Not one of these people (Pas une de ces personnes) : Identités défragmentées

Sur l’écran, une série de photos générées par un algorithme. Aucune de ces personnes n’existe pour de vrai – bien que le mouvement de l’image, l’ambiance sonore subtile, la vie qu’on invente à ces visages (extrapolée à partir de la mention d’une mère ou d’un enfant, ou d’une expérience particulière) arrive presque à les faire exister pour de faux.

<em>Not one of these people (Pas une de ces personnes)</em> : Identités défragmentées | 2 juin 2022 | Article par Marrie E. Bathory

Crédit photo: Carte blanche

Sur l’écran, une série de photos générées par un algorithme. Aucune de ces personnes n’existe pour de vrai – bien que le mouvement de l’image, l’ambiance sonore subtile, la vie qu’on invente à ces visages (extrapolée à partir de la mention d’une mère ou d’un enfant, ou d’une expérience particulière) arrive presque à les faire exister pour de faux.

Les mots que leur prête Martin Crimp sont autant de micronouvelles littéraires. Ce sont les et si qu’on imagine en croisant des inconnus dans la foule, fragments de discours (paroles ou pensées) qu’on aurait glanés au passage.

Les photos sont ici les masques que revêt Martin Crimp, et ses textes mettent en lumière le fait que chaque individu porte les étiquettes, les identités que d’autres lui collent. C’est dire que le « je » se définit en fonction de l’altérité. Et certaines de ces prises de parole faussement sans filtre montrent les inévitables conflits qui surviennent lorsque ces identités se côtoient.

Méta

Certains passages métatextuels percent le voile de la fiction, en même temps que des anomalies de l’image – dimension des yeux, texture des cheveux ou de la peau, forme des oreilles – nous ramènent dans l’uncanny valley. Chaque phase du spectacle revient souligner que tout sur scène n’est qu’artifice.

Le dispositif mis en scène par Christian Lapointe rappelle notamment les œuvres Wearing Gillian (Gillian Wearing) et One Hour of Imaginary Celebrities (Nvidia), présentées à la dernière Manif d’art, qui exploitent aussi respectivement l’hypertrucage (deepfake) et les visages générés par intelligence artificielle (IA).

Le vrai et le faux, l’unicité du soi, le rôle de l’IA dans notre appréhension du monde… Vous aimez méditer sur ces réflexions? Ce spectacle est pour vous. Le contexte théâtral amène aussi une dimension autre à ces questionnements : IA ou non, le théâtre, la fiction, ou même la vie, ce n’est que ça, inventer des histoires, porter des masques.

Not one of these people (Pas une de ces personnes) est présentée, dans le cadre du Carrefour international de théâtre, à La Bordée ces 2 et 3 juin (en français, cette fois par Christian Lapointe).

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