La série Saint-Roch dans les années 1970 revisite le passé du quartier à travers des images d’archives de diverses sources. Aujourd'hui, on rappelle surtout un fait divers survenu en novembre 1976 dans un sympathique commerce qui ne l'a pas eu toujours facile, l'Épicerie Lajeunesse.
Saint-Roch dans les années 1970 : l’épicerie Lajeunesse
La série Saint-Roch dans les années 1970 revisite le passé du quartier à travers des images d’archives de diverses sources. Aujourd’hui, on rappelle surtout un fait divers survenu en novembre 1976 dans un sympathique commerce qui ne l’a pas eu toujours facile, l’Épicerie Lajeunesse.
En date du 20 mai 1977, la photo en vedette est tirée d’un négatif représentant l’épicerie Lajeunesse, située sur la rue du Roi, dans le quartier Saint-Roch (description des Archives de la Ville de Québec).
Dans la scène comparative en date du 3 septembre 2021, la Maison des enfants de Saint-Roch occupe l’espace du 792, rue du Roi depuis 1997. Sujet d’un précédent article de Suzie Genest, l’organisme communautaire propose entre autres « de l’aide aux devoirs, mais aussi des activités de fin de semaine, aux élèves de la 1re à la 5e années ».
Un vol aux conséquences tragiques
Pour faire suite à notre appel à tous dans le groupe Facebook Retour vers le Passé (ville de Quebec), Claude Bougie nous a référé à un article du journal Le Soleil du 30 décembre 1976, en page A7. En voici des extraits sous la plume de Jean Martel :
« Ajournement du verdict dans le cas de l’épicier Roland Lajeunesse – Le coroner Maurice Lagacé rendra plus tard sa décision concernant l’affaire de Denis Edwards, tué le 18 novembre dernier à l’épicerie Lajeunesse, située dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Il déclara, hier, à la suite de l’audition des témoins, qu’il n’était pas en mesure de rendre son jugement sur-le-champ.
Interrogé à la morgue de Québec, M. Roland Lajeunesse, épicier, affirma qu’il se tenait près de l’appareil pour couper la viande, dans son magasin, lorsque deux individus entrèrent et demandèrent l’argent du tiroir-caisse. L’un, dit-il, portait une cagoule et dissimulait une arme; l’autre, dont le visage n’était pas recouvert, tenait un fusil coupé de calibre 12.
Ils prirent l’argent que contenait le tiroir-caisse : 9 $ en tout. Ensuite, M. Lajeunesse, qui avait déjà subi trois agressions (dont une qui lui avait valu de nombreux points de suture), prit son revolver. Il tira deux coups de feu, “sans mirer”, ajouta-t-il, lorsque les deux individus s’en retournaient pour prendre la porte.
Ils s’enfuirent vers une auto stationnée un peu plus loin. […]
Quant à Denis Edwards [l’un des deux complices rattrapés par la police], il fut conduit à la salle d’urgence [de l’Hôtel-Dieu de Québec] où le Dr Chartier constata le décès. […] »
Légitime défense
Éric Lajeunesse, petit-fils de Roland Lajeunesse, a grandi avec ses grands-parents. Celui-ci a soutenu et rappelé que l’épicier était non coupable, en évoquant la légitime défense. Il ajoute :
« Les vols et les entrées par effraction la nuit étaient très fréquents. On en a vu de toutes les couleurs… »
De fait, Jean Martel a conclu son article en soulignant qu’il s’agissait du quatrième événement du genre dans cette épicerie de quartier :
« À l’occasion de son témoignage, M. Roland Lajeunesse affirme que cette agression du 18 novembre 1976 constituait la quatrième qu’il subissait. La première eut lieu en 1963. II s’agissait d’un vol à main armée perpétré dans son épicerie; il fut blessé à la tête; son fils aussi subit des blessures. La deuxième se déroula en 1975 et la troisième en mars 1976. »
Johanne Tremblay témoigne à ce propos : « Je me souviens que lors d’une de ces attaques, M. Lajeunesse a reçu une balle qui lui a vraiment frôlé l’oreille de très près. Et que depuis ce temps, il a dû porter un appareil auditif ».
Les meilleures pommes de tire au monde!
Sur une note cette fois plus légère, Johanne Tremblay évoque d’autres souvenirs de l’épicier et de la famille Lajeunesse.
« J’ai grandi avec sa fille cadette. Je n’ai que de beaux souvenirs. Et que dire des pommes de tire que Mme Lajeunesse préparait à la maison pour ensuite les descendre à l’épicerie : un délice! »
À cela, Éric Lajeunesse, que nous remercions aussi pour le partage de photos de famille, répond tout de go : « Les pommes de tire de ma grand-mère étaient les meilleures au monde ».
Habitant alors sur la rue du Roi, Martine Caron, pour sa part, ne retient que de bons souvenirs, elle aussi, de l’épicerie de sa jeunesse : « M. Lajeunesse était un homme bon et patient avec nous ainsi que son fils Clément. Belle famille! »
Archives de la Ville de Québec
De nombreuses images archivées de la Ville de Québec comme celle en vedette sont disponibles en ligne. On peut en faire la diffusion sans licence et sans frais en utilisant les vignettes estampées au logo de la Ville et en citant correctement les sources.
Vous avez, vous aussi, des souvenirs à nous évoquer sur cette épicerie de quartier? N’hésitez pas à nous en faire part sur notre page Facebook!
Voir la capsule précédente de la série : Saint-Roch dans les années 1970 (39) : la rue du Pont.
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