Ici vécut : Charles-Eusèbe Dionne, au 802, rue Saint-Joseph Est

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l'histoire de la ville. Charles-Eusèbe Dionne (1846-1925), qui a vécu dans le quartier Saint-Roch, est considéré comme le premier véritable ornithologue québécois.

<em>Ici vécut</em> : Charles-Eusèbe Dionne, au 802, rue Saint-Joseph Est | 2 décembre 2023 | Article par Simon Bélanger

Charles-Eusèbe Dionne a vécu au 802, rue Saint-Joseph Est, qui abrite aujourd'hui la taverne italienne Birra & Basta.

Crédit photo: Simon Bélanger - Monsaintroch

On retrouve, sur différents immeubles de Québec, 142 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué l’histoire de la ville. Charles-Eusèbe Dionne (1846-1925), qui a vécu dans le quartier Saint-Roch, est considéré comme le premier véritable ornithologue québécois.

Le 4 décembre prochain, le Domaine de Maizerets, dans le quartier voisin de Limoilou, accueille le Rallye des oiseaux de Noël, pour initier les enfants à l’ornithologie.

Cet événement est l’occasion idéale pour raconter l’histoire du premier ornithologue québécois, Charles-Eusèbe Dionne, qui a déjà vécu dans le bâtiment qui abrite aujourd’hui la taverne italienne Birra & Basta. Cet endroit a été construit entre 1830 et 1845 et de nombreuses épiceries ou dépanneurs s’y sont succédés. Après d’imposants travaux, la Champagnerie ouvrait ses portes en 2016, avant de fermer deux ans plus tard, pour laisser place au restaurant italien.

Charles-Eusèbe Dionne, un autodidacte, est passé d’homme à tout faire au Séminaire de Québec à récipiendaire d’un doctorat honorifique en sciences de l’Université Laval.

Enfance modeste au Bas-Saint-Laurent

Aîné d’une famille de 11 enfants, Charles-Eusèbe Dionne est né le 20 juillet 1846, à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie, près de Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent.

Fils d’Amélie (Émilie Lavoie) et d’Eusèbe Dionne, coordonnier cultivateur, Charles-Eusèbe bénéficie de conditions favorables à l’instruction dans sa famille, malgré la vie modeste menée par les parents. Déjà enfant, le jeune Charles-Eusèbe développe un intérêt pour la nature, surtout pour les oiseaux, une passion qui ne le quittera pas.

Même s’il travaille sur la ferme, Charles-Eusèbe Dionne fréquente quand même les écoles rurales. Il termine ses études primaires vers l’âge de 14 ans. Le jeune tente de parfaire ses connaissances en lisant les quelques livres auxquels il peut avoir accès. Il suit également des cours particuliers avec un instituteur de l’école du village.

Crédit photo: Wikimedia Commons

Nouvelle vie à Québec

En 1865, le jeune Charles-Eusèbe obtient un emploi d’homme à tout faire au séminaire de Québec. Très rapidement, il gravit les échelons et obtient un poste d’appariteur à la faculté de droit de l’Université Laval, en 1866.

Une nouvelle caserne d’Ali Baba s’ouvre devant lui, puisqu’il a désormais accès à une bibliothèque et à une quantité de livres consacrés à l’histoire naturelle.

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Charles-Eusèbe Dionne reçoit les encouragements de prêtres du séminaire et suit des cours du soir, en plus de parfaire ses lectures. Il acquiert des connaissances de plus en plus approfondies en sciences naturelles, en anglais et en latin.

De taxidermiste à conservateur

Charles-Eusèbe Dionne s’initie à la taxidermie, un art qu’il maîtrise en quelques années. Il assemble ainsi plusieurs collections en histoire naturelle. Il s’intéresse beaucoup à l’entomologie. Léon Provancher, grand naturaliste québécois, nommera même une espèce d’insecte en son honneur en 1879 : le tryphon dionnei.

En 1887, la collection d’insectes de Charles-Eusèbe Dionne compte environ 1525 espèces.

Le jeune autodidacte poursuit son ascension dans les sphères intellectuelles. Il occupe un poste de bibliothécaire adjoint puis, en 1882, est nommé curateur (ou conservateur) du Musée zoologique de l’université Laval. Ce nouveau rôle lui permet d’apporter une importante contribution à l’histoire naturelle du Québec. Il utilise plusieurs spécimens naturalisés pour présenter de nombreuses espèces aux étudiants.

En 1902, Charles-Eusèbe Dionne reçoit une maîtrise ès arts, puis un doctorat honorifique en 1925, peu avant sa mort.

Premier ornithologue au Québec

Même si Charles-Eusèbe Dionne détenait un savoir-faire autour de nombreuses espèces, ce sont surtout les oiseaux qui ont été au cœur de ses premiers ouvrages.

En 1883, il publie Les Oiseaux du Canada. Dionne reçoit un bel accueil chez les francophones, mais son ouvrage est beaucoup plus critiqué du côté anglophone. Quelques années plus tard, en 1889, il se concentre sur les espèces présentes au Québec, avec son Catalogue des oiseaux de la province de Québec, avec des notes sur leur distribution géographique.

En 1893, Charles-Eusèbe Dionne reçoit la reconnaissance de son milieu, puisqu’il est nommé elective member de l’American Ornithologists’ Union, une association nord-américaine.

Puis, en 1902, il couvre une autre catégorie, en publiant Les mammifères de la province de Québec. Pour la première fois, des informations sur les mammifères du Québec sont disponibles en français.

Finalement, en 1906, Charles-Eusèbe Dionne revient sur son sujet de prédilection, avec un ouvrage de plus de 400 pages : Les Oiseaux de la province de Québec.

«Cet ouvrage a, entre autres, le grand mérite de fournir pour la première fois au Canada une terminologie française de l’anatomie des oiseaux, de même que des noms français cohérents pour toutes les espèces traitées», nous apprend l’entrée du Dictionnaire biographique du Canada consacrée à Charles-Eusèbe Dionne.

Ce volume est resté longtemps le seul consacré exclusivement aux oiseaux du Québec. Il a donc pu contribué à développer l’ornithologie dans la population francophone, qui avait maintenant accès à une mine d’or d’informations.

Image du Catalogue des oiseaux de la province de Québec.
Crédit photo: Flickr

Il a également déjà publié un article sur les araignées du Québec.

Mort et postérité

Charles-Eusèbe Dionne meurt à Québec le 25 janvier 1925. Il est inhumé au cimetière Saint-Charles.

Depuis 2005, QuébecOiseaux remet le prix Charles-Eusèbe Dionne. Celui-ci souligne «la contribution exceptionnelle d’une personne à l’avancement de l’ornithologie au Québec, que ce soit dans le cadre de son travail ou d’un engagement bénévole».

À Montréal, une rue Charles-Dionne rappelle l’histoire de Charles-Eusèbe Dionne, dans le secteur de Rivière-des-Prairies.

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.

Sources :

Commission de toponymie du Québec, «Rue Charles-Dionne»

OUELLET, Henri, «Dionne, Charles-Eusèbe», Dictionnaire biographique du Canada, 2005.

Ville de Québec, «802 à 806, rue Saint-Joseph Est», Répertoire du patrimoine bâti – fiche d’un bâtiment patrimonial.

 

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