S’aimer ben paquetée : le filtre de la boisson

C’est l’histoire d’une femme qui se saoule, partout, tout le temps, pour échapper à sa souffrance. Une femme qui boit depuis sa tendre enfance et qui aime l’alcool plus que sa propre vie.

Si vous n’avez pu écouter la captation audio du monologue durant la pandémie, gare au choc. Le texte de Cristina Moscini présenté à La Bordée frappe dès le départ et n’épargne personne.

Le texte de Cristina Moscini

La narratrice y raconte sa passion dévorante pour l’alcool, née d’une soif d’indépendance et d’un désir de fuir ou d’au moins masquer le sordide de sa vie. Noyer la honte.

Si un événement l’a poussée à appuyer sur l’accélérateur, elle se dirigeait déjà vers l’autoroute de l’autodestruction. Ses rires à gorge déployée, elle le sait, servent à taire les sanglots qui l’habitent.

Le monologue est bourré d’images poétiques comme autant de paillettes sur une robe de soirée. Cristina Moscini, qu’on peut lire sur son blogue (« Enfin un blogue de sobriété écrit par une ancienne paquetée! », lit-on sur la page d’accueil), est une virtuose.

L’interprétation d’Ariel Charest

Avant même de revêtir son manteau léopard, la fille de party capte toute l’attention. Il n’y a pas que la robe qui brille : l’actrice éblouit par sa performance. Ariel Charest incarne une femme magnifiquement décadente que l’émotion consume, et le public sent sa chaleur.

La mise en scène de Pascale Renaud-Hébert

La mise en scène laisse toute la place à l’actrice, colorant ça et là le récit, reproduisant les sons des bars, la musique assourdie par une ivresse avancée.

Le filtre du théâtre tient le public à distance d’un abîme de détresse – que la narratrice arrivera enfin à mettre derrière elle, fuyant une dernière fois.

S’aimer ben paquetée est à l’affiche jusqu’au 16 décembre dans le cadre des 5 à 7 de La Bordée – où on vous offre une collation et un drink (avec ou sans alcool).

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