Ouvert depuis 4 ans, fermé depuis 10 ans : un double Antiversaire

L'Antiversaire de 2019 soulignera, du 21 au 24 août, les quatre années du bar-spectacle de la rue Dorchester, mais aussi la fermeture de L'Anti « 1.0 » sur la côte d'Abraham, il y a 10 ans.

Ouvert depuis 4 ans, fermé depuis 10 ans : un double Antiversaire | 14 août 2019 | Article par Suzie Genest

Crédit photo: Daniel Vandal

L’Antiversaire de 2019 soulignera, du 21 au 24 août, les quatre années du bar-spectacle de la rue Dorchester, mais aussi la fermeture de L’Anti « 1.0 » sur la côte d’Abraham, il y a 10 ans.

L’Anti de la côte d’Abraham, opérée d’abord par Jay Manek, avec qui Karl-Emmanuel Picard s’est associé, était une salle pour tous, sans vente d’alcool. On y voyait des groupes qui, avant son ouverture, jouaient dans des salles communautaires ou excentrées, explique Karl-Emmanuel Picard. C’était avant le Cercle, avant l’AgitéE – où il a produit des spectacles également.

Quatre bons coups

Parmi les quatre meilleurs coups de l’Anti ces quatre dernières années, Karl-Emmanuel Picard souligne d’abord la reconnaissance acquise dans le milieu. Plus besoin d’argumenter beaucoup pour convaincre les groupes d’y jouer. Vient ensuite la cohabitation avec son voisinage.

« On avait souvent des plaintes de bruit […] une lettre avait été laissée devant le bar et pendant un mois, je me suis mis à ramasser les déchets et prendre des photos, puis j’ai dit à d’autres de venir en ramasser […] J’ai construit des boîtes à fleurs et tout. Depuis ce temps-là, je n’ai plus jamais eu de plaintes. C’est important de bien s’entendre avec les citoyens […] qui ne viennent pas nécessairement à l’Anti. »

Il se réjouit aussi d’avoir accueilli des artistes comme Marjo, le DJ des Beastie Boys Mix Master Mike, Fred Fortin, Agnostic Front – ces deux derniers comptant parmi ceux qui ont préféré faire deux ou trois soirs à l’Anti plutôt qu’un seul dans une plus grande salle. Et il clôt son Top 4 en citant les partenariats avec les grands événements : Festival d’été de Québec, Carnaval de Québec, Envol et Macadam, etc.

Quelques tabous…

En quatre années, l’Anti a aussi été dans la mire des médias et réseaux sociaux pour autre chose que la musique. Pensons notamment à l’affaire Black Taboo qui a donné lieu à une manifestation anti-sexisme, aux affiliations fascistes d’un membre du groupe Tailgunner (faisant la première partie d’Agnostic Front) qui lui ont valu un faux cocktail Molotov assorti de peinture et de menaces. Celui qui avait vu ces groupes jouer sans remous ailleurs a été surpris et s’est questionné :

« Tout ça a-t-il un lien avec le fait qu’avant, ici c’était l’AgitéE? Peut-être… Ceux qui sont dans le noyau [des fondateurs de l’AgitéE] , je les croise, on est en bons termes. […] Je n’ai pas forcé les choses pour acheter l’AgitéE. Mais je me rends compte que c’est peut-être sensible… puis… bien, j’apprends! »

S’afficher…

L’Anti, en tant que bar-spectacles, ne peut profiter du même type d’affichage extérieur que les salles, réglementation oblige. C’est un des sujets de réflexion pour son avenir.

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« Je suis comme rendu à un point où je dois décider si l’Anti devient une salle de spectacles. On aurait encore de l’alcool et tout, le même genre de permis que l’Impérial et La Bordée. […] Possiblement qu’on pourrait garder l’affichage qu’on souhaite, on ne serait pas sur une ligne grise. Mais ça fait qu’après le spectacle, les gens doivent quitter. Or on a une terrasse ici où les gens peuvent rester… Je ne me suis pas encore fait une tête. »

Vladmir Cauchemar et Karl-Emmanuel Picard
Crédit photo: Gracieuseté L'Anti

Également, Karl-Emmanuel jongle à une baisse d’affluence constatée depuis quelques mois. Des groupes qui en France font le Zénith semblent manquer de public québécois, malgré les efforts de promotion, remarque-t-il.

Pas un monopole…

On a souvent consacré des articles à la carrière de Karl-Emmanuel Picard, débutée dans sa jeune adolescence. Y a-t-il des choses à son sujet qu’il aimerait qu’on sache?

« J’ai des échos que des gens pensent que j’ai comme un monopole… que je monopolise des shows. J’ai eu 30 ans (hier). La première fois que j’ai travaillé dans un spectacle, j’avais à peu près 12 ans. J’ai suivi mon père qui était traiteur pour les artistes. J’allais à l’EXO, on me donnait des flyers et j’allais voir des shows, toute ma jeunesse. Je posais des posters pour d’autres promoteurs… C’était ma passion. J’ai pas l’impression d’avoir volé quelque chose à quelqu’un. 

Si Karl-Emmanuel Picard est devenu sur Facebook une personnalité influente dont les publications suscitent de vives réactions – « ça part dans toutes les directions, et souvent il faut que je supprime… » – on se méprend peut-être sur le succès financier de l’Anti :

« C’est pas un domaine qui est ultra-payant, je travaille pour d’autres compagnies, ce qui fait que je peux gagner ma vie comme ça. Mais si je faisais juste des shows à l’Anti, je ne pense pas que j’arriverais. »

La programmation de l’Antiversaire rassemble Monster Truck et Dance Laury Dance (21 août), Irish Moutarde avec Alie Sin featuring Margaret Tracteur (22 août) Mute avec Hate It Too et Set It Back (23 août) et Les chiens de ruelles avec Truck Tremblay (24 août).

L’Anti
251, rue Dorchester
581-981-9814

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