Des services de consommation supervisée dans les locaux de SABSA

À compter de la mi-février 2021, des services de consommation supervisée pour les personnes utilisatrices de drogues par injection et par inhalation seront mis en place dans les présents locaux de la clinique SABSA, sur la rue Saint-Vallier Est. Cette clinique va pour sa part déménager et occuper un nouvel espace sur la rue de la Couronne en janvier 2021.

Des services de consommation supervisée dans les locaux de SABSA | 18 novembre 2020 | Article par Julie Rheaume

Amélie Bédard, directrice générale de la Clinique SABSA

Crédit photo: Suzie Genest

À compter de la mi-février 2021, des services de consommation supervisée pour les personnes utilisatrices de drogues par injection et par inhalation seront mis en place dans les présents locaux de la clinique SABSA, sur la rue Saint-Vallier Est. Cette clinique va pour sa part déménager et occuper un nouvel espace sur la rue de la Couronne en janvier 2021.

Les services de consommation supervisée (SCS) sont le fruit d’un partenariat entre la coopérative de solidarité SABSA et le Centre intégré universitaire de la santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSSCN). Ils verront donc le jour dans les présents locaux de SABSA à compter de février prochain.

L’endroit pourra accueillir une quinzaine d’usagers. Il devrait compter cinq cubicules de consommation et d’injection, un espace d’accueil pour 4 à 5 personnes et un espace de répit, a-t-on appris lors de la conférence de presse. Précisons que ces chiffres ne tiennent pas compte de restrictions liées à l’actuelle pandémie.

Le CIUSSS bénéficie de financement provenant du Fonds national de lutte aux opioïdes. Les travaux d’aménagement et d’acquisition de matériel devraient s’élever à 500 000 $. Les coûts opérationnels devraient ensuite se chiffrer en-deçà d’un million $ par année. Sur place, les intervenants sociaux et pairs aidants relèveront de SABSA. Les infirmières seront quant à elles embauchées par le CIUSSSCN. Pour la couverture de services envisagée, l’équipe sera composée d’environ six personnes.

Avantages

« (C’est donc ici) que les personnes utilisatrices de drogue par injection et inhalation pourront recevoir des services adaptés à leurs besoins dans un environnement sécuritaire et supervisé grâce à la présence d’infirmières et d’intervenants», a indiqué Claudine Lemay, directrice adjointe des programmes de santé mentale et dépendances au CIUSSSCN, lors du point de presse qui se tenait à l’extérieur des présents locaux de SABSA, le 18 novembre. Selon Mme Lemay, le projet comporte plusieurs avantages :

« Par sa localisation, à la jonction des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur, le site permet de mieux rejoindre les personnes utilisatrices qui résident ou fréquentent ces deux quartiers. Au fil des années, la coop SABSA a su bâtir des liens de confiance auprès des usagers grâce à son ancrage dans la communauté et son approche de réduction des méfaits et la qualité des soins qui y sont dispensés ».

SABSA accueille déjà des utilisateurs de drogue et la « cohabitation se passe bien », ajoute Claudine Lemay.

L’implantation d’un SCS est un « besoin reconnu et bien documenté », affirme-t-elle. Dans le contexte sanitaire actuel, les enjeux liés à la consommation et « l’augmentation recensée des surdoses confirment la nécessité d’implanter les services à très court terme à Québec ». Une telle ressource vise aussi à sécuriser les espaces publics et améliorer la qualité de vie de tous les citoyens de la communauté dans laquelle elle s’implante.

De tels centres entraînent une diminution des pratiques à risques lors de l’injection, soutient Dre Anne-Frédérique Lambert-Slight, médecin-conseil à la Direction de la santé publique du CIUSSSCN. Entre autres, « des pratiques qui peuvent amener des infections transmissibles par le sang comme l’hépatite C et le VIH », selon la médecin.

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Consommer dans un « endroit sécuritaire » s’avère un atout, ajoute Dre Lambert-Slight. Les usagers pourront y recevoir des conseils. Ceux-ci pourront également être dirigés vers des ressources appropriées lorsqu’ils « seront prêts à faire un pas de plus pour arrêter de consommer ».

En cas de surdose, une équipe sera aussi prête à agir « immédiatement » pour venir en aide à l’usager, d’ajouter Amélie Bédard, directrice générale de SABSA, en conférence de presse.

Déménagement

Les nouveaux locaux de la coopérative SABSA seront situés au 265, rue de la Couronne, bureau A. Ils se trouveront à distance de marche l’ancienne clinique, lui permettant ainsi de poursuivre ses soins dans un endroit qui demeure accessible pour la clientèle qu’elle dessert.

«  La mission de SABSA a toujours été de développer et d’offrir des soins et des services adaptés et intégrés pour les personnes les plus vulnérables qui trouvent difficilement leur place dans le système de santé… D’aider ces personnes, de les accompagner à trouver leur place », de dire Amélie Bédard.

« L’équipe de SABSA travaillera sans relâche pour être pleinement fonctionnelle pour son ouverture prévue au 18 janvier 2021 », a-t-elle soutenu.

« Notre nouvel emplacement permettra d’accueillir plus efficacement nos patients et répondra à nos besoins particuliers. L’aménagement de notre clinique de proximité est en cours et nous permettra de réunir, au même endroit, la clinique, l’administration et de la Fondation SABSA. Ces deux dernières années, nous avons vu le personnel passer de 6 à 15 employés. Avec la situation actuelle, nous constatons que les besoins de la population continuent d’augmenter. Nous répondons à des besoins criants », a ensuite ajouté la directrice générale par voie de communiqué

Consultations

Deux séances de consultations auront lieu en lien avec le service de consommation supervisée.

Une assemblée publique d’information et d’échanges se tiendra le jeudi 3 décembre à 19 h par visioconférence (Zoom). Une assemblée de « voisinage » destinée à ceux et celles qui habitent près des lieux du futur centre aura également lieu sur invitation. Les personnes concernées devraient recevoir la convocation ce jeudi 19 novembre, au lendemain de l’annonce.

Marine Séries, organisatrice communautaire, CIUSSS de la Capitale Nationale
Crédit photo: Suzie Genest

Ces rencontres d’échange et d’information s’inscrivent dans la continuité de ce « qui avait été fait en 2018 », a dit Marine Sériès, organisatrice communautaire au CIUSSS, lors du point de presse. On veut ainsi informer et rassurer les gens à propos du projet.

 

Longue saga

En 2018, il avait été annoncé qu’un centre d’injection supervisée serait implanté à l’angle des rues Sainte-Marguerite et Monseigneur-Gauvreau, dans Saint-Roch.

Le CIUSSSCN avait ensuite fait volte-face et indiqué qu’il étudiait de nouveaux emplacements, rapportait Radio-Canada au début de 2019. Le projet initial avait suscité consultations, critiques et débats.

Au départ, l’organisme Point de repères était le partenaire du CIUSSSCN dans ce projet.

À noter que le terme « centre d’injection supervisée » fait désormais place à « services de consommation supervisée », pour inclure l’usage par inhalation (pour les drogues illégales).

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