Post Humains : Défini·e par ses limites

Tout part des limites. Celles du corps, celles du soi. Celles qu’on peut ou non accepter. C’est ce qui nous rend humains, créer et utiliser des outils permettant de pallier les manques inhérents à notre condition. Et c’est le but de la médecine : chercher à prolonger la vie.

<em>Post Humains</em> : Défini·e par ses limites | 27 mai 2019 | Article par Marrie E. Bathory

Crédit photo: Marie-Andrée Lemire

Tout part des limites. Celles du corps, celles du soi. Celles qu’on peut ou non accepter. C’est ce qui nous rend humains, créer et utiliser des outils permettant de pallier les manques inhérents à notre condition. Et c’est le but de la médecine : chercher à prolonger la vie.

Post Humains, présentée dans le cadre du Carrefour international de théâtre, ouvre une fenêtre sur les possibilités de dépassement de la condition humaine que nous offriront dans un futur proche les technologies : le transhumanisme.

Tous handicapés

On pense d’abord (d’un point de vue capacitiste) aux prothèses et aux implants comme moyens de pallier des handicaps, seulement pourquoi se contenter de reproduire les sens humains tels qu’on les connaît s’il est possible d’aller au-delà? Dès lors, qui ne profite pas de ces mises à niveau devient la personne handicapée, limitée à ce que ses sens naturels lui permettent de percevoir.

Au fait, n’est-on pas tous un peu brisés par défaut? Le vieillissement, la mort elle-même ne deviennent-ils pas des problèmes médicaux à enrayer?

On l’effleure, mais on ne l’aborde pas encore de front : la question du privilège. Qui pourra en effet prétendre à l’immortalité, sinon une poignée de privilégiés?

Au centre, l’humain

La pièce a pour ancrage le récit de Dominique : la quête d’un meilleur outil de gestion de sa glycémie que son archaïque glycomètre, sans pour autant céder ses données biométriques à des « tierces parties ». Au fil de ses rencontres avec biohackers et cyborgs, on comprend que les questions d’éthique ont moins trait aux limites technologiques à s’imposer qu’à l’inquiétante mainmise du capitalisme.

La mise en scène d’Édith Patenaude et Dominique Leclerc, assistées par Patrice Charbonneau-Brunelle, fait certes appel à quelques effets visuels évoquant le monde virtuel, mais demeure plutôt sobre et sert bien le propos : au bout du compte, les humains sont au centre de tout. Sur scène avec Dominique Leclerc, les comédiens Édith Paquet et Didier Lucien, ainsi que le journaliste Dennis Kastrup, portant aussi la pièce sur leurs épaules.

Comme tout le monde

Plus on en sait, plus on perçoit ses opinions, et ses propres limites, comme arbitraires, appelées à changer. On rechignait autrefois à l’idée de mettre en ligne sa vie privée; aujourd’hui, qui lit en détail les conditions d’utilisation avant de cliquer sur « J’accepte »? Tout le monde le fait, alors pourquoi pas?

En somme, Post Humains sert au public les données qui lui permettront de se poser lui-même des questions nécessaires. Car ceci n’est pas un épisode de Black Mirror, pas une fiction. Et on n’a pas le loisir d’y échapper : à l’instar de la politique, même si vous ne vous en occupez pas, elle, elle s’occupera de vous.

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La pièce de théâtre documentaire Post Humains est présentée à nouveau ces 27 et 28 mai à la salle Multi de Méduse.

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