l’orgue Casavant 1943 offre de nombreuses possibilités avec ses quatre claviers, 85 jeux et plus de 6 000 tuyaux. Ce festival rappelle également l’importance de bien l’entretenir et que les facteurs d’orgues de la célèbre maison Casavant Frères « n’ont pas achevé leur oeuvre », malgré une restauration (incomplète) et une réharmonisation réalisées en 1994-1995. C’est ce que me raconte l’organiste titulaire de l’église Saint-Roch.
L’entrée au festival est gratuite, une offrande est suggérée.
« Les concerts nous servent aussi à entretenir l’orgue », indique Édith Beaulieu.
Les pièces en cuir de l’orgue s’usent avec les années.
« Pis là si vous avez des chaussures qui datent de 70 ans, elles vont avoir des trous », image Mme Beaulieu.
« Et là, ces pièces de cuir, elles sont percées, ça fait des fuites d’air. Alors ce n’est plus étanche. On entend l’orgue souffler, on perd de l’air, ça perd de la force. »
L’an passé, des travaux majeurs ont été réalisés « au niveau du moteur » et dans le soubassement de l’orgue, pour quelques sections.
« Il y avait des pertes. L’air ne fournissait pas. Vous comprenez qu’avec 6 148 tuyaux, il faut que l’air arrive dans sa totalité, dans les sous-bassement de l’orgue pis dans chacun des claviers, chacune des sections. »
On projete d’ailleurs y aller par séquence pour améliorer différents aspects mécaniques de l’orgue, mais ces travaux sont onéreux. Les administrateurs de la paroisse Sainte-Marie-de-l’Incarnation tiennent à cet instrument, paraîtrait-il.
« Monsieur Nicolas Marcil [le directeur général] (….) il aime beaucoup l’orgue. Il est amoureux de la musique, de l’orgue et du classique. (…) Il aurait à coeur de mener ce projet-là. »
Idem pour l’abbé Julien Guillot, le curé des paroisses de Limoilou.
« Il veut que le projet soit mené jusqu’au bout. »
Dans les autres églises de la paroisse; Saint-Sauveur, Saint-Malo, Vanier, les orgues ont été réparés.
« Il y a juste ici [à l’église Saint-Roch] que ce n’est pas encore en bon état. »
« Pour l’instant, on essaie d’arranger toutes les parties mécaniques », soutient Mme Beaulieu.
Les travaux, l’année dernière, s’inscrivaient ainsi dans cette volonté.
« Pis ce n’est pas fini. C’est une première phase (…) Ça va être fait en 2-3 phases. C’est ça qu’on veut essayer de faire », précise l’organiste de Québec.
Informatisation de l’orgue
En fait, l’instrument est un véritable orchestre. On doit refaire les registrations, ce qui occasionne une pause durant le concert. Ces ajustements se font donc mécaniquement, les organistes devant « tirer les jeux », la rangée des sons. Mais il y aurait moyen de doter l’orgue d’un système informatisé, offrant plusieurs niveaux de mémoire, des circuits électriques s’intégrant à la console.
« Maintenant, c’est tellement rendu high class faire des concerts. On peut prendre 2-3 niveaux de mémoire. On n’a pas à refaire cette opération-là, recombiner les jeux », explique Mme Beaulieu.
« Les consoles sont rendues beaucoup plus silencieuses. On n’entend pas les boum, bang, bang, au moment de faire les combinaisons. »
Une oeuvre inachevée
Les facteurs d’orgues de Casavant Frères prévoyaient d’ailleurs un orgue de choeur, associé à l’orgue principal et gouverné de la tribune.
« Ça n’a jamais été fait. Ça aurait coûté 6 000$ de plus [à l’époque]. Les marguilliers ont dit non », relate Édith Beaulieu.
Controversé
Il s’agit du quatrième orgue dans l’histoire de l’église Saint-Roch. L’instrument était en avance sur son temps. « C’était très avant-gardiste », rappelle Mme Beaulieu. L’orgue n’a pas fait l’unanimité au départ. « Il a été un peu controversé. (…) C’était mitigé au niveau sonore au début ».
Cet orgue, polyvalent, a été conçu pour la musique classique baroque et le répertoire symphonique. Il était bien différent des autres orgues drables de l’époque.
« Laissez-moi vous dire que c’est un devis complètement différent des nôtres. Il y entre des noms de jeux dont je n’avais jamais entendu parler », écrivait Georges Bertrand, représentant de Casavant Frères à cette période.
Messes en diminution
« Mais il n’y a pas beaucoup de messes », se désole l’organiste titulaire de l’église Saint-Roch. Aujourd’hui, elles n’ont lieu que le mardi et le dimanche matin. Jadis, il y en avait tous les jours, en plus de celles organisées lors des fêtes religieuses. Il fut une époque où les concerts affluaient de partout, même de l’international, des Européeens comme Daniel Roth, un organiste de Saint-Sulpice (Paris). Ces gens venaient à l’église Saint-Roch en raison du caractère « magique » des lieux.
« Tout avait plus d’ambiance à Saint-Roch », se souvient Édith Beaulieu. Les églises de Saint-Sauveur et Saint-Roch, avec leurs vitraux, leurs ornementations, ça ajoute quelque chose de spécial », dit-elle.
Il y avait aussi des émissions à Radio-Canada, « la Tribune de l’orgue, « que ça s’appelait. »
« L’orgue était mis beaucoup plus en vedette, en valeur, que de nos jours. Aujourd’hui, la culture a beaucoup descendu », regrette l’organisatrice et directrice artistique du Festival d’orgue du printemps de Saint-Roch.
Le 29 mai, celle-ci clôturera le festival.
Lire aussi :
7e édition du festival KWE! À la rencontre des peuples autochtones
La septième édition du festival KWE! À la rencontre des peuples autochtones se [...]
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.