La 34e édition de la Nuit des sans-abri aura lieu ce vendredi 20 octobre. À Québec, elle se tiendra dans le quartier Saint-Roch. Cet événement vise à sensibiliser la population québécoise au phénomène de l'itinérance, car tout le monde peut être touché à un moment donné.
Une Nuit des sans-abri pour sensibiliser à l’itinérance
La 34e édition de la Nuit des sans-abri aura lieu ce vendredi 20 octobre. À Québec, elle se tiendra dans le quartier Saint-Roch. Cet événement vise à sensibiliser la population québécoise au phénomène de l’itinérance, car tout le monde peut être touché à un moment donné.
La Nuit des sans-abri se déploiera à la Place de l’Université du Québec de 16h à 22h.
« Des organismes vont distribuer gratuitement de la nourriture, des produits d’hygiène et des vêtements. Des animations artistiques, des kiosques d’échange et de sensibilisation sont aussi prévus », explique Cyril Pringault, responsable de la Nuit des sans-abri pour le Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ).
« Des kiosques de musicothérapie vont être présents. On invite d’ailleurs les gens à venir idéalement avec des chandails clairs et unis pour faire de la sérigraphie dessus avec l’artiste Gabrielle Bélanger », ajoute-t-il.
La Ville sera présente pour évoquer sa Vision préliminaire de l’itinérance.
Pour M. Pringault, cet événement est l’occasion de partager un bon moment, pour les personnes dans la rue, et de sensibiliser celles qui ne le sont pas.
« Le but est de créer un moment de rencontre », indique-t-il.
Le témoignage d’une paire aidante
Plusieurs pairs aidants s’impliquent dans l’organisation de la Nuit des sans-abri et dans d’autres projets. Ces personnes ont connu l’itinérance au cours de leur vie.
Kassandra Roach en est déjà à sa dixième participation à l’événement.
« La Nuit des sans-abri est surtout un moment de solidarité pour les gens de la rue où la mixité est possible », précise-t-elle.
Il y a une dizaine d’années, en revenant à Saint-Roch, elle a été confrontée à beaucoup de souffrance.
« J’étais au squat de la Basse-Ville. Je n’avais jamais vu cette souffrance des gens de la rue, surtout en hiver. Je donnais mon adresse à chaque personne croisée dans la rue pour les héberger. Puis, j’ai perdu mon logement », raconte-elle.
« Entre trois et cinq ans, j’étais en situation d’itinérance. Ça reste un peu flou parce que j’ai fait huit psychoses les dix dernières années. Je n’ai pas passé l’hiver. Je suis rentrée rapidement en psychiatrie. »
« La rue reste un milieu violent. Ça n’a pas été du tout repos, même si j’ai aussi quelques beaux souvenirs de la rue », confie-t-elle.
À ses yeux, arriver à garder sa santé psychologique et physique aussi longtemps dans la rue sans être en psychiatrie demande un mental d’acier.
« Ça peut arriver que pendant quatre jours, on ne dort pas. Puisqu’on n’a pas toujours accès à une ressource et qu’on ne trouve pas à manger. La seule énergie qu’on a, c’est pour survivre au quotidien », témoigne Mme Roach.
Sortir de l’itinérance
Pour elle, revenir à une vie normale n’est pas évident.
« Quand tu as vécu longtemps l’itinérance, tu perds la notion du temps. Tu tournes en rond. C’est vraiment très difficile de sortir là », affirme-t-elle.
« Maintenant, je m’en sors et je suis plus épanouie. Tout est une question de bon timing. Il faut rencontrer les personnes au bon moment. Après mes psychoses, j’ai décidé également d’aller en thérapie »
Pour le moment, Kassandra Roach est paire aidante pour l’initiative du Goudor du Projet Intervention Prostitution Québec (PIPQ).
« On est une équipe de cinq personnes. Une intervenante et un superviseur nous encadrent. On est trois pairs aidants pour accompagner les gens en rue dans leur quotidien », développe-t-elle.
« En fin de compte, je ne pourrai jamais me sentir ailleurs qu’à ma place avec les personnes de la rue », estime Mme Roach.
« On reste tous des humains au départ avec nos défauts et nos qualités. Les personnes en itinérance ont quand même un coeur. La société doit les inclure aussi », conclut-elle.
Cet article a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local.
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535, av. des Oblats, Québec (Québec), G1N 1V5
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