Capitales de Québec : un club proche de sa communauté

À l'aube de la 20e saison des Capitales de Québec, le président du club, Michel Laplante, s'est entretenu avec Monsaintroch pour discuter de l'histoire du baseball à Québec et de la ligue de baseball indépendant versus la ligue majeure de baseball.

Capitales de Québec : un club proche de sa communauté | 15 mai 2018 | Article par Céline Fabriès

Crédit photo: Céline Fabriès

À l’aube de la 20e saison des Capitales de Québec, le président du club, Michel Laplante, s’est entretenu avec Monsaintroch pour discuter de l’histoire du baseball à Québec et de la ligue de baseball indépendant versus la ligue majeure de baseball.

Le baseball a des racines profondes à Québec, le Stade Canac a été construit en 1938. C’était une façon de rassembler son peuple, c’était une fête. Plusieurs équipes se sont succédé, mais sans jamais durer plus de 5-6 ans. Lorsque les Capitales de Québec ont été créés en 1999, personne ne croyait qu’on allait mieux réussir que les autres.

Et pourtant, 20 ans plus tard, les Capitales de Québec sont toujours là, et l’équipe a remporté sept fois la bague de champion entre 2006 et 2017, dont quatre fois consécutives entre 2010 et 2013.

Comment expliquez-vous le succès des Capitales de Québec ?

« La première raison, ce sont les deux propriétaires qu’on a eus, Miles Wolff et Jean Tremblay, qui ont été capables d’encaisser les déficits. Leur objectif a toujours été de s’impliquer socialement, et non de faire de l’argent.

Aussi, les Capitales de Québec, ce n’est pas une organisation prétentieuse. On tente d’offrir un produit d’été abordable qui est plus que du baseball; d’ailleurs, notre slogan le dit également. On  ne tente pas seulement de séduire celui qui aime le baseball, mais aussi d’aller chercher ceux qui veulent avoir du plaisir et passer une bonne soirée. Je pense qu’on est en train de gagner notre pari avec ce choix.

Mais on ne veut pas offrir seulement une belle soirée. On a un noyau de 500 à 1 000 personnes qui connaissent vraiment le baseball et il faut faire attention à ces gens-là. La crédibilité de l’équipe passe par l’opinion de ces gens-là. Le produit sur le terrain doit être bon et compétitif pour s’assurer que nos amateurs de baseball soient satisfaits. Et une équipe gagnante crée plus d’ambiance.

Cependant, on ne mise pas seulement sur ça. Si ton produit est le fun, si tes joueurs sont impliqués dans la communauté, si tu as bien présenté tes joueurs, les gens vont venir les encourager et avoir du plaisir. Une équipe gagnante va seulement amener un surplus de personnes. Notre marketing n’est pas basé exclusivement sur une équipe gagnante. On appartient maintenant à la communauté. »

Quelles sont les différences entre la ligue Can-Am et une ligue affiliée au baseball majeur ?

« La saison au baseball affiliée commence mi-avril, mais c’est trop tôt au Québec, l’école n’est pas finie ni le hockey. C’est difficile de remplir le stade. La saison du baseball indépendant commence mi-mai et on peut contrôler notre marché. Je m’explique. Si on appartient aux Yankees de New York, que l’équipe vient constamment chercher nos joueurs vedettes et qu’on ne peut pas embaucher de Québécois parce que ce n’est pas nous qui décidons mais les Yankees, on ne créera jamais un sentiment d’appartenance avec la population.

De plus, il existe six niveaux, de la ligue la plus faible du baseball affilié jusqu’à la ligue majeure : le A faible, le A moyen, le A fort, le AA, le AAA et la ligue majeure. C’est difficile pour un joueur de se rendre jusqu’en haut, il y a 50 rondes de repêchage et seulement un joueur sur 10-12 une fois repêché va se rendre jusqu’en haut. Mais pour les gens, il valait mieux être affilié au baseball majeur, ils ne comprenaient pas l’intérêt d’une ligue indépendante. C’était difficile à vendre, il a fallu 8-10 ans. »

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Les Capitales de Québec arrivent-ils à recruter de bons joueurs ?

« Une équipe de ligue majeure a 150 joueurs, 25 par palier. Ils en rentrent 50 dans la pyramide, il faut qu’ils en sortent 50. Et ces joueurs-là, ils vont où une fois que c’est terminé ? Les Capitales de Québec, en étant indépendants, sont à l’extérieur de cette pyramide et vont chercher les joueurs qui sortent du AA ou AAA, donc avec plus d’expérience qu’un joueur avec un gros potentiel, mais sans expérience. Un joueur de 25-27 ans est bien meilleur qu’un joueur de 21 ans avec un certain talent.

Aussi, c’est très difficile d’obtenir un visa pour les États-Unis pour les joueurs étrangers. C’est plus facile au Canada, donc on s’est retrouvé avec de très bons joueurs cubains, vénézuéliens, dominicains, qui auraient dû jouer dans le baseball très avancé aux États-Unis. Si on avait été dans un baseball affilié A, on se serait retrouvé avec des joueurs pas développés. »

Comment expliquez-vous le retour de l’engouement pour le baseball ?

« Plusieurs choses expliquent l’engouement actuel. Tout d’abord, les jeunes veulent bouger et les parents veulent que leurs enfants bougent. Les pratiques de baseball ont évolué, c’est plus dynamique et mieux organisé. C’est divisé par sous-groupe. Un jeune revient à la maison d’un entraînement de baseball en ayant eu chaud.

Deuxièmement, à la fin des années 1990, les stéroïdes dans le sport ont fait leur apparition. Trois organisations sportives ont décidé de s’attaquer au problème, dont la ligue majeure de baseball. Mais en voulant nettoyer le sport du dopage, la ligue a sorti au grand jour tous les joueurs dopés, et les gens ont commencé à dire que tous les joueurs de baseball étaient dopés. Au niveau marketing, ça a été un désastre pendant quelques années. Au lieu que les gens disent bravo, ils ont dit : moi je ne regarde plus ce sport-là, ce sont tous des drogués. Comme si on ne prenait pas de drogue dans le football, le basket-ball ou le hockey. Peu à peu, les gens se sont aperçu qu’il y avait aussi du dopage dans les autres sports, et au baseball, la stratégie pour la lutte contre le dopage a changé, on en entend moins parler.

Puis, dans les années 2000, on a commencé à entendre parler des commotions cérébrales dans le football et le hockey. Les pratiques de baseball sont devenues plus intéressantes et le nombre de licenciés est depuis en hausse au Canada. Les gens aiment la philosophie du baseball, il y a une façon de communiquer qui est spéciale, les enfants ont le temps de s’asseoir et d’analyser le jeu. En 10 ans, les inscriptions à Baseball Québec sont passées de 16 800 à 32 000. Et cette année, on va avoir encore 5 % à 10 % d’augmentation. »

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