La Clinique Droit de cité se consacre à l'accompagnement et à la défense des droits des personnes dites marginalisées. La Table de quartier L'Engrenage de Saint-Roch se définit comme un lieu de réflexion, d’échange et d’action pour groupes communautaires et citoyen.ne.s désireux d’améliorer la qualité de vie dans le quartier, en se préoccupant des plus vulnérables. Les deux organismes signent conjointement le texte suivant en réaction à de récents reportages sur les enjeux de cohabitation dans le quartier.
Cohabitation dans Saint-Roch : « Les organismes communautaires font partie de la solution »
La Clinique Droit de cité se consacre à l’accompagnement et à la défense des droits des personnes dites marginalisées. La Table de quartier L’Engrenage de Saint-Roch se définit comme un lieu de réflexion, d’échange et d’action pour groupes communautaires et citoyen.ne.s désireux d’améliorer la qualité de vie dans le quartier, en se préoccupant des plus vulnérables. Les deux organismes signent conjointement le texte suivant en réaction à de récents reportages sur les enjeux de cohabitation dans le quartier.
La Clinique Droit de Cité et la Table de quartier l’Engrenage de Saint-Roch combinent leurs forces pour réagir aux divers articles parus dans les médias récemment concernant certains enjeux de cohabitation présents dans notre quartier. Nulle n’est notre intention d’invalider les perceptions et sentiments évoqués par certaines personnes. Il s’agit plutôt de remettre les choses en perspective et d’apporter quelques nuances.
Rappelons que les acteurs.trices d’organismes communautaires sont au front pour encourager l’inclusion sociale de toutes les personnes dans le respect de leur unicité, et qu’ils et elles constatent chaque jour les défis que cela exige. Car, avouons-le, les iniquités sociales et la tendance au repli sur soi rendent cette tâche d’autant plus difficile.
Les travailleurs et travailleuses du milieu communautaire s’évertuent à créer des ponts, à susciter le dialogue, à faire reconnaître la place de chacun.e en société, à favoriser une cohabitation harmonieuse, à enrichir l’analyse des enjeux sociaux et à proposer des solutions alternatives à des problèmes complexes. Ceux-ci et celles-ci s’en trouvent donc d’autant entravé.es dans leur travail, voire choqué.es, lorsqu’ils et elles observent certaines réactions qui vont dans le sens contraire de leurs efforts.
Les acteurs.trices du milieu communautaire font des pieds et des mains pour tenter de répondre le mieux possible aux besoins de base des personnes en situation de précarité en même temps qu’ils et elles interpellent l’ensemble de la société pour faire advenir un monde – un quartier à la fois (!) – plus juste et solidaire. Les organismes communautaires font partie de la solution et non du problème. Sachons donc être sensibles à ce travail, et contribuons-y positivement plutôt que d’y nuire.
Pour éviter de tendre vers le jugement, il est aidant de se questionner sur les raisons pouvant expliquer certains comportements jugés dérangeants, plutôt que de sanctionner les comportements eux-mêmes. Sur le terrain, nous avons été en mesure de recueillir diverses réactions en lien avec ces enjeux de cohabitation. Des personnes dérangées par certains comportements étaient en mesure de relativiser les choses, d’apporter certains bémols quant aux défis vécus par les personnes en situation d’itinérance ou en difficulté, entre autres pour ce qui est de l’accès à des services leur permettant de répondre à des besoins de base.
À titre d’exemple, l’accès à des installations sanitaires publiques est déjà ardu et la pandémie complexifie davantage les choses. Mentionnons aussi que des comportements peuvent être dérangeants, mais qu’ils ne sont pas nécessairement dangereux. Le sentiment d’insécurité provient souvent de la perception que nous avons face à quelque chose que nous ne connaissons pas et l’aspect de la « dérangerosité » est souvent plus présent qu’une réelle dangerosité. Malgré cela, il est important que ces malaises soient nommés et adressés, afin d’ouvrir des espaces de dialogue et réussir à les surpasser.
D’un autre côté, ce sentiment d’insécurité est aussi vécu par les personnes vivant dans la rue, qui ont accès à peu d’options pour assurer la protection de leur intégrité physique. Par ailleurs, plusieurs d’entre elles ont mentionné avoir été blessées par la couverture médiatique récente. Elles partageaient le sentiment de toutes avoir été mises dans le même panier, alors que chaque individu a des besoins, des valeurs et une identité propre. Généraliser certains comportements à tout un groupe de personnes est réducteur et atteint directement l’estime des gens se faisant attribuer à tort des gestes répréhensibles, en plus de fausser l’image publique réelle de ce groupe.
L’impression d’être perçu comme une nuisance est aussi ressortie, alors que plusieurs personnes habitent le quartier depuis longtemps et en sont fières. Certaines ressentent que leur départ du quartier serait même souhaité. Bien que des gens puissent être considérés comme sortant de la norme et être ainsi marginalisés, le fait d’être dérangeants ne peut être un motif pour que la communauté d’appartenance leur retire leur humanité et leur citoyenneté. Ils et elles demeurent des citoyen.nes à part entière.
Il est temps, plus que jamais, d’entreprendre une réflexion collective sur le vivre ensemble. La mixité sociale est un état, un aspect de notre quartier qui le caractérise et en fait partie depuis de nombreuses années. Cette mixité, nous le croyons, le rend plus riche et vivant. Il ne suffit pas d’être tolérant.e face à cette mixité, mais d’y évoluer en contribuant, chacun.e à notre façon, à ce que la cohabitation avec les différents acteurs.trices qui la composent soit la plus harmonieuse possible. Il nous paraît que, de cette façon, les irritants pourraient diminuer et, par la même occasion, que le niveau de confort et de bien-être dans le quartier que nous avons choisi en serait bonifié.
Dans quelle mesure connaissons-nous les citoyen.nes qui vivent une réalité différente de la nôtre et qui, pourtant, partagent les mêmes espaces que nous au quotidien et fréquentent les mêmes lieux? Chaque être humain a besoin de reconnaissance, d’être valorisé et considéré. Cela ne se fait pas sans certains inconforts face aux réalités et comportements d’autrui.
Il est possible de réfléchir aux façons par lesquelles nous pouvons contribuer à améliorer la qualité de vie de chaque citoyen.ne. Ainsi, nous pourrions nous attarder aux motifs de certains comportements plutôt que de punir systématiquement ceux et celles qui les adoptent. Nous sommes convaincu.es que c’est en allant à la rencontre de l’autre, en s’informant auprès des ressources en place, en s’impliquant et en traitant chacun.e avec respect, comme son égal.e, que pourrait naître, ou alors se consolider, un mouvement de solidarité faisant le moins possible ombrage aux droits et au confort de qui que ce soit.
La Clinique Droit de Cité et la Table de quartier l’Engrenage de Saint-Roch
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