Clin d’œil de Wartin Pantois à la révolution en Iran

Wartin Pantois a apposé un collage clandestin éphémère, mercredi, en soutien au mouvement de contestation contre le régime autoritaire iranien. L'œuvre photographique sur mur de 190 par 290 centimètres prend place à l'angle des rues de la Chapelle et Saint-Joseph. L'artiste a réalisé ce projet avec la complicité du Centre socio-culturel des Iraniens de Québec Simorgh.

Clin d’œil de Wartin Pantois à la révolution en Iran | 13 juillet 2023 | Article par Thomas Verret

Le collage photographique de Wartin Pantois est situé sur une copropriété de la rue de la Chapelle, à l’intersection de la rue Saint-Joseph.

Crédit photo: Wartin Pantois

Wartin Pantois a apposé un collage clandestin éphémère, mercredi, en soutien au mouvement de contestation contre le régime autoritaire iranien. L’œuvre photographique sur mur de 190 par 290 centimètres prend place à l’angle des rues de la Chapelle et Saint-Joseph. L’artiste a réalisé ce projet avec la complicité du Centre socio-culturel des Iraniens de Québec Simorgh.

Tôt le matin, Wartin Pantois s’est mis à l’œuvre sur un immeuble avec de la colle à papier peint. Avec des membres de la communauté iranienne de Québec, ce dernier est resté sur place quelques heures pour donner le temps au collage de bien sécher.

« Ça nous a permis de rencontrer les gens de la copropriété, à qui on n’avait pas demandé la permission pour le collage », raconte-t-il.

Les habitants étaient « un peu fâchés », au début, de voir apparaître sur leur bâtiment un collage qu’ils n’avaient pas autorisé. Au fil des discussions, ceux-ci ont pris conscience du sérieux de la démarche.

« On leur a parlé quand même longtemps, à la fois du médium qui n’endommage pas les murs et de la thématique liée à la situation des femmes en Iran. »

En fin de compte, le collage y restera jusqu’en septembre. Une autre activité est prévue le 16, toujours en collaboration avec le Centre socio-culturel des Iraniens de Québec Simorgh.

Femme, Vie, Liberté

L’œuvre s’intitule Femme, Vie, Liberté. Ce slogan activiste dénonce la persécution des femmes au Moyen-Orient. Wartin Pantois a posé ce geste clandestinement en guise de solidarité envers le peuple iranien.

Dans le cadre de cette initiative, trois femmes et deux hommes originaires de l’Iran ont participé à une séance photo. Ce sont ces personnes immigrantes, résidant à Québec, qui apparaissent sur le collage.

Droit des femmes : une lutte à finir

En septembre, le décès de la jeune Mahsa Amini, 22 ans, battue à mort par les autorités pour une couette de cheveux qui dépassait de son foulard, a choqué la planète entière et engendré un élan de révolte en Iran.

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Sur le collage, ce sont les cheveux des participantes du projet qui sont représentés dans le cocktail des révolutionnaires iraniens. Ces femmes ont « pris action ». Elles ont contacté l’artiste pour vérifier son intérêt à faire une œuvre sur ce qui passe dans leur pays d’origine.

Wartin Pantois ne s’est pas fait prier pour accepter.

« Quand j’ai vu ce qui s’est passé l’automne dernier en Iran, ça m’a beaucoup touché. »

L’artiste se dit impressionné « par le courage des femmes et des hommes qui luttent et qui prennent des risques pour défendre des valeurs », parfois au péril de leur vie. Ces tristes événements l’amènent à réfléchir sur la question du respect de la loi.

« C’est pour ça que je tenais à ce que ce projet soit clandestin, et finalement il ne l’était plus. »

Parce que dans la majorité des cas, la loi est synonyme de justice, mais ce n’est pas toujours vrai, considérant les atrocités permises dans plusieurs dictatures du monde.

« Parfois, les lois sont injustes et permettent des choses abominables. C’est une réflexion qui m’habite et que je trouve intéressante », note celui qui a fait des études en sociologie.

La situation en Iran est « un bel exemple de soulèvement populaire qui contrevient à des lois », souligne-t-il.

« Certaines valeurs comme l’égalité entre les hommes et les femmes valent la peine d’être défendues, même dans l’illégalité », estime le résident de Saint-Roch.

Wartin Pantois a choisi cet emplacement en raison de son caractère urbain et sa localisation. Le collage se trouve dans une petite ruelle, légèrement en retrait, mais visible de l’artère commerciale principale du quartier, où elle se dévoile.

« On voit les révolutionnaires un peu de côté, comme s’ils arrivaient vers la rue Saint-Jospeh. Ça me semblait une bonne façon de surprendre les passants », explique l’artiste.

Compte tenu des récents événements en Iran, il voulait également reproduire une scène similaire.

« Je voulais aussi remettre les personnages dans un lieu semblable, dans un contexte urbain. »

Citations de participant.e.s du projet

« Ressentir un mélange de colère, de nostalgie du pays et de désir de liberté tout en étant au Québec est une expérience émotionnelle complexe. Avec l’espoir dans mon cœur, j’envisage un Iran libre et mes pensées restent avec les filles, les garçons et ma famille qui y résident. Restez à nos côtés et soyez notre voix ».
– Farid

« Je garde l’espoir de la liberté de mon pays vivant et conformément à nos objectifs, je ferai de mon mieux pour l’épanouissement social de mes compatriotes. Si tout le monde travaille de manière responsable, nous allons définitivement faire de notre pays un endroit meilleur ».
– Diba

« Une conscience et une sagesse collectives ont été créées par le peuple iranien, et nous sommes dans une phase de transition. La pratique et la patience sont nécessaires à la réalisation de cette révolution ».
– Mohammad

Wartin Pantois a partagé le fruit de son travail sur Facebook

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