On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui y ont habité et qui ont marqué d’une façon ou d’une autre l’histoire de la ville. Camille Henry (1933-1997, porte-couleurs des Rangers de New York, des Blackhawks de Chicago et des Blues de Saint-Louis, a vécu son enfance au 225, rue Dorchester, dans le quartier Saint-Roch.
Ici vécut Camille Henry, au 225, rue Dorchester
On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui y ont habité et qui ont marqué d’une façon ou d’une autre l’histoire de la ville. Camille Henry (1933-1997, porte-couleurs des Rangers de New York, des Blackhawks de Chicago et des Blues de Saint-Louis, a vécu son enfance au 225, rue Dorchester, dans le quartier Saint-Roch.
Si vous l’ignoriez, sachez que la Coupe Stanley sera en ville ce samedi, à la place Jean-Béliveau. Jonathan Marchessault, ancien joueur des Remparts de Québec et champion de la Coupe Stanley avec les Golden Knights de Vegas, présentera le Saint-Graal du hockey professionnel à la population de Québec, entre 10h45 et 11h30.
Avec la tenue du Pro-Am Gagné-Bergeron plus tôt ce mois-ci et le début (déjà) imminent d’une nouvelle saison de la Ligue nationale de hockey (LNH), l’occasion était bonne pour revenir sur le parcours personnel et professionnel d’un autre « p’tit gars de Québec » : Camille Henry.
Exploits de jeunesse
Camille Henry est né le 31 janvier 1933. Fils de Germaine Bernard et de Camille Henry père, qui était rapporteur financier au Soleil, il habite avec ses parents au 225, rue Dorchester. Le bâtiment avait été construit au début du 20e siècle et avait précédemment accueilli le restaurant « Chez Henri ». On trouve aujourd’hui l’entreprise Vélo Boivin à cet endroit.
Le jeune Camille se découvre rapidement des talents sportifs, autant au hockey qu’au baseball.
Il serait d’ailleurs « un des meilleurs joueurs juniors à avoir évolué dans la Ligue junior du parc Victoria au début des années 50 ».
Le jeune Camille Henry choisit cependant le hockey. Il s’aligne de 1950 à`1953 avec les Citadelles de Québec, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Pendant ses deux dernières saisons, il marque respectivement 55 et 46 buts, faisant de lui le meilleur buteur du circuit. Camille Henry accumule aussi 114 points pendant la saison 1951-1952, remportant le championnat des pointeurs.
Son avenir était tracé pour connaître du succès dans la grande ligue.
Trophée Calder
En 1953-1954, après une carrière junior fructueuse, Camille Henry est recruté par les Rangers de New York.
À ses premiers coups de patin dans la Grosse Pomme, le jeune homme ne déçoit pas. Il accumule 24 buts et 13 passes, pour 39 points en 66 matchs. Cette production lui vaut le trophée Calder en 1954, récompense remise à la recrue de l’année dans la LNH. Pour l’occasion, il avait d’ailleurs coiffé un certain Jean Béliveau, un autre jeune joueur qui commençait à faire sa place avec les Canadiens de Montréal.
L’année suivante, en plus de jouer 21 parties avec les Rangers, il revient brièvement à Québec. Lors de la saison 1954-1955, il porte aussi le maillot des As de Québec, une équipe de la Ligue de hockey senior du Québec.
Pour la saison 1955-1956 et pour une partie de la saison 1956-1957, Camille Henry joue pour les Reds de Providence, dans la Ligue américaine de hockey (LAH). L’ailier gauche s’engage finalement pour de bon avec les Rangers de New York, équipe avec laquelle il jouera pendant 12 années de sa carrière.
L’Anguille, le Gentilhomme et la Comédienne
Une particularité de Camille Henry était sa petite taille. À 5 pieds 7 pouces et environ 150 livres, il s’agissait du plus petit joueur dans la LNH.
Cette situation ne l’a pas empêché de connaître du succès pendant toute sa carrière, se méritant même le surnom d’« anguille » (“The Eel“).
«À chaque fois que je le vois sauter sur la glace, j’ai des sueurs froides. D’abord parce que je le perds de vue, il se glisse, sans qu’on le voit, comme une anguille. Et tout à coup c’est le malheur, je l’aperçois devant le filet. Une fraction de seconde et la lumière s’allume», s’exprimait le directeur général des Canadiens de Montréal de l’époque, Frank Selke.
En 1957-1958, Camille Henry obtient 56 points en 70 matchs, ce qui lui vaut une place sur la deuxième équipe d’étoiles de la LNH. La même année, il remporte le trophée Lady Byng, remis au joueur au meilleur esprit sportif.
Il faut dire qu’en 727 matchs dans la LNH, Camille Henry n’a accumulé que 88 minutes de pénalité.
En 1958, il épouse, à l’église Sacré-Cœur, à Montréal, une certaine Aimée Sylvestre, mieux connue sous le nom de Dominique Michel. La comédienne et humoriste s’est installée avec le hockeyeur à Charlesbourg. Leur mariage ne dure pas et le couple divorce en 1960.
Gardien masqué et départ de New York
Camille Henry est aussi connu pour un exploit bien particulier.
Le 1er novembre 1959, Jacques Plante, gardien de but des Canadiens de Montréal, porte pour la première fois un masque pour se protéger le visage. Durant ce match contre les Rangers de New York, Camille Henry sera le seul à déjouer le nouvel homme masqué, lors d’une victoire de 3-1 du Tricolore.
Le 4 février 1965, il doit se résigner à quitter les Rangers, alors qu’il est échangé à regret aux Blackhawks de Chicago. Il se rend quand même jusqu’en finale de la Coupe Stanley, perdant en sept rencontres face aux Canadiens de Montréal.
L’année suivante, Camille Henry joue 37 matchs avec les Braves de Saint-Louis, club-école des Blackhawks. Il retourne ensuite avec les Rangers en 1967-1968, en plus de jouer quelques parties dans la LAH avec les Bisons de Buffalo.
Il conclut finalement sa carrière dans la LNH, en jouant 68 matchs avec les Blues de Saint-Louis. Camille Henry joue son dernier match le 16 novembre 1969, au Madison Square Garden, face à son équipe-fétiche.
Après-carrière houleuse
Après ce dernier match, Camille Henry a aussi entraîné des équipes, à Kansas City et à New York, mais connaît peu de succès derrière le banc.
Il cumule ensuite les emplois, en travaillant notamment dans un aréna ou comme gardien de sécurité à Québec. Ses problèmes d’alcool amplifient aussi son diabète. Son fonds de pension de la LNH ne lui offre à l’époque que 4000$ par année.
En 1996, Camille Henry et d’autres anciens joueurs sont dédommagés et reçoivent finalement un nouveau montant pour la pension de retraite. Dans son cas, le Québécois obtient un montant de 85 000$, après cinq ans de procédure.
« Je vais enfin pouvoir recommencer à manger du steak », aurait-il déclaré au groupe d’anciens joueurs.
Camille Henry ne pourra pas profiter très longtemps de cette dernière victoire, en raison de complications liées au diabète. Il rend l’âme le 12 septembre 1997, à l’âge de 64 ans, à l’hôpital Saint-François-d’Assise.
Son ancien coéquipier des As de Québec, Jean Béliveau lui avait ainsi rendu hommage :
« Pour moi, Camille était comme un roseau. Il pliait souvent, mais ne rompait jamais. […] Fallait toujours garder un oeil sur lui lorsque le jeu se déroulait dans notre territoire. C’était le genre de gars que tu souhaitais avoir dans ton équipe. »
Depuis cette époque, plusieurs joueurs de petite taille ont réussi à faire leur place. Ils ont connu du succès dans la « grande ligue ».
Il n’est pas exagéré de dire que les Martin St-Louis, Cole Caufield et Jonathan Marchessault ont marché dans les pas du « grand » Camille Henry.
Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut. La présentation de celle de Camille Henry contient une capsule sonore de l’historien Réjean Lemoine et quelques photos.
Sources:
Blogue La vie est une puck, « Camille Henry », 22 novembre 2011.
Généalogie du Québec et d’Amérique française, « Mariage de Camille Henry et Dominique Michel ».
La Patrie du Dimanche, « Camille Henry », 23 mars 1958, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Larochelle, Claude, « Un fameux de bon type », Le Soleil, 12 septembre 1997, p. D-1, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Ligue nationale de hockey, « Camille Henry », statistiques.
Tardif, Jean-François, « Décès de Camille Henry », Le Soleil, 12 septembre 1997, p. D-1, D-2, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Ville de Québec, Répertoire du patrimoine bâti, « Fiche d’un bâtiment patrimonial – 225 à 235, rue Dorchester ».
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