Nous avons rencontré les candidat.e.s aux élections fédérales 2021 dans la circonscription de Québec. Chacun.e a répondu à nos questions lors d’une entrevue-portrait orientée vers nos quartiers. Le 3 septembre, nous nous avons discuté avec Jean-Yves Duclos du Parti libéral du Canada (PLC), dans le Vieux-Port.
Élections fédérales 2021 : Jean-Yves Duclos, Parti libéral du Canada
Nous avons rencontré les candidat.e.s aux élections fédérales 2021 dans la circonscription de Québec. Chacun.e a répondu à nos questions lors d’une entrevue-portrait orientée vers nos quartiers. Le 3 septembre, nous nous avons discuté avec Jean-Yves Duclos du Parti libéral du Canada (PLC), dans le Vieux-Port.
Avant de faire le saut en politique active, Jean-Yves Duclos était professeur titulaire et directeur du département d’économique de l’Université Laval. Il était l’auteur de nombreuses publications, un conférencier et un expert renommé en économie.
En 2015, après sa première élection comme député fédéral de Québec, il a été nommé ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social et ministre responsable des Aînés, de l’Itinérance et du Logement. Réélu quatre ans plus tard, il a été ensuite nommé président du Conseil du Trésor en 2019. L’année suivante, il a accédé au titre de vice-président du comité ministériel sur la COVID-19. Le 20 septembre 2021, il sollicitera un nouveau mandat auprès de l’électorat de Québec.
Quelles sont les priorités ou valeurs du PLC qui vous ont amené à joindre cette formation politique?
« Je dirais qu’il y a deux préoccupations importantes qui sont les miennes et celles que j’entends sur le terrain : le coût de la vie et et la qualité de vie. Le coût de la vie, parce que dans les quartiers de classe moyenne comme ici, ça comprend aussi les gens qui travaillent fort pour faire partie de la classe moyenne, le coût de la vie est significatif. C’est une barrière à la pleine participation et au plein bien-être des gens.
C’est pour ça que, dès le départ, avec ma préparation universitaire, j’ai aidé à mettre en place des programmes comme l’Allocation canadienne pour les enfants, (qui permet) une réduction de 40 % tous les mois de la pauvreté des enfants, ici, au moment où l’on se parle. Saint-Roch, c’est un exemple extrêmement parlant (….). Il y aurait beaucoup plus de pauvreté chez les enfants sans l’Allocation canadienne pour les enfants (…). C’est neuf parents sur dix qui la reçoivent. »
« Même chose pour les aînés. Il y a beaucoup d’aînés dans ma circonscription. Avec l’amélioration et la bonification des prestations pour les aînés, on a réduit la pauvreté chez les aînés de 25% au cours des dernières années. Ça, c’est majeur, car nos aînés vivent beaucoup d’insécurité (…). Ils s’inquiètent non seulement de leur capacité à joindre les deux bouts maintenant, mais de leur capacité future à rester autonome et à joindre les deux bouts, plus tard. »
« Ensuite, il y a la qualité de vie. Dans la circonscription et partout ailleurs dans la région, les gens se préoccupent beaucoup de la qualité de l’environnement : l’environnement propre, qui protège la santé de la nature, mais aussi la santé des gens. Les gens comprennent maintenant que les deux vont ensemble (…). De plus en plus, les gens de la circonscription veulent qu’on investisse dans la qualité de l’air (…). Les gens savent que les changements climatiques existent et (…) ont déjà un impact sur la qualité de leur environnement naturel, la qualité de l’air en particulier, la qualité de l’eau, l’accès au fleuve, l’accès aux plans d’eau, le verdissement, la canopée des quartiers centraux…
Saint-Roch, Saint-Sauveur juste à côté, Vanier, pas loin, Limoilou, Saint-Jean-Baptiste : ce sont des endroits où il y a encore trop peu de verdissement, trop peu d’espaces verts et d’espaces où on peut respirer, d’espaces qui nous protègent de la pollution. Parlant de pollution, il y a la congestion (automobile), dans les quartiers centraux, qui est une très grosse préoccupation (…). Ça crée des enjeux de sécurité, surtout pour les personnes à mobilité plus réduite, les aînés entre autres, mais aussi des enjeux de santé humaine. »
Au cours de votre mandat des deux dernières années, quels ont été vos meilleurs coups et avez-vous connu certaines déceptions?
« Les deux dernières années, ça été la pandémie (…). Je dois dire que le mot-clé, ici, a été solidarité. Le gouvernement canadien a été solidaire des Québécois de la circonscription et les Québécois de la circonscription ont été solidaires entre eux. Le gouvernement canadien a aidé, dans la ville de Québec, à peu près 220 000 personnes qui, à un moment ou un autre, ont reçu de l’aide du gouvernement canadien. Ça peut être par la subvention salariale, par la Prestation canadienne d’urgence (PCU), par les prestations aux aînés, qui ont été améliorées, même chose pour les prestations aux enfants. »
« Cela a eu deux effets additionnels : (en premier lieu) protéger le tissu social. Cela a aussi protégé notre tissu économique, le milieu communautaire, le milieu des médias, le milieu artistique, évidemment, le secteur touristique. Beaucoup de ces secteurs ont énormément souffert. En investissant de manière forte et rapide, on a sécurisé, on a protégé ces secteurs pour qu’ils puissent ensuite être relancés.
Le deuxième avantage, c’est qu’on a pu protéger la santé des gens. On demandait aux gens, aux travailleurs autonomes, aux salariés, de rester à la maison et d’éviter d’aller contaminer les gens à l’extérieur. Mais rester à la maison quand on n’a plus rien pour payer l’épicerie, ça ne marche pas. Contrairement à d’autres pays, dont les États-Unis, on savait que, pour que les gens puissent protéger leur santé et celle de leurs proches, il fallait qu’ils aient des sous pour payer l’épicerie à la fin de la semaine. Donc ce fut au cœur de mon travail au cours des deux dernières années : protéger les gens, protéger leur santé et protéger nos emplois et notre économie », explique M. Duclos en faisant référence à ses bons coups.
« Si on avait su, dès le début, ce qu’était la COVID, on aurait effectivement agi différemment. Comme le port du masque, ce n’était pas le gouvernement canadien qui décidait, évidemment, mais (ce dernier) était un leader en matière scientifique. Ç’a pris quelques semaines avant que l’on comprenne que le port de masques, dans le contexte de la COVID-19, un nouveau virus, allait jouer un rôle majeur pour protéger les gens », répond-t-il, lorsqu’on le relance au sujet de possibles déceptions ou de ce qu’il aurait fait différemment en cours de mandat.
Qu’est-ce qui vous lie à la circonscription de Québec?
« Le milieu communautaire. J’ai une grande estime et un grand attachement envers le milieu communautaire. Dans la circonscription, il y a 400 organismes communautaires. Il y en a beaucoup, ici autour, qui luttent contre l’itinérance, qui luttent pour les aînés, les enfants, les jeunes qui se cherchent une place dans la société, les personnes qui souffrent d’enjeux de santé mentale et pour beaucoup d’autres personnes qui sont marginalisées. »
« On a travaillé très fort, durant la pandémie, pour les aider. Non seulement leurs revenus avaient diminué (…), il y avait plus de besoins. Plus de gens avaient besoin de leurs services et ça coûtait plus cher d’offrir ces services parce qu’il fallait s’équiper de matériel de protection individuel, il fallait avoir de plus grands espaces de travail. On était plus loin des gens qu’on voulait servir (…). On a été là pour eux. Je suis très fier du travail qu’ils ont fait durant la pandémie. Grâce à eux, on est passé au travers plus facilement. »
« Je viens de Québec, je suis né à Québec. Ça fait 18 ans, ma conjointe et moi, qu’on habite dans la circonscription. Mes enfants ont grandi dans la circonscription (…). La mixité, ou diversité, c’est un mot-clé pour qualifier la circonscription. C’est une circonscription qui ressemble beaucoup au Québec dans son ensemble. »
Justement, selon vous, qu’est-ce qui distingue votre circonscription, sa population, ses besoins? Par exemple, au centre-ville, les réalités ne sont pas les mêmes qu’à Duberger ou certains secteurs de Vanier.
« Premièrement, les gens que je rencontre sont tous très fiers d’habiter ici. On a un environnement naturel et patrimonial qui fait la jalousie de plusieurs autres endroits au Canada (…). Les gens sont donc attachés à leur environnement naturel et patrimonial, à leur environnement social. Les gens, entre autres, dans les quartiers centraux, dans Saint-Roch, dans Saint-Sauveur, par exemple, mais aussi dans Vanier, sont fiers de leur communauté. »
« C’est quelque chose que je reconnais : la diversité de ma circonscription et l’attachement à la communauté. »
Voici cinq enjeux qui intéressent particulièrement le lectorat de nos quartiers. Pour chacun, quel est, selon vous, le plus grand défi? À quoi vous engagez-vous?
Logement
« Trois choses (…) La première, c’est depuis 2015, le gouvernement canadien a fait un virage à 180 degrés pour le financement du logement social. Avant 2015, l’ancien gouvernement (du conservateur Stephen Harper), son objectif, c’était d’annuler totalement les subventions au logement social. Nous, ç’a été complètement tourné à l’envers, à 180 degrés. Non seulement on a sécurisé pour de nombreuses années le logement social (…), mais c’est bonifié aussi. On va en construire davantage de logement social pour les gens qui en ont besoin. »
« Deuxième chose, c’est l’annonce qu’on a faite pour les acheteurs de premières propriétés, pour aider les familles, les jeunes familles en particulier, à s’installer en milieu urbain, comme ici, avec un compte d’épargne libre d’impôt de 40 000 $ pour leur faciliter l’achat d’une première propriété. »
« La troisième chose, c’est de protéger les droits des acheteurs dans un marché immobilier en surchauffe. Il y a un déséquilibre du rapport de force entre les acheteurs et les vendeurs. Les acheteurs sont des gens qui ont déjà de la difficulté à joindre les deux bouts et les vendeurs, ce sont de plus en plus des gros propriétaires, parfois étrangers, qui investissent dans le logement pour des fins souvent spéculatives, qui n’ont rien à voir avec la qualité de vie et le coût de la vie dans des quartiers comme ici. On va mettre en place une charte des droits des acheteurs pour rétablir un rapport de force sain entre les acheteurs et des vendeurs.»
Transport
« Le Réseau de transport structurant (de la Ville de Québec), c’est une façon de structurer notre développement urbain, un développement plus propre, plus respectueux de la santé des gens.
Le troisième lien, j’ai été très clair. Le gouvernement canadien ne finance plus et ne financera pas de nouvelles autoroutes, y compris dans des milieux urbains sensibles comme ici. Nous avons devant nous une ville du Patrimoine mondial de l’humanité (de l’UNESCO). On a déjà, autour de nous, des gens qui sont affectés par la pollution et la congestion. Ce que j’entends sur le terrain, c’est aucun appétit pour une autre autoroute et une autre bretelle qui vont sortir et affecter les quartiers centraux comme ici. »
« On croit que les investissements en transport doivent aller vers le transport en commun, le transport collectif et actif. C’est pour ça qu’on va continuer notre collaboration avec la Ville de Québec et le gouvernement du Québec pour voir comment investir ces milliards de dollars additionnels qu’on a déjà annoncés au cours des derniers mois, qui seront disponibles pour notre province, notre région. »
Environnement et verdissement
« Notre planète brûle, notre planète étouffe, et on en ressent de plus en plus les effets, surtout dans des endroits comme ici, où il y a peu d’arbres, peu d’espaces verts, donc beaucoup d’îlots de chaleur. C’est extrêmement regrettable, parce que les gens veulent venir ici, dans un milieu urbain. On est proche des services, proche du transport en commun, proche du travail, souvent. Les gens veulent venir ici, mais pas au sacrifice de leur santé. Il faut que les activités de verdissement s’accroissent. »
« La bonne nouvelle, c’est que le gouvernement canadien est au rendez-vous. On a déjà, au cours des deux dernières années, mis à la disposition (et) sécurisé dans notre budget des sommes importantes qu’on va investir avec la Ville de Québec et le gouvernement du Québec pour les quartiers centraux. C’est super important d’accroître à la fois la santé de notre environnement naturel et la santé des gens. On va planter deux milliards d’arbres (au pays) au cours des neuf prochaines années, mais on sait qu’une bonne partie des ces arbres-là devra être ici en milieu urbain »
Rareté de la main-d’œuvre et relance économique
« C’est très difficile pour les commerçants, mais pas juste pour les commerçants. C’est difficile pour les écoles, les hôpitaux, les services de garde, les usines, les résidences pour aînés, partout! On sent de plus en plus les conséquences des changements démographiques. Ces conséquences ont commencé à apparaître au début des années 2010. Avant ça, c’était dans les régions plus éloignées, mais à partir de 2010, dans la région de Québec, la population en âge de travailler a commencé à baisser. Tous les ans, il y a 1000 travailleurs de moins en âge de travailler dans la région de Québec et ça va continuer dans les 15 prochaines années. »
« Qu’est-ce qu’il faut faire? C’est trois choses. La première, c’est de s’assurer que tous et toutes aient le chance de participer au marché du travail. Ça commence par les femmes qui, après un congé parental, veulent retourner travailler. Des services de garde, il en faut davantage. L’entente avec le gouvernement du Québec, c’est central. C’est 37 000 parents, surtout des femmes, qui vont pouvoir retourner travailler après leur congé parental si ça va de l’avant. Vous savez que les conservateurs ne sont pas d’accord.
La deuxième chose, c’est la formation pour les travailleurs qui ont été délogés au cours des derniers mois, les jeunes qui ont de la difficulté à trouver leur place, les travailleurs plus expérimentés qui doivent se reformer pour une nouvelle carrière. La formation, c’est super important.
La troisième, c’est l’immigration. De nouveaux arrivants dans la région de Québec, on en a besoin. La bonne nouvelle, c’est qu’on est capable de les intégrer, comme le marché du travail les accueille facilement. »
Itinérance et cohabitation
« La pandémie a exacerbé les enjeux d’itinérance. La crise du logement ajoute de l’huile sur le feu, la crise sociale aussi, la crise des opioïdes… Tout ça, malheureusement, ça accroît l’itinérance visible et invisible, parce qu’il y a aussi l’itinérance invisible, entre autres chez les femmes et chez les jeunes. Donc, les pressions sociales s’accentuent.
La bonne nouvelle, c’est que, durant la pandémie et ça va continuer, le gouvernement canadien a multiplié par trois l’aide aux organismes communautaires, ici, dans la circonscription, en matière de lutte contre l’itinérance. On sait que ça va donner plus de ressources et donc plus de capacité à ces organismes de continuer à améliorer la cohabitation (entre leurs usagers, résidents et commerçants). »
« Ce que j’entends, dans la circonscription, surtout dans la Basse-Ville, c’est que les gens croient à l’importance de la mixité, la cohabitation, mais que ça prend des ressources pour gérer ça. »
Qu’est ce que les citoyens et citoyennes de votre circonscription vous ont appris jusqu’ici?
« Mes concitoyens m’ont démontré la puissance à la fois de la solidarité et de la résilience durant la pandémie. Faisant face à la pire crise sanitaire depuis 1919 et la pire crise économique depuis la grande dépression de 1929, ils ont fait des efforts considérables pour protéger notre tissu communautaire et économique. Ils ont pris soin les uns des autres, livré des repas, appelé des proches, offert leur temps à des organismes communautaires. Ils sont maintenant prêts à continuer d’avancer ensemble pour une relance forte, verte, juste et sécuritaire. »
Qu’est-il important que les gens sachent/comprennent davantage à propos du rôle et du « pouvoir » de leur député.e fédéral.e?
« Je dirais que c’est à la fois coût de la vie et qualité de vie. Coût de la vie, entre autres, par l’aide aux enfants et aux aînés. Quarante pour cent de moins de pauvreté des enfants. Vingt-cinq pour cent de moins de pauvreté des aînés… De l’aide directe à ceux qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Et la qualité de vie, par des investissements dans l’environnement naturel, le verdissement, le logement (…).
Ce n’est pas la santé, ce n’est pas l’éducation, qui relèvent du gouvernement du Québec, ce n’est pas l’entretien des routes, ce n’est pas les loisirs, la gestion des déchets ou l’eau potable comme à la Ville de Québec, mais c’est une aide très directe aux gens de la classe moyenne ou une aide à la communauté, qui fait une différence pour la qualité de vie. »
Tou.te.s les candidat.e.s confirmé.e.s au 1er septembre ont été contacté.e.s pour une entrevue. Les portraits paraissent dans l’ordre où ils ont pu être complétés. Les propos des candidat.e.s ont été édités en fonction de critères de longueur, de format et de lisibilité. Les arguments, données, exemples et sources qu’ils contiennent sont rapportés sans intervention ni vérification.
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.