Si les objets pouvaient… être agents libres  ?

Version 2

Mise en vente parmi ses propres soldes du Vendredi fou, la boutique Si les objets pouvaient parler n’a pas trouvé preneur. Ses propriétaires se préparent à tourner la page du commerce de la rue du Pont, sans toutefois fermer le livre des objets.

Une question de folie(s)

Si les objets pouvaient parler fête cette semaine ses cinq ans, pendant lesquels « ça n’a jamais été rentable, on ne s’est jamais versé de salaire », révèle Bruno-Clément Boudreault. Sa conjointe et partenaire d’affaires, Dominique Dupont, cumulait d’autres emplois, ils sacrifiaient temps libre et vie sociale pour tenir boutique. Ils sont heureux de ce qu’ils ont vécu comme une « expérimentation du monde du commerce », même si Bruno estime qu’« il faut être un peu fou pour ouvrir un commerce en 2017 ».Version 2Le tandem s’attriste surtout pour la clientèle « qui sans être très nombreuse était passionnée et intense », et pour ses collaborateurs. La boutique proposait des raretés comme les magazines LSTW, Filles missiles, des oeuvres d’artistes sans autres points de vente, voire censurés ailleurs. Sa fermeture laissera « un trou » dans l’offre locale du vintage et des créations.

On aurait pu faire plus de compromis, pour être plus grand public, mais on voulait rester fidèles à notre mission de base. Les gens nous aimaient pour ça. »

Si la boutique a réajusté le tir plusieurs fois, intégrant des oeuvres d’artistes à la brocante, déménageant puis réaménageant, elle a toujours été à leur image, précise Bruno, car ils ont beaucoup appris et évolué.

Après cinq ans, on avait une recette à notre goût et solide… mais pas assez solide pour en vivre à Québec en 2017. »

Pourquoi ? Il mentionne une clientèle très nichée – les jeunes urbains centraux, moins nombreux que dans les plus grandes villes où des boutiques semblables s’en tirent mieux – et un essoufflement de l’engouement pour le vintage.

En 2013, il y a eu une grosse mode dans la décoration : les boîtes de pommes, le bois de grange, les cartes géographiques… Ces folies sont éphémères. »

N’y a-t-il pas des cycles, qui suivent les générations ? « Oui, mais celui des dernières années était vraiment exceptionnel », estime Bruno. Il évoque aussi les brocanteurs improvisés qui ont surfé sur cette vague.

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Et maintenant ?

Rabais sur place et dans la boutique en ligne et « ventes-trottoir » sont au menu d’ici la fermeture prévue pour « quelque part en juin ». À plus petite échelle, la boutique en ligne poursuivra ses activités, et il y aura encore un comptoir à La Nouvelle-France Antiquités, car la passion de Bruno et Dominique n’est pas éteinte.Quant à la boutique sur la rue du Pont, un collectif s’était montré intéressé à en reprendre le flambeau avec un concept dans la même veine. La Coopérative d’habitation Chalet de coucous, propriétaire de l’immeuble, a refusé. Elle songerait à re-fusionner l’espace qui avait été scindé pour accueillir la boutique vintage et les bureaux de Critérium.Dominique pourra souffler un peu. Bruno, lui, poursuit des études en design graphique et sera, dès juillet, « agent libre sans compensation ». Sans avoir de plan, il garde une oreille tendue pour les opportunités et entreprises du domaine des arts, du design, de la mode.

Si les objets pouvaient parler(jusqu’en juin 2017)367, rue du Pont418 263-2979

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