Boomtown Holy Void ou le destin des villes jetables

Marie-Raphaëlle LeBlond, artiste photographe, présente une première exposition photo à l’Espace Quatre Cents du 20 septembre au 20 octobre. Intitulé Boomtown Holy Void, le corpus est le fruit d’une démarche de recherche et d’exploration de lieux abandonnés d’Abitibi-Témiscamingue, du Nord-du-Québec et du Nord-Ouest de l’Ontario. Il fera également l’objet d’un livre qui devrait paraître dans les prochains mois.

<em>Boomtown Holy Void</em> ou le destin des villes jetables | 10 septembre 2024 | Article par Olivier Alain

L’exposition présentée par la Maison de la photographie de Québec voit le jour après plus d’une trentaine de sites explorés et 4000 km parcourus.

Crédit photo: Marc Saint-Antoine (recadrée)

Marie-Raphaëlle LeBlond, artiste photographe, présente une première exposition photo à l’Espace Quatre Cents du 20 septembre au 20 octobre. Intitulé Boomtown Holy Void, le corpus est le fruit d’une démarche de recherche et d’exploration de lieux abandonnés d’Abitibi-Témiscamingue, du Nord-du-Québec et du Nord-Ouest de l’Ontario. Il fera également l’objet d’un livre qui devrait paraître dans les prochains mois.

« La fille qui photographie des églises »

Originaire de Québec, Marie-Raphaëlle s’installe à Rouyn-Noranda en 2021 pour travailler sur un projet documentaire avec un organisme autochtone. Elle y demeura deux ans. Au fil du temps et à force de voyager entre Rouyn-Noranda et le parc de la Vérendrye, elle fait la découverte de plusieurs lieux et bâtiments laissés à l’abandon. Des lieux qui se prêtent bien à la photographie et qui en disent long sur l’aménagement et l’exploitation du territoire. Peu à peu, les quelques arrêts faits sur la route pour photographier des églises et des maisons délabrées s’insèrent dans une démarche plus claire. Un projet prend forme.

Un projet qui naît également d’une rencontre, celle de Jean-Loup David, écrivain et historien originaire de Rouyn-Noranda qui cultive lui aussi un intérêt marqué pour l’histoire de l’Abitibi , l’industrie minière et le patrimoine religieux.

« Le projet est né d’une dynamique de symbiose avec Jean-Loup. On partageait le même sentiment d’urgence de documenter ces lieux, ces bâtiments avant qu’ils n’existent plus, se rappelle Marie-Raphaëlle. Jean-Loup m’a introduit à son territoire et m’a aidé à décoder des subtilités culturelles que je ne pouvais pas saisir avec autant de nuances que lui. »

Boomtown Holy Void

Le projet s’inscrit dans une démarche de production d’archives vivantes. L’approche choisie se veut documentaire, mais avec un regard sensible imbibé d’une perception et d’une subjectivité.

« Le titre au départ, je [ne] pensais pas le garder […]. Ces mots là sont sortis et je les ai habité de sens par la suite. C’est venu assez intuitivement », explique Marie-Raphaëlle.

Boomtown fait référence à ces villes champignons développées très rapidement autour de l’exploitation d’une ressource naturelle, alors que Holy Void évoque le vide laissé derrière. «Boomtown Holy Void ça vient d’un constat : quand on se promène en région on voit une blessure. Je vois le bâtiment abandonné comme une blessure au territoire».

« Le sentiment de se promener dans une ville fantôme, un village dévitalisé où tu sens que les personnes qui y habitent, ce sont les dernières. Que personne va venir se réinstaller là parce que la manne de richesse a été exploitée. C’est cette aberration que je voulais explorer. »

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Les échanges se multiplient rapidement entre Jean-Loup et Marie-Raphaëlle au fil de leurs explorations. Elle lui envoie des photos et lui des extraits d’archive et des textes de création.

« À force de travailler là-dessus dans des petites communautés, je me suis vite retrouvée étiquetée comme “la fille qui photographie des églises”». En effet, Marie-Raphaëlle est guidée vers plusieurs sites par des gens rencontrés au fil du temps. « En 2023, ça faisait deux ans que je faisais de la photo là-dessus. J’avais fait 4000 km de route et déclenché 12 000 fois ».

Bien que la série de photos présente l’héritage minier et religieux d’Abitibi, elle documente une réalité qui ne se limite pas seulement à cette région.

« L’exposition et le livre, c’est pas un projet documentaire sur l’Abitibi minière, c’est un essai sur le concept de la ville jetable », précise Marie-Raphaëlle.

Une exposition et un livre

À son retour à Québec, la photographe se lance dans un long travail d’épuration pour réduire son corpus. Elle participe à un atelier de revue de portfolio offert par le photographe Guillaume D. Cyr  pour l’aiguiller et l’aider à juger du potentiel du projet.

« Il a regardé ça et a il dit: “t’as de quoi faire un livre” ».

Marie-Raphaëlle explique avoir ensuite appliqué pour la bourse la mesure Première ovation avec l’aide du centre d’artiste VU Photo. Une campagne de sociofinancement a également été mise sur pied pour compléter le budget. Le livre édité en collaboration avec Critérium Design devrait paraître dans les prochains mois.

L’exposition présentée à l’espace 400 se compose de 13 pièces dont plusieurs grands formats. Divers objets seront également exposés et contribueront à créer une trame narrative entre les photos. L’artiste explique avoir choisi de positionner certaines pièces ailleurs que sur les murs pour jouer avec le point de regard des visiteurs. Un vernissage aura lieu le 19 septembre.

Plus d’informations sur l’exposition et sur le travail de Marie-Raphaëlle LeBlond se retrouvent sur son site web.

 

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