Saint-Roch dans les années 1970 : le Mail Saint-Roch au voisinage de l’église Saint-Roch

La série Saint-Roch dans les années 1970 revisite le passé du quartier à travers des images d’archives de diverses sources. Retour aujourd'hui sous l'ancien toit commercial de la rue Saint-Joseph Est : le Mail Saint-Roch.

Saint-Roch dans les années 1970 : le Mail Saint-Roch au voisinage de l’église Saint-Roch | 31 décembre 2023 | Article par Jean Cazes

Le Mail Saint-Roch en 1975. Une vue en direction nord-est.

La série Saint-Roch dans les années 1970 revisite le passé du quartier à travers des images d’archives de diverses sources. Retour aujourd’hui sous l’ancien toit commercial de la rue Saint-Joseph Est : le Mail Saint-Roch.

La photo en vedette remonte à novembre 1975. Telle que décrite dans les Archives de la Ville de Québec, elle provient d’une diapositive représentant une vue de l’ouest, près de l’église Saint-Roch, dans le Mail Saint-Roch.

Dans la galerie d’images ci-bas, la scène réactualisée date du 20 novembre dernier. Rappelons que la phase 1 du démantèlement du toit du mail a été entreprise en 2000. Cette étape des travaux visait le segment de la rue Saint-Joseph Est, abrité depuis 1974, et compris entre les rues de la Couronne et du Pont.

« Faune locale »

Des gens sont assis sur les bancs devant les grandes baies vitrées du mail Saint-Roch
Souvenir du mail, avec sa grande baie vitrée de part et d’autre de l’une des entrées, offrant une vue sur le parvis de l’église Saint-Roch. Photo prise entre 1974 et 1979.
Crédit photo: Archives de la Ville de Québec

Notre nouvelle capsule historique se veut complémentaire à une autre capsule publiée il y a deux ans. Deux photos y soulignaient cette fabuleuse source d’inspiration qu’aura été le mail pour Gilles Simard dans l’écriture de son récit autobiographique Basse-Ville blues.

Retour sur cet extrait :

« Assis sur un banc-calorifère du mail Saint-Roch, j’ai rendez-vous avec Julie et sa copine afin de les observer racoler dans les rues de ce quartier réputé dur et sulfureux. En attendant, question de tuer le temps, je m’amuse à regarder déambuler la faune locale entre les empattements bétonnés du long tube de verre et d’acier : clients pressés, commères gesticulantes, commis débordés, flâneurs blasés. En les voyant bourdonner et s’agiter ainsi le long des vitrines, je m’imagine une jonchée de parasites s’ébrouant dans les entrailles d’un monstrueux reptile de plexiglass étalé sur la rue Saint-Joseph.

Même s’ils font partie de ce tourbillon vespéral, une flopée de personnages « non conformes » tranchent sur l’ensemble. Ce sont ces vieux au regard vide, ces ivrognes hagards et titubants, ces ex-psychiatrisés vêtus d’oripeaux à la lippe baveuse, ces chambreurs esseulés, bref, toute une catégorie de paumés dont l’odeur rance de pisse et de sueur séchée leur colle en permanence à la peau et dont le parcours en zigzag dérange l’honnête citoyen. Plus étranges et visibles encore que les soulons, les sans-abris ou les anciens de Robert-Giffard, il y a aussi les « phénomènes », un groupe très particulier dont les membres semblent s’être donné le mot, aujourd’hui, pour être tous dans la même fanfare. Du lot, j’ai vu passer « l’homme au turban », un pauvre hère qui a perdu sa femme et sa fille dans un incendie et qui depuis promène une poupée dans un carrosse, Mansart-l’horrible, un ancien concierge de l’hôtel Saint-Roch aux allures de Quasimodo pustuleux, l’homme-éléphant de la Chancelière, un quidam avec une terrible tumescence au visage qui pend telle la trompe du gros pachyderme. J’ai aussi croisé Vincent-l’halluciné du Maillon qui avance de reculons en regardant dramatiquement au ciel, madame Otis, la petite vieille à lunettes qui mange dans les poubelles et déchire les affiches, et enfin, Sam-le-cowboy, un longiligne pilier de taverne aux allures de Don Quichotte toujours habillé en shérif de l’ouest. Une rareté, que de voir tout ce beau monde dans la même séquence et un freak show qui serait inimaginable dans les centres d’achat lisses et propres de banlieue. »

L’ex-journaliste et militant bien connu dans le milieu communautaire des quartiers centraux de Québec collabore toujours occasionnellement au journal Droit de parole. Il y signe d’ailleurs son tout récent conte des Fêtes : Le Noël de mon enfance.

Une vue en direction sud sur le parvis de l’église, près de l’une des entrées du mail en 1977.
Crédit photo: Archives de la Ville de Québec

Archives de la Ville de Québec

À l’exemple de la photo en vedette, beaucoup d’images archivées de la Ville de Québec sont disponibles en ligne. On peut en faire la diffusion sans licence et sans frais. Il suffit d’utiliser les vignettes estampées au logo de la Ville et de citer correctement les sources.

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