La disparition de plusieurs arbres et arbustes sur la rue de la Voie-d'Eau déçoit et frustre plusieurs personnes qui résident dans les coopératives d'habitation avoisinantes. On déplore le manque d'information en amont et la création d'un îlot de chaleur dans un quartier où l'indice de canopée est déjà faible.
Une coupe d’arbres crée de la grogne dans Saint-Roch
La disparition de plusieurs arbres et arbustes sur la rue de la Voie-d’Eau déçoit et frustre plusieurs personnes qui résident dans les coopératives d’habitation avoisinantes. On déplore le manque d’information en amont et la création d’un îlot de chaleur dans un quartier où l’indice de canopée est déjà faible.
Dans le secteur de Place de la Rivière, quatre coopératives d’habitation sont voisines les unes des autres. Héloïse Varin est administratrice de la coopérative Ludovica, qui longe notamment la rue de la Voie-d’Eau.
Le vendredi 24 mai dernier, la coopérative avait reçu dans sa boîte courriel un message provenant d’un technicien en foresterie urbaine de la Ville de Québec, les informant que des «travaux d’entretien» auraient lieu le lundi 27 mai, qui toucheraient les arbres près du stationnement.
«J’ai cru à une bonne nouvelle. Les arbres avaient besoin d’émondage. Certaines branches avaient été brisées par les déneigeurs, ce qui arrive à chaque année. Il n’y avait pas vraiment d’entretien qui avait été fait par le passé. J’ai été agréablement surprise par le courriel », confie Héloïse Varin, en entrevue avec Monsaintroch.
Le samedi, la coopérative organisait d’ailleurs une corvée, au cours de laquelle ses membres faisaient du ménage dans le stationnement. Mme Varin a même indiqué à une personne qui élaguait des branches que c’était inutile de le faire, comme la Ville viendrait faire des travaux le lundi suivant.
Arbres et arbustes coupés
Le lundi suivant, lorsqu’elle revient du travail, une mauvaise surprise l’attendait, alors qu’elle constate que «presque tous les arbres avaient été coupés». En comptant les souches restantes, les membres de la coopérative estiment que 17 arbres et arbustes ont été coupés lors de cette opération, qui s’est déployée le lundi 27 mai, en avant-midi.
« C’est assez surprenant que les 17 étaient en égal mauvais état », s’étonne Héloïse Varin.
Elle estime aussi que les arbustes «contribuaient au mur végétal et au verdissement du secteur».
Le 28 mai, Mme Varin mentionne la situation sur la page Facebook Saint-Roch: les échos de notre quartier, où plusieurs membres des coopératives partagent également leurs états d’âme. Une demande d’information est également acheminée au 311. On explique à Mme Varin que ces arbres appartenaient à Hydro-Québec et que «jamais la Ville n’était intervenue pour les entretenir». Les arbres se trouvaient ainsi en «mauvais état».
Propriété d’Hydro-Québec
Pierre-Luc Lachance, conseiller municipal de Saint-Roch-Saint-Sauveur, a écrit sur le groupe qu’il irait à la recherche d’informations sur le dossier. Il a finalement publié une réponse détaillée le vendredi 31 mai. Précisons que Monsaintroch a également envoyé des questions à la Ville de Québec, mais est demeuré sans réponse au moment de la publication. Nous nous fions donc à la réponse obtenue par M. Lachance et retransmise sur Facebook.
Du côté de l’équipe de la foresterie urbaine, on précise que les arbres font partie d’un terrain qui est la propriété d’Hydro-Québec, qui longe la rue Monseigneur-Gauvreau. Ce terrain «est aménagé pour laisser passer des sections des rues de la Voie-d’Eau, de la Marée-Haute et des Trois-Mâts». On rappelle aussi que ce stationnement est utilisé comme stationnement pour les résidents des coopératives d’habitation avoisinantes.
«Des plates-bandes sont aménagées le long des rues et font office de “séparateur” entre les rues et les espaces de stationnement», ajoute-t-on.
La Ville de Québec précise qu’il était «impossible» pour elle de faire des plantations d’alignement le long des emprise, «étant donné que les rues sont étroites et que la chaussée occupe l’entièreté de l’emprise». Et même si le terrain appartenait à Hydro-Québec, «les plates-bandes alignées le long des rues […] ont […] été traitées et entretenues par la Ville en lieu et place des aménagements “riverains” habituels faits sur les bordures des emprises de rues, le long des trottoirs et du pavage».
Depuis les années 1980
La création de coopératives d’habitation comme « Ludovica » et « de la Rivière » remonte au tout début des années 1980. Au moment de la construction des bâtiments et des rues, des arbustes et de petits arbres auraient été plantés dans les plates-bandes. La Ville en aurait «régulièrement» assuré l’entretien.
Pour Mme Varin, il y a là une première contradiction, alors qu’elle semble plutôt affirmer que la Ville n’avait pas vraiment effectué d’entretien.
Parmi les essences plantées, notons des érables de Tartarie, des pommetiers, des aubépines et une variété basse vinaigrier. Un jeune érable rouge aurait aussi possiblement été planté entre les érables de Tartarie par un résident et la Ville en aurait assumé l’entretien, toujours selon le message du conseiller municipal.
Combien d’arbres coupés?
Selon la Ville de Québec, en dépit de ces opérations d’entretien, les plus grands arbustes, tels les érables de Tartarie, «ont vieilli et certains se sont mis à dépérir puisqu’ils ont atteint la limite de leur longévité.»
« Des opérations d’élagage des petits arbres, du gros arbuste encore conservable et de coupe des gros arbustes non conservables ont été faites. Des coupes d’entretien ou de rajeunissement des arbustes bas ou intermédiaires (comme les vinaigriers et les aubépines) seront faites », peut-on lire dans la réponse obtenue par M. Lachance.
Par ailleurs, le nombre de végétaux coupés lors de l’opération du 27 mai ne semble pas correspondre à ce que les membres de la coopérative ont constaté. Selon les gens habitant le secteur, 17 arbres et arbustes auraient disparu lors de l’opération, alors que l’équipe de foresterie urbaine en aurait noté une dizaine.
«J’imagine qu’ils ne prennent pas en compte les arbustes dans le secteur, mais ceux-ci contribuaient également à la verdure du terrain», écrivait notamment Thierry Sterckeman, aussi administrateur de la coopérative Ludovica, sous la publication de Mme Varin.
Celui-ci se désole également de la création d’un nouvel îlot de chaleur, alors que l’indice de canopée dans le quartier Saint-Roch est l’un des plus bas de la Ville, à environ 15%, selon les données de 2021.
D’autres membres ajoutent d’ailleurs que le projet Verdir Saint-Roch travaillait aussi au verdissement du secteur depuis deux ou trois ans. Un autre projet de plantation serait prévu à l’automne.
Enjeux de communication
Du côté des membres de la coopérative, on déplore également des communications difficiles.
Dans la réponse obtenue par le conseiller municipal, on précise que la Ville a répondu, à travers le 311, à des demandes d’intervention provenant de citoyens «pour signaler la présence de branches mortes, brisées ou tombées» ou pour expliquer les travaux prévus.
On ajoute également que les «occupants des coopératives […] ou des HLM […] qui ont posé des questions lors des travaux» ont eu des explications sur les travaux.
«À noter : les coupes d’arbustes endommagés, morts ou mourants qui sont faites dans le cadre de l’entretien des plates-bandes ne font pas l’objet de communication préalable», peut-on lire aussi.
Finalement, on précise que «les communications sont faites avec les voisins immédiats lorsque des arbres de bonne dimension sont coupés».
« À noter que les communications avec les occupants des blocs appartements ou des maisons en rangée en structure coopérative ou condo posent toujours certains défis quant à la bonne circulation des informations », prend-on soin d’ajouter.
Cette dernière information ne convainc pas les membres de la coopérative, comme Thierry Sterckeman.
«Nous avons reçu l’avis par courriel le vendredi 24 en fin d’avant-midi. Les travailleurs sont venus couper les arbres première chose le lundi 27 [au] matin. Cela ne semble pas être un délai raisonnable pour qu’on puisse réagir au courriel. En pleine journée de travail, il est entendu que les courriels relatifs aux affaires de la coopérative ne seront pas consultés, et les techniciens n’auraient pas pu considérer notre réponse s’ils étaient sur le site tôt en avant-midi du prochain jour ouvrable», écrit M. Sterckeman.
Celui-ci s’étonne d’ailleurs du temps nécessaire pour que l’information se rende, comme une première inspection aurait eu lieu plus tôt dans le mois de mai.
Opérations à venir
D’autres travaux de foresterie urbaine sont prévus dans le secteur au cours des prochains mois.
D’abord, les souches des érables de Tartarie feront l’objet de travaux de déchiquetage au cours de l’été, pour permettre de planter de nouveaux arbres. De nouveaux arbres ou grands arbustes doivent d’ailleurs être plantés à la fin de l’automne 2024.
Un examen général des plates-bandes et emplacements disponibles aura également lieu, «afin d’identifier les emplacements propices à la plantation.»
«Il est fortement probable que le nombre d’arbres ou gros arbustes plantés soit plus grand que celui d’arbres coupés», peut-on lire dans les informations obtenues par le conseiller Lachance.
Du côté des membres de la coopérative, on espère que la communication sera plus facile à l’avenir.
«On a l’intention d’aller plus proactivement [chercher] l’information. On est déçu du temps qui a été imparti pour s’informer avant le coup», conclut Héloïse Varin.
La Ville précise finalement que cinq frênes devront aussi être abattus en 2024, le long du côté sud de la rue Prince-Édouard, entre les rues Monseigneur-Gauvreau et Saint-Dominique. Ces arbres seront remplacés en 2025.
Cet article bénéficie du soutien de l‘Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
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