Depuis le 6 octobre, la coopérative Méduse accueille l'exposition Sakahkwah! (Regarde!), du Centre d'artistes Ahkwayaonhkeh, dans Saint-Roch. L'artiste Christine Sioui Wawanoloath y présente son travail, inspiré des cultures wendate et abénakise. Les œuvres sont à découvrir jusqu'au 3 décembre 2023.
L’exposition Sakahkwah! (Regarde!) met à l’honneur les cultures autochtones
Depuis le 6 octobre, la coopérative Méduse accueille l’exposition Sakahkwah! (Regarde!), du Centre d’artistes Ahkwayaonhkeh, dans Saint-Roch. L’artiste Christine Sioui Wawanoloath y présente son travail, inspiré des cultures wendate et abénakise. Les œuvres sont à découvrir jusqu’au 3 décembre 2023.
Lancé en 2023 dans les locaux de Méduse, Ahkwayaonhkeh est aussi le premier centre d’artistes autogéré wendat à Québec.
Le comité de programmation du Centre d’artistes se compose de quatre membres : Ludovic Boney, Frédérique Gros-Louis, Nicolas Renaud et Guy Sioui Durand. Ces derniers sont d’ailleurs tous des artistes wendats.
Pour l’organisme, la volonté de mettre à l’honneur Christine Sioui Wawanoloath va de soi pour commencer la programmation 2023-2024.
« C’est un choix symbolique, parce que l’artiste est extrêmement importante et très reconnue dans le milieu autochtone », affirme une coordonnatrice du Centre d’artistes Ahkwayaonhkeh, qui a préféré demeurer anonyme.
Une artiste autochtone active depuis 50 ans
Pour le comité, la sagesse de l’artiste était donc cohérente pour lancer la programmation et à la suite de laquelle les autres artistes vont se placer.
Âgée de 71 ans, Christine Sioui Wawanoloath est d’origine wendate et abénakise.
« Je suis née à Wendake. Ma mère était abénakise et elle est revenue dans son village abénakis. Mon père est décédé presque après ma naissance. Sioui est pour mon père et Wawanoloath est pour ma mère », confie-t-elle.
« Je réalise des illustrations et des œuvres d’art depuis 50 ans maintenant. »
À ses yeux, être artiste reste une vocation depuis toujours.
« Je suis née pour faire ça. J’ai toujours voulu être une artiste, même si je n’ai jamais pu vivre entièrement de mon art. Il fallait vivre. Donc, j’ai été aussi photographe, imprimeuse, graphiste, entre autres », révèle-t-elle.
Pour Michel Savard (Teharihulen), président du conseil d’administration du centre d’artistes, présenter une femme et une aînée de la communauté autochtone est un choix logique pour le comité.
« Son travail s’adresse à tout le monde. Il y a beaucoup de couleurs et de gaieté. Les textes associés ont une signification particulière. Ça fait du bien d’avoir aujourd’hui ce genre d’exposition des Premières Nations, surtout dans le contexte difficile de notre époque », estime-t-il.
Pour elle, l’inspiration se présente à différentes occasions.
« Il s’agit de regarder dehors. Récemment, j’ai trouvé de l’inspiration par les feuilles qui tombent pour un poème. Je n’hésite pas non plus à transformer certaines de mes œuvres existantes », mentionne-t-elle.
Quatre thèmes principaux
Située dans la coopérative Méduse, l’exposition Sakahkwah! suit quatre thèmes, basés sur les points cardinaux d’une boussole.
« Cette exposition reste très personnelle, d’où le choix de la structurer par thème. C’est plus symbolique », témoigne Mme Sioui Wawanoloath.
La langue occupe également une place dominante dans le travail de l’artiste.
Certaines œuvres présentées n’ont jamais été exposées et d’autres ont été créées à l’occasion de cette exposition.
« En revanche, je ne parle ni abénakis, ni wendat, mais je me sers des dictionnaires pour trouver des mots ou des phrases qui peuvent m’inspirer », précise-t-elle.
À l’est, trois œuvres évoquent Yändia’wich (la tortue). Il s’agit d’un symbole important dans les cultures autochtones.
« La tortue représente l’Amérique du Nord. Elle est à l’origine du mythe de la création de la Terre, selon les sociétés iroquoiennes. Les Wendats sont un peuple issu de la culture iroquoienne », explique-t-elle.
À l’ouest, on retrouve la dualité avec Tëndih teyäa’tayeh (il y a deux corps).
« J’avais en tête des amoureux, donc deux personnes. J’ai été inspirée aussi par la vannerie pour les deux personnages qui se tiennent par la main. J’utilise cette technique », décrit-elle.
Parmi les autres thèmes, le sud fait appel à l’ouïe, avec Satriho’tat ! (Écoute!). Là, l’usage de l’impératif démontre l’importance de la culture pour l’artiste et du legs des porteurs de savoir.
Finalement, le nord se plonge plutôt dans le monde de l’esprit, de la pensée Ya’ndiyonhra’. C’est le lieu d’introspection.
Une mise à l’honneur des cultures autochtones
La mission centrale du centre d’artistes revient à diffuser les démarches des artistes autochtones.
À travers le parcours de l’exposition, l’artiste partage la même envie.
« Ce parcours artistique représente la vision d’une artiste abénakise-wendate, mais aussi le désir de faire connaitre davantage mon imaginaire », souligne Mme Sioui Wawanoloath.
« Il n’y a pas une culture autochtone, mais des cultures autochtones. C’est merveilleux d’avoir autant de possibilités de connaître ces cultures-là. Il faut aller au-delà des préjugés. Il y a quelque chose à aller chercher, notamment dans les légendes, les représentations graphiques », insiste-elle.
Cette exposition met donc en lumière l’imaginaire autochtone.
« Pour quelqu’un qui connaît pas ou peu ces cultures autochtones, c’est une belle immersion. Ça permet de mieux saisir la vision des Autochtones par rapport au reste du monde », indique Michel Savard.
Le Centre d’artistes travaille en partenariat avec Vu, le centre en photographie. Ce dernier leur prête d’ailleurs leur espace d’exposition pendant un an.
À l’avenir, Ahkwayaonhkeh aimerait développer un volet de résidences. L’objectif serait d’aider les artistes dans leur processus de création et de production.
« Regardez, apprenez, découvrez », résume finalement l’artiste.
L’exposition Sakahkwah est accessible du mercredi au dimanche, entre 12h et 17h, jusqu’au 3 décembre 2023. L’entrée est gratuite.
Cet article a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local.
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