Stratégie nationale sur le logement : réactions mitigées

Suivant une action symbolique avec ses membres, mercredi matin, devant les bureaux de Jean-Yves Duclos, ministre fédéral responsable de l'habitation, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a réservé un accueil mitigé à la Stratégie nationale sur le logement dévoilée plus tard le même jour.

Stratégie nationale sur le logement : réactions mitigées | 23 novembre 2017 | Article par Jean Cazes

Manifestation en faveur du logement social. 22 novembre 2017.

Crédit photo: Jean Cazes

Suivant une action symbolique avec ses membres, mercredi matin, devant les bureaux de Jean-Yves Duclos, ministre fédéral responsable de l’habitation, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a réservé un accueil mitigé à la Stratégie nationale sur le logement dévoilée plus tard le même jour.

« Des besoins criants »

Sous le thème « Sonnons l’alarme », des actions avaient lieu dans plusieurs villes canadiennes hier, dont le Campement temporaire des mal logés, face au 600, boulevard Charest Est à Saint-Roch. L’action réunissait entre autres le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le BAIL. Elle visait à faire valoir des besoins en matière de logement social « plus grands que ce qu’évoque le gouvernement dans sa Stratégie nationale pour le logement ». Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, a indiqué :

Nous souhaitons que cette Stratégie reconnaisse les besoins criants des mal logés. […] Notre message commun, d’une part, c’est que la Stratégie réponde à ces besoins, c’est-à-dire que son application telle qu’annoncée pour 11 ans dans le dernier budget fédéral comprenne un engagement spécialement pour le logement social. Et que d’autre part, que les engagements financiers sont insuffisants selon nous. […] Comme d’autres regroupements au Canada, on demande entre autres que cette somme soit investie d’ici la fin du mandat actuel l’an prochain, et non d’ici dix ans, pour résoudre la crise du logement abordable au Canada.

Selon les plus récentes données de recensement disponibles pour la région métropolitaine de Québec, 17 240 ménages consacrent plus de 50 % de leur revenu au logement, alors que le seuil canadien jugé acceptable est de 30 %, a résumé Éloise Gaudreau du CCCQSS. « À Québec, 1845 ménages sont aussi en attente de HLM », a-t-elle ajouté. Les quartiers Saint-Jean-Baptiste et Saint-Sauveur sont notamment concernés.

Saint-Sauveur est un quartier essentiellement constitué de locataires. Il est aussi le plus représenté dans les ménages en attente de logement social, même si l’on en compte 2125 unités. Et ce n’est pas vrai que c’est le marché privé va répondre à la demande. […] Le parc de logements vieillit, un gros pourcentage ayant été construit avant 1946, De plus, on assiste à un phénomène de gentrification qui entraîne inévitablement des hausses de loyer.

Soulagement et reproches

Si le FRAPRU a accueilli avec une pointe de soulagement les annonces d’hier après-midi, il déplore un manque d’ambition de la Stratégie nationale sur le logement. Il note également que « l’absence d’un calendrier précis d’investissements empêche de réellement mesurer l’importance des annonces ».

Le FRAPRU se réjouit que soient reconnues « les responsabilités d’Ottawa envers les ménages pauvres qui habitent déjà dans des centaines de milliers de logements sociaux qu’il a financés par le passé »,  HLM, coopératives ou OBNL. Il reproche cependant au gouvernement canadien de « se disperser dans des mesures qui n’auront pas les effets escomptés sur l’offre de logements véritablement abordables et convenables ». Pour le FRAPRU, le logement social est « la seule façon pour [les mal-logés] d’accéder à un logement en bon état, véritablement abordable, et de ne plus être à la merci de la spéculation immobilière »

Si la nouvelle allocation-logement annoncée peut permettre « à court terme, de soulager des locataires consacrant une part trop importante de leur revenu au loyer, elle ne résoudra pas le problème de manque de logement adéquats à long terme », a déploré Véronique Laflamme. Ses 4 milliards $ « auraient été mieux investis s’ils avaient été ajoutés au Fonds pour le logement social », a-t-elle ajouté. Quant aux 60 000 nouveaux logements abordables annoncés (environ 14 000 au Québec), elle s’en réjouit si ce sont des logements sociaux.

Les 40 milliards $ sur 10 ans annoncés dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement incluent les investissements du gouvernement fédéral et ceux, anticipés, des provinces et territoires :

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  • Nouveau Fonds national de co-investissement pour le logement > 15,9 milliards $
  • Nouvelle Initiative canadienne de logement communautaire en partenariat avec les provinces et les territoires > 8,6 milliards $
  • Nouvelle Initiative fédérale de logement communautaire > 500 millions $
  • Nouvelle Allocation canadienne d’aide au logement (2020), en partenariat avec les provinces et les territoires > 4 milliards $
  • Réduction de l’itinérance > 2,2 milliards $
  • Fonds fédéraux supplémentaires pour le Nord du Canada > 300 millions $
  • Recherche, collecte de données et démonstrations > 241 millions $

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