Le Carrefour familial des personnes handicapées a produit un documentaire intitulé « Futur antérieur : L'histoire des luttes des personnes handicapées d'hier à aujourd'hui ». Depuis 1949, l’organisme défend les droits des personnes handicapées.
Les projets ne manquent pas au Carrefour familial des personnes handicapées, qui a ses bureau dans Saint-Roch. Il produit des guides, porte des mobilisations, oeuvre pour l'aide à la personne. L'organisme reçoit les demandes individuelles des personnes dont les droits ont été bafoués et organise des comités thématiques de discussion.
« La mémoire était comme en train de se perdre »
« Faire un documentaire, ça permettait de transmettre l’histoire, le flambeau aux jeunes générations de personnes handicapées. On essaye de les pousser à s’impliquer dans les groupes communautaires », raconte Anne-Sophie Verreault, codirectrice du Carrefour familial des personnes handicapées.
Avec une rétrospective sur les luttes sociales des années 1970, le documentaire alterne entre images d'archives et entrevues avec des activistes. Lors de la projection, les activistes qui y ont participé étaient fiers du résultat final.
« Il y a un moment en particulier que j’ai trouvé beau. Il y a une personne dans le documentaire qui est un grand pionnier à Québec, Robert Labrecque. Ça a donné des beaux échanges avec les jeunes puis on pense que ça les a motivés. Les jeunes sont venus remercier Robert pour ce qu’il a fait dans le temps », se remémore Anne-Sophie Verreault.
Plusieurs membres de l'organisme communautaire, le conseil d'administration et les employé.e.s ont assisté tous ensemble au visionnement.
« On se rend compte qu’au niveau du handicap, beaucoup de dossiers ont été fait dans les années 70-80. Les gens qui ont mené ces dossiers vieillissent. On a des archives, des mémoires, mais jamais ça avait été mis en documentaire. La mémoire était comme en train de se perdre un peu. Puis les militants qui sont encore en vie sont moins impliqués. Certains sont décédés. Comme Christian Dufour, décédé en 2016, ça fait partie des images que l’on a intégrées au documentaire. »
Financé par la subvention du programme Nouveaux horizons aînés, le documentaire explore les luttes pour les droits des personnes handicapés. Le Carrefour familial des personnes handicapées l'a rendu disponible en accès libre sur YouTube. Toutes et tous peuvent l'utiliser pour des projections ou activités.
Incidemment, à l’occasion de la projection, la boutique de maïs soufflé Pop-T, réouvert sur la 1re Avenue, a offert une commandite de popcorn.
Des comités qui libèrent la parole
Aujourd’hui, il y a beaucoup de luttes ont été gagnées, rappelle la codirectrice de l'organisme. Elle ajoute que des avancées réalisées dans les années 80 sont souvent prises pour acquis. « Le transport adapté, il y a pas si longtemps que ça, ça n’existait pas. Ça a été imposé après des grandes manifestations, en 1976. Aujourd’hui, on l’utilise souvent, mais c’est pas si vieux que ça. »
En plus de produire un documentaire, l'organisme s'est beaucoup renouvelé, et spécialisé dans la défense des droits. Anne-Sophie Verreault insiste :
« Ce qui nous différencie des autres organismes, c’est qu’on est beaucoup sur la liberté de choix. La personne est libre de prendre les risques qu’elle veut, pour faire les activités qu’elle veut. »
Plusieurs comités ouvrent le dialogue sur les enjeux vécus, au quotidien, par les personnes handicapées de Québec. Comité femmes et handicap, Jeunes capés de Québec, comité aviseur en défense des droits suivent les besoins des membres.
« On travaille aussi beaucoup sur le bien-être, sur le bonheur, les activités qui sont plaisantes. Pour pouvoir les permettre à tout le monde. Puis on travaille aussi beaucoup avec nos membres, on met vraiment de l'avant le collectif. L'organisme a beaucoup de comités », décrit la codirectrice.
Violences conjugales et aide à la domicile
Dans les dossiers prioritaires, on retrouve les violences conjugales, le transport adapté, la santé sexuelle et l'aide à domicile. Un comité sur les handicaps invisibles est aussi en développement.
« Souvent, quand on pense aux personnes handicapées, on voit leur aide technique, fauteuil roulant et déambulateur. Il y a beaucoup de personnes pour qui c’est invisible et ça amène d’autres problématiques au niveau de la mobilité. Le comité sera là pour défendre ces personnes », explique Anne-Sophie Verreault
À force d'échanges, l'organisme a réalisé que les violences conjugales touchaient aussi les femmes en situation de handicap. En juin dernier, deux guides sont sortis grâce à une troisième année de financement par le Secrétariat à la condition féminine. L'un s'adresse directement aux femmes ayant un handicap qui pourraient vivre de la violence conjugale. L'autre, à leurs proches.
« La violence conjugale qui a augmenté, on l'a tous vécue. Nos membres sont encore plus vulnérables. Donc ça aussi, c'est un sujet qui revient beaucoup. Souvent, ce sont des réalités qui sont invisibilisées. Quand on en parle, on apprend toutes sortes de choses, mais chaque fois, c'est comme si on ouvrait une boîte de Pandore. Parce qu'on se disait : crime, ça, si ça arrive dans la population générale, ça doit arriver auprès de nos membres. On commence à poser des questions et puis on réalise que c'est beaucoup plus répandu que ce qu'on croit. »
Plusieurs projets du Carrefour familial des personnes handicapées seront annoncés prochainement sur son site.
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