Itinérance : 2e rencontre citoyenne pour l'Engrenage Saint-Roch | 17 février 2023 | Article par Simon Bélanger

Plus d'une soixantaine de personnes étaient réunies au Café Rencontre Centre-Ville.

Crédit photo: Simon Bélanger

Itinérance : 2e rencontre citoyenne pour l'Engrenage Saint-Roch

La Table de quartier Engrenage Saint-Roch organisait le 15 février une rencontre citoyenne autour de l'itinérance. Elle visait à faire mieux connaître le rôle de différentes institutions. Pour l’occasion, des représentant.e.s des organismes communautaires, du service de police, du milieu de la santé et de la Ville de Québec étaient réuni.e.s.

Plus d’une soixantaine de personnes étaient présentes au Café Rencontre Centre-Ville mercredi soir, pour cette deuxième d'une série de rencontres organisées par l’Engrenage.

« Une de nos missions, c’est de favoriser la cohabitation harmonieuse dans le quartier. On a réalisé qu’il y avait des tensions dans le quartier et des changements dans les façons de vivre ensemble. Le quartier se transforme et le portrait de l’itinérance évolue. On a cherché comment on pouvait réagir à tout ça », a expliqué d’entrée de jeu Marie-Noëlle Béland, directrice générale de l’Engrenage et animatrice de la soirée.

La première rencontre, en décembre, s’intéressait au changement du portrait de l’itinérance dans Saint-Roch.

Cette fois-ci, l’objectif était davantage de faire connaître les rôles et responsabilités de différentes institutions face à l’enjeu de l’itinérance. À qui s’adresser lorsqu'on est confronté à une situation jugée préoccupante? Il s'agissait de répondre à ce type de questions citoyennes.

Insécurité, délits, incivilités…

Dans un premier segment, les questions aux panélistes portaient sur le rôle de chacun lors d'une situation problématique impliquant par exemple une personne crise ou un délit.

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David Fillion, inspecteur répondant des dossiers Dépendance, Itinérance et Santé mentale au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), a rappelé le devoir des policiers lors d'infractions.

« Le SPVQ a des obligations quand des actes criminels sont commis. Il faut procéder à l’arrestation et conduire la personne devant le tribunal. On a l’obligation de faire cesser l’infraction », explique-t-il.

L'inspecteur Fillion a ensuite ajouté que l’hospitalisation et la judiciarisation étaient l’étape de dernier recours. Des doutes ont été exprimés face au discours policier : plusieurs évitent d’appeler la police par crainte de représailles envers les personnes en situation d’itinérance.

Mary-Lee Plante, organisatrice communautaire au Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ), a ajouté que les délits sont souvent « des stratégies de survie ».

« Il ne faut pas banaliser ces délits, mais il faut faire attention de ne pas faire d’amalgame entre itinérance et criminalité, parce que ça renforce la stigmatisation des personnes. Cette stigmatisation peut ensuite engendrer un profilage social et on risque de les judiciariser davantage », a-t-elle affirmé.

Plusieurs panélistes ont rappelé que les incivilités et les délits n’étaient pas l’apanage des personnes en situation d’itinérance. Le représentant du SPVQ a d’ailleurs souligné que, lors des soirées du vendredi et du samedi, les autorités policières faisaient davantage d’intervention auprès de personnes intoxiquées à la sortie des bars de la rue Saint-Joseph.

Un panel réunissait Karine Crépault (Ville de Québec) l'inspecteur David Fillion (SPVQ), Steve Richard (RAIIQ), Mary-Lee Plante (RAIIQ), Frédéric Keck (CIUSSS de la Capitale-Nationale) et Mylène Laboissonnière (CIUSSS de la Capitale-Nationale). L'animation était assurée par Marie-Noëlle Béland, directrice générale de l'Engrenage.
Crédit photo: Simon Bélanger

Manque de ressources et pénurie de main-d’œuvre

Un deuxième segment de la soirée portait sur les ressources et le financement des organismes communautaires. Plusieurs ont déploré un mode de financement inadéquat pour répondre à des besoins en augmentation.

Pour Mme Plante, du RAIIQ, cette situation peut expliquer pourquoi il manque encore de places dans les refuges.

« Les ressources financières sont insuffisantes. De plus en plus, les organismes communautaires sont financés par projet, ce qui limite notre autonomie pour mettre en place des ressources qui répondent vraiment aux besoins qu’on constate dans nos communautés », a-t-elle ajouté.

Frédéric Keck, adjoint à la Direction des programmes Santé mentale, dépendances et itinérance au CIUSSS de la Capitale-Nationale, a aussi avoué, du bout des lèvres, qu’il manquait de ressources.

« Il existe un équilibre fragile entre la prévention, l’intervention d’urgence et la sortie de la rue. Quand on analyse où on peut faire les meilleurs investissements, c’est aussi ça qu’on prend en compte », a précisé M. Keck.

Groupes de discussion

Après deux premiers blocs de questions aux panélistes, le public était invité à s’exprimer en petits groupes de discussion. Plusieurs sujets ont ensuite été ramenés dans une dernière période de questions, autant consacrées au financement des ressources qu’à l’image du quartier Saint-Roch.

À la table où se trouvait Monsaintroch, les discussions ont porté sur la judiciarisation des personnes itinérantes, mais aussi les difficultés de cohabitation pour les personnes qui résident ou travaillent près de Lauberivière. Ce dernier sujet n’a cependant pas été ramené pour les questions en grand groupe.

Comme la soirée avançait, certaines questions sont demeurées en suspens.

En conclusion, Karine Crépault, conseillère de l’équipe intervention pour le vivre ensemble et la cohésion sociale à la Ville de Québec, a invité le public à participer à l’élaboration de la Vision en matière d’itinérance.

« On souhaite que ça permette de renforcer le rôle de la ville. On souhaite que les gens viennent s’exprimer et qu’on tombe en mode solution », ajoute-t-elle, en rappelant qu’une consultation publique se tiendra le lundi 27 février, au Centre social Victoria et en ligne.

De son côté, la directrice de l’Engrenage Saint-Roch a rappelé l’objectif de la soirée.

« On a invité des acteurs qui agissent en complémentarité. Ça ne veut pas dire qu’ils sont d’accord sur tout. Il y a des différences de points de vue entre les différents acteurs. Mais il y a une volonté de faire mieux pour tout le monde », a conclu Marie-Noëlle Béland.

D’autres rencontres organisées par l’Engrenage sont prévues ces prochaines semaines.

La table de quartier Engrenage Saint-Roch est un lieu de réflexion, d’échange et d’action pour les groupes communautaires et les citoyen.ne.s de Saint-Roch qui partagent le désir d’améliorer la qualité de vie dans le quartier.

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