Tout le gratin s'était rassemblé jeudi dernier pour souligner le lancement du livre sur l'histoire de Laliberté, une véritable dynastie comptant 150 ans dans le quartier Saint-Roch, malgré vents et marées.
Le dernier des grands magasins
Le maire Régis Labeaume, la députée de Taschereau Agnès Maltais et Mgr Jean Picher, curé de Saint-Roch, étaient présents, ainsi que plusieurs personnalités et médias. Particulièrement inspiré, le maire a évoqué de nombreux souvenirs, dont celui du déménagement de sa famille dans le secteur dit des grands magasins :
Lorsqu'on faisait entreposer son manteau de fourrure chez Laliberté durant l'hiver, c'était quelque chose.
Dans ce temple de la fourrure d'un siècle et demi, j'ai enlevé mon couvre-chef en signe de respect. Des regards désapprobateurs me rappelaient que ma calotte n'y avait pas sa place...
Je ne peux passer sous silence le vibrant hommage de Marc Lachance à son beau-père Jacques Morisset (sur la photo ci-contre avec Lucie Morisset et le maire) et à toute la famille. On apercevait dans ses yeux la flamme qui anime les artisans passionnés de génération en génération.
Laliberté a accompli un véritable tour de force. Le magasin existe depuis autant d'années que la Confédération, qui date de 1867. Il est le seul survivant parmi les Syndicat de Québec, Pollack et autres Paquet (aujourd'hui Benjo). Alors que ces grands magasins s'exilaient vers la banlieue et les centres d'achats, Laliberté a décidé de demeurer dans Saint-Roch.
Sa résilience s'explique sûrement en partie par l'expérience cumulée des travailleurs qui semblent ne jamais vouloir quitter l'entreprise. Mais pour connaître son vrai secret, « il faut lire le livre jusqu'à la fin », a expliqué l'historien Jean-Marie Lebel devant un public qui buvait ses mots.
Une pièce d'anthologie
C'est installé dans les bureaux administratifs au sous-sol du magasin que monsieur Lebel a débuté ses recherches. Cela lui a permis d'aller sur le plancher pour poser des questions et être témoin du dévouement du personnel des différents rayons. Il a d'ailleurs remercié les conseillères et conseillers lors du lancement, les nommant par cœur une à une et un à un – ce qui est, il faut l'avouer, exceptionnel.
L'historien, amaigri, est tombé malade pendant ses recherches et a dû être hospitalisé quelque temps. Cela n'a pas empêché la sortie du livre, qui « vivait et existait déjà » dans sa tête. Remise sur pied, portée par le récit, sa plume sensible a livré une pièce d'anthologie. J'ai personnellement dévoré ce magnifique ouvrage rempli de photos, d'anecdotes sur la famille, sur le magasin et le quartier. Le récit est merveilleusement bien illustré et capté.
On y apprend qu'un des propriétaires de la lignée fut le champion de la première course de voitures à l’hippodrome. Qu'un autre élevait des lapins tout en étant chirurgien. Qu'une réplique en glace de la Statue de la Liberté a été intronisée au Livre Guinness des records. On y apprend même que l'entreprise fut propriétaire du Cinéma Odéon de la rue du Pont.
Pour percer le mystère de la longévité de Laliberté, on peut se procurer le livre de Jean-Marie Lebel, au coût de 25 $, au magasin de la rue Saint-Joseph Est à l'angle de la Chapelle.
Laliberté
595, rue Saint-Joseph Est
418 525-4841