L’aménagement au cœur de la stratégie routière 2019-2023

Plusieurs organismes locaux préoccupés par la sécurité des déplacements dans la ville de Québec adressent une lettre aux élus municipaux pour demander un changement d'approche et d'intervention en la matière.

Plusieurs organismes locaux préoccupés par la sécurité des déplacements dans la ville de Québec adressent une lettre aux élus municipaux pour demander un changement d’approche et d’intervention en la matière.

Le bilan routier annuel de la SAAQ, paru en janvier 2018, note qu’une augmentation de 11,3 % de collisions mortelles touchant des piétons s’est fait ressentir à l’échelle de la province en 2017. L’analyse des données montre aussi que la situation dans la ville de Québec est très préoccupante à cet égard puisqu’elle a vu le nombre de piétons décédés, bondir de 100 % en 2017, passant de trois morts en 2016 à six morts en 2017. Sur la période 2012 à 2017, 20 piétons sont décédés et 138 ont été blessés grièvement. Ce sont trop de victimes !

Face à ce constat désolant, vous avez l’opportunité cette année d’améliorer le bilan routier qui touche les usagers les plus vulnérables, en renforçant l’efficacité de la stratégie routière que la Ville de Québec s’apprête à adopter cette année. Il est important que la nouvelle stratégie 2019-2023 s’engage à assurer des environnements routiers sécuritaires pour tous. Dans un contexte où le risque de collision augmente puisque le volume de véhicules sur l’ensemble du territoire ne cesse d’augmenter, il s’agit d’un véritable défi qui s’adresse à vous.

Nous pensons que la Ville de Québec doit faire mieux et qu’elle peut faire mieux en changeant son approche. Durant la période 2015-2017, la stratégie de la Ville de Québec visait majoritairement la modification des comportements individuels : surveillance policière, contrôles routiers, campagnes de sensibilisation, distractions au volant, etc. Ces interventions, bien que nécessaires, ont des effets de courte durée et le travail est sans cesse à recommencer.

En fait, nous observons que malheureusement les interventions durables sur l’environnement bâti et les infrastructures routières sont le parent pauvre de cette stratégie. Pourtant, tel que le mentionne la Direction régionale de santé publique de Montréal, il est généralement reconnu que ces interventions sont plus efficaces pour améliorer la sécurité routière que les approches basées sur le comportement individuel puisqu’elles s’appliquent par défaut à tous les usagers sans nécessiter l’adoption de comportements.

En outre, l’approche actuelle de la Ville de Québec en matière d’infrastructure routière qui consiste à cibler les endroits les plus accidentogènes a montré sa limite puisqu’elle ne retient pas l’ensemble du territoire où les accidents ont lieu. Nous recommandons plutôt d’intervenir sur l’ensemble des intersections d’une artère ou d’un quartier. Pour améliorer significativement la sécurité, des mesures d’apaisement de la circulation efficaces doivent être implantées à cette échelle, incluant les terre-pleins, les saillies de trottoir, les réductions de la largeur des voies, etc.

À ce titre, nous soulignons que cela fait plus de vingt ans que le Guide de conception géométrique des rues de la ville de Québec n’a pas été actualisé. Il pourrait l’être en s’inspirant du concept des rues conviviales qui vise à soutenir des déplacements accessibles, sécuritaires et confortables pour tous les modes de déplacement. Ce concept pourrait être intégré à la planification de l’ensemble des rues de la Ville à toutes les fois qu’une rue, une collectrice ou une artère est refaite.

La réduction du risque, à la source, doit donc guider l’action de notre municipalité. Et pour les piétons, la diminution du risque passe nécessairement par une diminution de la vitesse pratiquée par les véhicules motorisés puisque c’est une question de vie ou de mort. Tel que le mentionne la SAAQ, la plage entre 30 km/h et 50 km/h est celle où la probabilité de décès d’un piéton, frappé par un véhicule, augmente subitement. La probabilité de décès passe ainsi de 10 % à 30 km/h à 75 % quand un véhicule circule à 50 km/h. Autrement dit, les chances de décès sont multipliées par 7,5 si un usager vulnérable est percuté par un véhicule qui circule à 50 km/h plutôt qu’à 30 km/h.

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On sait aussi que l’affichage de la vitesse, à lui seul, a peu d’impact sur la vitesse pratiquée. Il faut se rappeler que l’humain fait et fera toujours des erreurs, mais que des mesures d’aménagement peuvent et doivent être mises en place pour y remédier ! Par exemple, dans la ville de Québec, la vitesse pratiquée par la vaste majorité des conducteurs est actuellement de 51 km/h dans les zones où elle est affichée à 30 km/h. Si l’on veut protéger les usagers les plus vulnérables, il faut le faire en améliorant l’environnement.

Nous saluons donc positivement la volonté de la Ville de Québec d’adopter une nouvelle stratégie routière qui, nous l’espérons, sera l’objet d’une consultation publique. Cependant, nous tenons à nous assurer, dès à présent, que l’aménagement soit placé au cœur des initiatives posées pour améliorer le bilan routier. La sécurité routière, c’est l’affaire de tout le monde et votre responsabilité est déterminante puisqu’il convient d’adopter une stratégie et des moyens d’action efficaces.

Chères élues et chers élus, toutes et tous s’entendent pour dire qu’aucune mort n’est acceptable, maintenant, place à l’action !

Lettre appuyée par :

  • Centre communautaire Jean-Guy Drolet – Pascale Desbiens, animatrice communautaire
  • Conseil de quartier de la Pointe-de-Sainte-Foy – Simon Poulin, président
  • Conseil de quartier Saint-Louis – Nadia Aubin-Horth, administratrice
  • Conseil de quartier de Saint-Sauveur – Sylvain Simoneau, Président
  • Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur – Éric Martin, coordonnateur du plan de mobilité durable du quartier Saint-Sauveur
  • Comité populaire Saint-Jean-Baptiste – Marie-Ève Duchesne, organisatrice communautaire
  • Le P’tit marché solidaire de Limoilou – Gracia Adam, chargée de projet
  • Mobilisation régionale et locale sur les saines habitudes de vie, le poids et la santé de la Capitale-Nationale – Mariane Julien, coordonnatrice
  • Mon équilibre UL – Julie Turgeon, coordonnatrice
  • Nature Québec – Cyril Frazao, coordonnateur du programme Milieux de vie en santé
    Ruesécure inc. – Paul Mackay, directeur
  • Table de quartier Saint-Pierre-aux-liens – Donald Bélanger, porte-parole du comité sur les déplacements durables

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