Semaine des bières de micros : une passion, des défis

La Semaine des bières de micros bat son plein jusqu'au 30 avril. L'événement souligne l'expertise des entreprises brassicoles du Québec et rappelle les nombreux défis de l'industrie.

La Semaine des bières de micros bat son plein jusqu’au 30 avril. L’événement souligne l’expertise des entreprises brassicoles du Québec et rappelle les nombreux défis de l’industrie.

La culture de la bière affiche une belle vitalité, partout en province. Présentes dans toutes les régions administratives, les 325 microbrasseries constituent un poids économique de 714 M$. Elles représentent 9 000 emplois directs et indirects.

Un frein au développement

Ces chiffres ne disent pas tout. La situation n’est pas entièrement rose pour autant.

Un enjeu de longue date freine notamment la croissance du secteur. La deuxième édition de la Semaine des bières de micros permet de remettre de l’avant la question de l’accessibilité aux consommateurs. Dans sa forme actuelle, la législation québécoise n’autorise pas la livraison à domicile, la vente sur internet ou à emporter lors d’événements, comme les marchés publics, par exemple.

« On aimerait être capables de rejoindre les amateurs de bières, nous-mêmes, sans intermédiaire », plaide le président de l’Association des microbrasseries du Québec, Martin Parrot.

Un savoir-faire reconnu

Pourtant, la qualité des bières de microbrasseries québécoises est bien connue. Cette reconnaissance des produits de la Belle Province s’étend désormais de l’autre côté de l’Atlantique.

La limitation du marché, en termes de « points de vente » et de « façons de se faire connaître », s’avère paradoxale par rapport aux ambitions des producteurs du Québec.

« Au même moment, on est coincés dans notre développement », déplore le copropriétaire du Griendel, la brasserie artisanale du quartier Saint-Sauveur.

Le PDG de la microbrasserie Le Griendel de la rue Saint-Vallier Ouest, Martin Parrot.
Crédit photo: Jean Cazes

La situation a pour autre effet négatif d’isoler de petites entreprises localisées loin des grands centres. Devant l’impossibilité de rejoindre ce bassin de clientèle importante, les producteurs situés en région se voient privés de précieux revenus, ce qui fragilise la pérennité de certains d’entre eux.

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« C’est sûr qu’ils sont minés par cette réalité », confirme M. Parrot, précisant au passage que plusieurs de ces micros réussissent tout de même à tirer leur épingle du jeu avec une offre alimentaire de style bistro-pub et une clientèle touristique au rendez-vous.

Des demandes « raisonnables »

Martin Parrot estime que les revendications des producteurs québécois n’ont rien d’extravagantes, loin de là.

« On veut juste avoir le droit de rejoindre nos clients. »

L’Association des microbrasseries du Québec interpelle donc à nouveau son principal port-d’attache ministériel au gouvernement provincial.

« On aimerait que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie devienne un tremplin pour l’industrie brassicole afin qu’il y ait un rayonnement, non seulement dans la province, mais aussi à travers l’Amérique du Nord. »

Dans la Belle Province, la vente de bières de microbrasseries est également encadrée par la Régie des alcools, des courses et des jeux. Celle-ci dépend du ministère de la Sécurité publique. Qui plus est, la consommation d’alcool implique des enjeux qui relèvent du ministère de la Santé et des Services Sociaux. Cette situation complexifie les choses.

« On est un peu à califourchon entre plusieurs ministères », explique M. Parrot.

Encore aujourd’hui, le Québec demeure l’une des provinces canadiennes les plus restrictives en matière de gestion et de mise en marché de l’alcool. Même l’industrie de la marijuana est moins « rigide ». Martin Parrot dénonce un double-standard.

« Tu peux te faire livrer du pot à la maison, de l’alcool de la SAQ, mais pas de la bière de microbrasseries. À moins que tu passes par une épicerie qui doit vendre de la bouffe en plus, pour avoir le droit d’ajouter de l’alcool, met-il en lumière. J’aimerais ça pouvoir le faire moi-même, parce que je suis toujours content de rencontrer des clients et de leur parler de mon entreprise. »

Alors que la tendance est à l’achat en ligne et au commerce local, le Québec s’entête à conserver des pratiques archaïques. La province s’empêche ainsi de s’imposer comme un véritable chef de fil dans le domaine des microbrasseries.

« On est en retard sur ce qui se fait ailleurs, pas de doute là-dessus. »

Des entreprises locales à découvrir

Réciproquement, c’est en quelque sorte l’appel lancé cette semaine aux amateurs de houblon, soit une invitation à visiter ces petites microbrasseries à « échelle humaine », lesquelles contribuent à la richesse de la vie des collectivités.

« Souvent, on met l’épaule à la roue dans notre communauté. C’est ce qu’on fait au Griendel depuis 2015 et il y a en plein d’autres qui s’impliquent localement. En réalité, c’est ce que tout le monde fait dans notre industrie », conclut-il.

La programmation complète de la Semaine des bières de micros est disponible sur le site web de l’événement. Diverses activités sont prévues dans des microbrasseries et des commerces de nos quartiers, dont La Korrigane, La Souche, Brasseurs sur demande, Noctem, Tite Frette…

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