L'auteur de cette missive, Léonce Naud, a partagé sa vie professionnelle entre l'aménagement du territoire, l'environnement et la mise en valeur du fleuve Saint-Laurent au profit de la population québécoise.
Un Port au Bas-Canada
L’auteur de cette missive, Léonce Naud, a partagé sa vie professionnelle entre l’aménagement du territoire, l’environnement et la mise en valeur du fleuve Saint-Laurent au profit de la population québécoise.
Contrairement à la pensée commune, il n’existe pas de Port « de » Québec, mais bien un port fédéral à Québec. La Ville ne possède pas le Port, c’est ce dernier qui possède la Ville.
Si les ports relevaient politiquement et administrativement des villes où ils sont situés, ou encore, de l’état provincial, leurs succès seraient forts différents et leurs échecs également.
Le « problème », c’est que les ports constituent des portes ouvertes sur l’international. À ce titre, Ottawa ne saurait en confier la gestion, l’administration et le contrôle à des responsables provinciaux ou municipaux dont le champ de vision ne doit pas s’étendre au vaste monde, responsabilité des maîtres et non des valets, en particulier de « petits échevins locaux » si bien décrits par l’ancien PDG du Port, Ross Gaudreault.
Localement, cela signifie que sur les rives des grandes villes portuaires québécoises, le pouvoir impérial de la Grande-Bretagne a simplement été remplacé par celui d’Ottawa. S’adressant en 2013 à la Cour supérieure du Québec, l’administration portuaire de Québec a d’ailleurs précisé :
« Le port de Québec appartient à sa Majesté la Reine Élizabeth II qui lui en confie la gestion. »
Le pouvoir de cette dernière étant de Droit divin, il en résulte logiquement que la gestion portuaire à Québec possède elle-même un caractère divin, sans compter le caractère plus ou moins divin de ses gestionnaires. Cette philosophie corporative fait partie du monde portuaire au Canada depuis l’apogée de l’Empire britannique au 19e siècle.
Bien entendu, cet état de choses n’empêche pas le très généreux gouvernement du Québec de faire pleuvoir sur ces Corporations fédérales des dizaines sinon des centaines de millions de dollars des contribuables québécois. Pas mal de fric public pour des organisations qui ignorent ou méprisent cordialement l’existence même du gouvernement provincial, sans compter celle des municipalités qui les hébergent et les entourent de tous côtés.
Léonce Naud, géographe
Québec
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