Protéger le logement en encadrant l’hébergement touristique

La Ville de Québec souhaite modifier son plan d’urbanisme afin de restreindre l’hébergement touristique commercial dans le quartier Saint-Roch. Elle souhaite ainsi protéger le logement situé au-dessus du rez-de-chaussée des bâtiments pour l’ensemble de la rue Saint-Joseph et une partie du boulevard Charest.

Les citoyens et citoyennes de Saint-Roch étaient conviés jeudi dernier à une consultation publique concernant des modifications apportées par la Ville au plan particulier d’urbanisme (PPU) pour le secteur sud du centre-ville Saint-Roch. Il y était question de l’encadrement de l’hébergement touristique.

La consultation se tenait au YMCA Saint-Roch dans le cadre du conseil de quartier. Les membres devaient, à la fin de la séance, soumettre une recommandation à la Municipalité.

Restriction de l’hébergement touristique

Les modifications que la Ville désire apporter au plan d’urbanisme restreignent l’hébergement touristique commercial dans le quartier Saint-Roch. La réglementaiton proposée protège le logement au-dessus du rez-de-chaussée pour l’ensemble de la rue Saint-Joseph. La même restriction s’applique et une grande partie du boulevard Charest Est.

La Municipalité désire autoriser l’hébergement touristique dans des zones mixtes et protéger les secteurs à prédominance résidentielle. Les commerces sont protégés au rez-de-chaussée afin de conserver une trame commerciale animée pour les piétons. Ces mesures empêchent la conversion des logements existants en hébergements touristiques.

Le développement d’établissements qui ont pour activité principale l’hébergement touristique ne sera plus permis dans la zone où se trouve la bibliothèque Gabrielle-Roy et la tour Fresk ainsi que la zone située au sud de la rue Saint-Vallier Est.

La nouvelle réglementation ne cible pas l’hébergement collaboratif, c’est-à-dire la location de son habitation principale pour une courte période.

« Par ce projet la Ville semble faire un geste important pour protéger les logements [abordables]  qui se font rares dans le quartier. » estime Marie-Noël Béland, directrice générale de l’Engrenage de Saint-Roch.

La Ville pourrait même, selon elle, limiter davantage l’hébergement touristique. Elle insiste sur l’importance de mettre en place des politiques publiques pour permettre aux personnes vulnérables de se loger convenablement.

Accueil mitigé chez les commerçants et propriétaires de la rue Saint-Joseph

Beaucoup de gens se sont déplacés dans les locaux du YMCA Saint-Roch pour assister à la présentation de nouvelles mesures qui s’ajoutent au PPU. Une période d’échange a permis à celles et ceux qui étaient présents de partager leur point de vue.

Des citoyens et commerçants du quartier Saint-Roch ont pris la parole pour faire part de leurs réserves quant aux modifications proposées pour la réglementation des hébergements touristiques.

Touché directement par les nouvelles restrictions, un gestionnaire d’une compagnie immobilière a fait part de sa situation.  Sans autorisation d’hébergement touristique, il  craint de ne pas pouvoir rentabiliser ses investissements. Il propose « une réglementation qui limiterait le nombre d’établissements d’hébergement touristique sur Saint-Joseph sans les éradiquer complètement ».

L’entrepreneur Patrick Montminy fait également part des difficultés à trouver des locataires de longue durée sur Saint-Joseph. Il s’est développé sur l’artère une vie nocture très animée.

«Qui sont les gens qui veulent habiter en haut de dix bars ? », se demande Patrick Montminy, copropriétaire du restaurant Deux22.

Pour lui, l’hébergement touristique aide le développement commercial et engendre des retombées économiques non négligeables dans le quartier.

Recommandation du conseil de quartier

Certains membres du conseil de quartier se sont dit préoccupés par le nombre grandissant d’établissements d’hébergements touristiques dans Saint-Roch. Dans un contexte où le taux d’inoccupation des logements est extrêment bas, conserver des logements abordables leur apparaît essentiel.

Conscient de l’importance du développement commercial, Robert Rousse s’inquiète toutefois de voir apparaître des commerces qui ne s’adresseraient qu’aux touristes. Le membre du conseil de quartier se dit préoccupé par la création «d’un espace commercial […] qui ne serait plus du tout en lien avec les besoins des habitants de Saint-Roch ».

À l’exception d’une personne, les membres du conseil de quartier ont tous et toutes voté en faveur des modifications au PPU telles que présentées par la Ville. Une des membres était favorable aux modifications, mais recommandait de ne pas protéger le logement dans les zones bordant la rue Saint-Joseph.

Plus d’informations sur les modifications au PPU proposées par la ville sont disponibles dans la section « Participation citoyenne » du site web de la ville de Québec. Il est aussi possible de faire part de ses questions ou commentaires sur les modifications à la réglementation d’urbanisme proposées pour ce PPU en ligne jusqu’au 5 octobre. 

À lire:

Saint-Roch et Saint-Sauveur : des enjeux criants