Une murale dévoilée à la Journée internationale de la femme africaine de Québec | 31 juillet 2018 | Article par Geneviève Morin

Marielle M'Bangha, porte-parole, inaugure la murale.

Une murale dévoilée à la Journée internationale de la femme africaine de Québec

C’est au Centre récréatif Saint-Roch, samedi 28 juillet, qu’ont eu lieu les festivités de la Journée internationale de la femme africaine (JIFA). Une murale militante réalisée par des immigrantes d’origine africaine y a été dévoilée. Cette murale est le fruit d’une médiation culturelle entre l’artiste Wartin Pantois et les utilisatrices du Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes immigrantes de Québec.

L’esprit regénéré par les couleurs vives et les percussions bienfaisantes, je sors enchantée d’une matinée passée à la JIFA de Québec. La JIFA, c’est l’équivalent africain du 8 mars, une journée consacrée aux droits des femmes africaines. À Québec, tout le monde y est invité, peu importe son genre ou la couleur de sa peau. Journée familiale, enjouée, mais avec en arrière-fond l’idée de montrer la force et le talent des femmes d’ici nées sur le continent africain.

Pour la petite histoire, la JIFA a été créée en 1962 sous l’impulsion de militantes féministes africaines (notamment Aoua Keita, Maria Ruth Neto et Fathia Bethabar). Lorsque je demande à Marielle M’Bangha, porte-parole de cette deuxième édition de la JIFA à Québec, s’il s’agit (toujours) d’un évènement afroféministe, elle me répond « Oui » sans hésitation, tout en précisant :

« Il y a des problèmes spécifiques aux femme africaines qui justifient d’avoir une journée autre que le 8 mars. »

Elle m’explique aussi la volonté de valoriser le savoir-faire des femmes. C’est pourquoi des exposantes viennent sur place vendre leurs objets d’artisanat, leurs cosmétiques faits main, leurs petites bouchées maison, dans une ambiance mi-salon des métiers d’arts mi-marché public.

« Le cri de la femme africaine »

C’est dans cet esprit d’empouvoirement qu’a été dévoilée l’œuvre murale réalisée par Myriam Amara, Candys Périne Nguimbou, Lisette Ofoumon, Marielle M’Bangha et Annick Doko, fruit d’un atelier d’art collectif animé par Wartin Pantois. « Ces femmes ont accepté d'entrer dans l'art engagé et dans mon esthétique pour exprimer leur vision de la femme africaine à Québec », nous a confié l’artiste, sous le couvert de son anonymat habituel.

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Intitulée « Le cri de la femme africaine », cette illustration parle du difficile parcours de démarches des nouvelles arrivantes face au manque d’accès à l'information, aux ratés de communication et parfois au manque de respect au sein des administrations gouvernementales.

Par exemple, m'explique Myriam Amara, pour trouver un logement, il faut signer un bail. Pour signer le bail, il faut un compte en banque. Pour ouvrir le compte en banque, il faut un numéro d’assurance sociale. Comment savoir où s'adresser et bien remplir les formulaires à cet effet quand on vient d’arriver au Québec et qu’on ne parle pas encore français? Comment comprendre toutes ces étapes si personne ne nous les explique? Cela peut facilement devenir un cauchemar digne de la « maison qui rend fou » d'Astérix le Gaulois. Le découragement risque alors de pousser les femmes immigrantes à interrompre leurs démarches et à s’isoler.

Un problème que le Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes immigrantes de Québec tente de renverser en informant les femmes enceintes de leurs droits et des ressources existantes pour les soutenir. Cependant, me dit Myriam Amara, c’est toute la société civile qui doit s’impliquer pour briser l’isolement des femmes immigrantes.

Avis aux femmes qui ont envie de s’engager envers d’autres femmes, avis aux interprètes de langue africaines, avis aux féministes : un pont reste à bâtir, et vous pourriez y contribuer. N’hésitez pas à offrir du temps aux services pour femmes immigrantes, ou, plus simplement, venez assister à la JIFA l’an prochain, et entrez dans la danse.