SPOT, la clinique qui se déplace

Lancée en 2014, la clinique communautaire de santé et d'enseignement SPOT se déplace chaque semaine dans cinq organismes de la Haute-Ville, de la Basse-Ville et de Limoilou – un par jour – pour y offrir des services aux personnes marginalisées, sans domicile fixe, désaffiliées du système de santé. Monsaintroch lui a rendu visite le 4 janvier, lors d'une escale spéciale en roulotte.

SPOT, la clinique qui se déplace | 15 janvier 2018 | Article par Suzie Genest

Simon et Maxime, pairs aidants de la clinique SPOT, avec Steeve et Shadow.

Crédit photo: Suzie Genest

Lancée en 2014, la clinique communautaire de santé et d’enseignement SPOT se déplace chaque semaine dans cinq organismes de la Haute-Ville, de la Basse-Ville et de Limoilou – un par jour – pour y offrir des services aux personnes marginalisées, sans domicile fixe, désaffiliées du système de santé. Monsaintroch lui a rendu visite le 4 janvier, lors d’une escale spéciale en roulotte.

Selon l’horaire habituel, affiché sur son site web et sa page Facebook, la clinique mobile s’installe le lundi à l’Archipel d’Entraide, le mardi à la Maison Dauphine, le mercredi au Relais d’Espérance, le jeudi à la Maison Revivre, le vendredi à Point de Repères. Une infirmière et des pairs aidants y sont accompagnés d’un médecin ou d’autres professionnels de la santé. Le mercredi, par exemple, le Relais d’Espérance se transforme en salle de dentisterie.

La clientèle se compose de personnes que le système de santé peut difficilement rejoindre, en raison de conditions de vie précaires, d’isolement, d’expériences antérieures négatives voire traumatiques, d’absence de domicile fixe ou de carte d’assurance-maladie. C’est souvent une question de confiance brisée, de stigmatisation – que vivent les personnes utilisatrices de drogues, aux prises avec une dépendance ou travailleuses du sexe, face à de « vieilles idées » tenaces. La clinique mobile partage des patients avec la coop Sabsa; parfois, elle s’en réfèrent mutuellement pour mieux répondre aux besoins.

Manger, se réchauffer, jaser

Les 27 décembre et 4 janvier, alors que plusieurs organismes étaient fermés pour les fêtes, la clinique mobile a fait escale, en roulotte, sur la rue Caron, à l’angle de la rue Saint-Joseph Est, près de l’Archipel d’Entraide. Des bénévoles avaient préparé soupe, sandwiches, biscuits en plus du café. De quoi manger, de la chaleur : c’est ce qui a attiré plusieurs nouveaux visages vers la clinique mobile, m’expliquent Simon Vermette, pair aidant, et Justine Royer, infirmière rattachée au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Vieille-Capitale.

La Saint-Vincent-de-Paul vient ici avec la roulotte Le Marginal. Les gens pensaient que c’était Le Marginal et venaient pour la nourriture, ça nous a permis de parler de la clinique SPOT à de nouvelles personnes qui cadrent avec la clientèle.

Ils ont eu aussi la visite de Steeve et Shadow, son chiot de 2 mois reçu en cadeau de l’ami chez qui il réside. « C’est un habitué », m’ont-ils dit, qui vient régulièrement pour jaser avec eux.

Lorsqu’un médecin n’est pas sur place, comme le 4 janvier, il est au bout du fil au besoin. Comment fait-on face aux urgences, aux états critiques dans une clinique mobile ? Selon Justine, qui s’est jointe à l’équipe en septembre, « C’est rare qu’on est dans l’urgence. La crise, oui, mais c’est plus le mal de vivre. »

Favoriser la réaffiliation

Comme pair aidant, Simon a entre autres pour mandat de favoriser la réaffiliation. Il agit comme facilitateur, ou « traducteur », pour une meilleure compréhension entre les personnes et les professionnels du système de santé. Quant à celles qui n’ont pas de carte d’assurance-maladie, SPOT les accompagne dans le processus pour l’obtenir.

La clinique mobile ne fait pas de prise en charge, mais des suivis et démarches administratives se poursuivent au bureau entre les visites. Il arrive aussi que le médecin de l’équipe puisse accepter de nouveaux patients dans sa pratique en clinique régulière et ainsi en prenne parmi la clientèle de SPOT.

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SPOT, c’est comme le système régulier, résume Simon. Il y a ceux qui viennent souvent car ils sont inquiets de leur santé, ceux qui reviennent ponctuellement avec des problématiques qui ne sont pas réglées, ceux qui attendent des semaines, des mois, davantage avant de consulter. Justine se rappelle ce monsieur qui « très probablement avait un cancer du poumon et s’en doutait mais ne voulait pas se l’admettre parce qu’il avait peur ». La clinique SPOT lui a offert un accompagnement pour le rassurer. Parfois, le diagnostic, les traitements requis, ramènent par la force des choses le patient vers le système de santé.

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