RE-lier, donner aux plus discrets une voix
Du 4 au 28 avril, la bibliothèque Gabrielle-Roy présente RE-lier–de Gabrielle Bélanger. Pour cette exposition éclatée où on aborde une réalité souvent invisible aux yeux des quidams, l’artiste s’est associée à la Maison Revivre.
Parler de l’autre avec l’art
Logée au rez-de-chaussée de la bibliothèque, à l’arrière des caisses, RE-lier présente un corpus d’oeuvres assez éclectiques, portant un peu de l’histoire des hommes qui fréquentent la Maison Revivre. Pendant 6 mois, Gabrielle Bélanger, qui vit à Québec, s’est impliquée dans l’organisme, partageant les moments quotidiens des résidents afin de tisser des liens et travailler en collaboration avec eux pour cette création.D’abord, un collage intégrant notes, échanges et réflexions accumulés tout au long du projet est disposé sur une carte du quartier dans une sérigraphie au mur. Puis, on retrouve deux séries créées en dialogue avec des résidents de Portage. Dans la première, l’artiste s’est prêtée au jeu d’illustrer l’imaginaire d’un des hommes; dans la seconde, elle utilise les dessins d’un résident reproduits en combinant deux techniques d’impression : la cyanotype et la sérigraphie.Aussi, installé dans l’espace, on retrouve un lit, le même que celui d’une chambre à Revivre, mais aussi – coïncidence – le même que le lit d’enfance de l’artiste. Sur ce lit, des draps où elle a imprimé son corps et ceux de certains résidents de Portage par le procédé de cyanotype. Deux autres séries utilisent des phrases et pensées des résidents. Une première présente des napperons où sont sérigraphiées images et phrases de ce que le repas représentait pour eux. Dans la seconde, sur des miroirs faussement embués, on peut lire les choses que les résidents désirent laisser derrière eux.
Finalement, un petite télévision projette This is not street art this is meal art, une séquence vidéo sans son où les hommes ont été filmés alors qu’ils cuisinaient. L’angle de la caméra, positionné pour garder l’anonymat des protagonistes, laisse découvrir une oeuvre intime où on devine beaucoup, simplement dans les mouvements des corps, élément central de la vidéo.
Artiste impliquée
Re-Lier n’est pas le premier projet à caractère social de Gabrielle Bélanger. D’ailleurs, l’artiste, en plus d’avoir fait des études en arts visuels, est détentrice d’un baccalauréat en service social. Avant l’exposition Re-Lier, elle avait travaillé entre autres avec Jeunes musiciens du monde et Sherpa. Elle prépare un projet avec des organismes du quartier Saint-Sauveur qui impliquera, dans un avenir proche, la participation d’enfants du quartier.
La Maison Revivre
Située dans le quartier Saint-Sauveur, la Maison Revivre est un organisme fondé en 1978 qui vient en aide aux plus démunis. La Maison a un peu plus d’une vingtaine de lits pour les hommes de plus de 18 ans sans domicile fixe, et offre aussi un service de soupe populaire. L’objectif central de l’organisme est de « Permettre la création de liens significatifs pour donner le goût aux personnes accueillies de rebâtir l’espoir ».L’exposition RE-lier de Gabrielle Bélanger se poursuit jusqu’au 28 avril à la bibliothèque Gabrielle-Roy.
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