Ici vécut : Wilfrid-Étienne Brunet, au 605, rue Saint-Joseph Est

On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Wilfrid-Étienne Brunet (1832-1899), en plus de donner son nom à une importante chaîne de pharmacies, a aussi contribué à la transformation de la rue Saint-Joseph en importante artère commerciale.

<em>Ici vécut</em> : Wilfrid-Étienne Brunet, au 605, rue Saint-Joseph Est | 2 septembre 2023 | Article par Simon Bélanger

Wilfrid-Étienne Brunet est l’homme derrière la chaîne de magasins Brunet. On voit ici le premier établissement, toujours en activité aujourd’hui, sur la rue Saint-Joseph Est.

Crédit photo: Simon Bélanger - Monsaintroch

On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Wilfrid-Étienne Brunet (1832-1899), en plus de donner son nom à une importante chaîne de pharmacies, a aussi contribué à la transformation de la rue Saint-Joseph en importante artère commerciale.

Avec le retour à l’école et à la garderie, les petits nez qui coulent et les voix enrouées devraient (malheureusement) être rapidement de retour dans nos chaumières. L’achalandage pourrait donc augmenter rapidement dans les pharmacies sous peu, même si nous espérons tous que les microbes et autres virus ne traversent pas notre porte.

Il est possible que deviez vous rendre à la pharmacie Brunet sur la rue Saint-Joseph, au coin de la rue de la Chapelle. Construite en 1873, il s’agit de la plus ancienne pharmacie toujours en activité au Québec.

Notre collègue Jean Cazes avait déjà visité une partie de l’histoire de cette pharmacie emblématique en 2019. Nous nous pencherons davantage aujourd’hui sur l’histoire de Wilfrid-Étienne Brunet, qui a fondé la plus vieille chaîne québécoise de pharmacie toujours en activité.

Chimiste et pharmacien en formation

Wilfrid-Étienne Brunet voit le jour à Québec le 21 octobre 1832. Son père, Jean-Olivier Brunet, est un négociant. La fibre commerciale est donc déjà présente dans la famille. Elle s’est d’ailleurs perpétuée chez les descendants, puisque la famille Brunet a été propriétaire de la pharmacie de Saint-Roch jusque dans les années 1980.

Le jeune Wilfrid-Étienne étudie au Petit Séminaire de Québec de 1841 à 1850. Son beau-frère, le chimiste et pharmacien Pierre-O. Giroux, le prend ensuite sous son aile pendant cinq ans. Il enseigne les rudiments de son métier à Wilfrid-Étienne Brunet.

En 1855, Giroux fonde d’ailleurs une pharmacie sur la rue Saint-Pierre. Il cède à Brunet sa pharmacie, qui était située sur la rue Craig (maintenant rue du Pont).

Wilfrid-Étienne Brunet propose un «assortiment complet des meilleures drogues». Il offre également «toutes les variétés possibles d’articles de Fantaisie, de Toilette, Médecines à Patentes, Perfumerie». Finalement, Brunet prépare aussi «toutes les prescriptions des médecines».

En 1856, avec l’aide financière de sa mère, Brunet devient propriétaire de l’édifice qui abrite la pharmacie.

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Portrait de Wilfrid-Étienne Brunet, vers 1880.
Crédit photo: Fonds J. E. Livernois Ltée, Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Mariage et achat d’un nouveau local

À la même époque, Wilfrid-Étienne Brunet se marie. Il unit sa destinée à Charlesbourg, avec Victoria-Louise Duberger, le 24 juin 1857. Elle est la fille de l’arpenteur Jean-Baptiste Duberger de La Malbaie et la petite-fille de Jean-Baptiste Duberger. Ce dernier a notamment établi le plan-relief de Québec.

En 1858, Brunet reçoit finalement sa licence de chimiste et pharmacien. En 1861,un apprenti et deux engagés travaillent pour lui.

Son équipe s’agrandit dans les années suivantes et il réfléchit à acquérir un espace plus grand.

En 1872, Brunet débourse 3000 dollars pour acheter un terrain à l’angle des rues Saint-Joseph et Sainte-Anne (maintenant de la Chapelle). L’année suivante, il fait construire un édifice à trois étages en brique et en pierre. Brunet loge maintenant sa pharmacie et sa maison dans un endroit plus spacieux. Les travaux ont coûté un montant de 18 000 dollars.

«Par son architecture, leurs décorations somptueuses et leurs dimensions importantes, les nouveaux locaux attirent l’attention. Certains n’hésitent pas à les comparer avec ce qu’il y a de mieux à l’époque au Canada», peut-on lire dans les mots de Rénald Lessard et Michel Simard, sur le Dictionnaire biographique du Canada.

L’architecte Joseph-Ferdinand Peachy a dessiné les plans de ce nouvel édifice. Il se distingue par des lucarnes en hémicycle typiques du style Second Empire.

Plaque de Wilfrid-Étienne Brunet, posée au 605, rue Saint-Joseph Est, à l’extérieur de la pharmacie.
Crédit photo: Simon Bélanger - Monsaintroch

Implication politique et médiatique

Wilfrid-Étienne Brunet ne se limite pas à la gestion de sa pharmacie. Il s’implique aussi en politique municipale.

En février 1876, il devient conseiller du quartier Saint-Roch. En revanche, il n’occupe ce poste qu’un ou deux ans.

En 1880, Brunet est aux premières loges de la fondation du journal L’Électeur. En 1896, il cède gratuitement ses parts aux intéressés lorsque la Compagnie d’Imprimerie publie Le Soleil.

Entreprise familiale et postérité

En mai 1879, Wilfrid-Étienne Brunet s’associe avec son fils Wilfrid-Jean-Baptiste. Ils adoptent le nom W. Brunet & Cie.

En 1881, le père est membre de l’Association pharmaceutique de la province de Québec et agit comme examinateur.

En 1884, Georges-Henri Brunet, lui aussi pharmacien, rejoint l’équipe de son frère Wilfrid-Jean-Baptiste et de son père Wilfrid-Étienne.

Wilfrid-Étienne Brunet rend l’âme le 7 mars 1899. Il habitait alors une maison sur la rue Sainte-Ursule.

Le Soleil écrivait ceci au lendemain de son décès:

«Un des premiers il sut deviner l’importance commerciale que devait prendre la rue St-Joseph. Il construisit l’édifice qu’on désignait dans le temps sous le nom de “Bloc Brunet” et qui fut quelques années après éclipsé par les superbes édifices qui s’élèvent sur la rue St-Joseph.

D’une santé très délicate, M. Brunet était cependant doté d’une rare énergie et d’un grand amour du travail. Ses qualités solides lui permirent de fonder un établissement qui lui survivra», lit-on dans l’édition du 8 mars 1899.

Nous devons donner raison à l’auteur de l’article, puisque la pharmacie a toujours pignon sur rue au même endroit.

Il souhaitait d’ailleurs, dans son testament, que sa pharmacie lui survive. Brunet écrivait que son «but étant qu’ayant été fondé par (lui)…, elle se perpétue autant que possible dans la famille des Brunet».

Même si elle a fini par quitter le giron de la famille Brunet, la chaîne n’a cessé de développer ses activités au Québec. On lui doit quelques innovations. Par exemple, la pharmacie de Québec est le premier établissement de la capitale à compter sur des portes automatiques.

En 1986, Brunet est aussi la première bannière de pharmacie à retirer les produits du tabac de ses étagères.

Aujourd’hui, la compagnie compte 186 franchisés au Québec. Mais la première pharmacie demeurera toujours celle de Wilfrid-Étienne, au cœur de la rue Saint-Joseph.

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.

Sources:

Lessard, Rénald et Michel Simard, «Wilfrid-Étienne Brunet : fondateur des pharmacies Brunet»Cap-aux-Diamants, vol. 4, no 4, hiver 1989

Lessard, Rénald, et Michel Simard, «Wilfrid-Étienne Brunet», Dictionnaire biographique du Canada 

Le Soleil, « Mort de M. Wilfrid Etienne Brunet », 8 mars 1899, p. 6, Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Ville de Québec, « Fiche d’un bâtiment patrimonial – 605, rue Saint-Joseph Est »

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