
Théâtre-performance, installation vivante, chorégraphie électronique : le spectacle Entrez, nous sommes ouverts présenté du 2 au 4 février par le Bureau de l'APA au Mois Multi 2017 repose sur les prouesses de six artistes et d'innombrables câbles et connecteurs.
À peine entrons-nous dans la salle que déjà les artistes s'activent, parties intégrantes d'un macro dispositif dont toutes les composantes sont exposées. Le piton, activeur et désactiveur de connexions, tient le premier rôle d'une intrigue en cinq parties : touche de console de DJ, « enter » du clavier, bouton d'ascenseur, sonnette de porte, gâchette de revolver.
Frédéric Auger, Jasmin Cloutier, Julie Cloutier Delorme, Simon Drouin, Danya Ortmann enchaînent les manoeuvres de connexions et déconnexions en utilisant une variété d'objets du quotidien, voire des parties de leurs corps, transformés en capteurs, transmetteurs, micros, amplificateurs. Sur le grand écran au fond de l'espace scénique se superposent et se suivent textes, dessins, images fixes et en mouvement, générés par toutes ces impulsions. Musique, chansons et textes portés par les artistes font aussi partie de la performance.
Ce dispositif à échelle surhumaine est fascinant – et comporte sa part de risque, ayant « lâché » pendant la générale, ont glissé les artistes. Les habitués des arts multi à Québec verront des connexions entre Entrez, nous sommes ouverts, L'orchestre d'hommes-orchestres et le Théâtre Rude Ingénierie. Laurence Brunelle-Côté, la cofondatrice du Bureau de l'APA avec Simon Drouin, membre des deux autres collectifs, ainsi que David Archambault, Pierre-Olivier Fréchette et Chloé Surprenant ont participé avec les artistes-interprètes à cette création, coproduite par les Productions Recto-Verso et le Festival TransAmérique.
Ludique et déclencheur
On s'amuse, entre autres, des flammes de bougies qui dansent au rythme des sons; des cheveux « téléguidés » de la DJ qui deviennent des pinceaux; de l'humour propre au Bureau de l'APA qui ponctue les textes. On s'amuse aussi d'observer Ludovic Fouquet, juché sur une plateforme, qui enfile inlassablement une variété de vêtements, manteaux, emballages à bulles. Investi du rôle de Sueur, il doit collecter tout au long de la performance son précieux fluide corporel pour activer la grande connexion finale. La verrons-nous ?
Si le piton est ludique, il déclenche aussi la réflexion. D'une idée à l'autre, d'un être à un autre, le chemin de connexion n'est-il pas souvent presque aussi laborieux, délicat, semé d'obstacles que les manoeuvres dans Entrez, nous sommes ouverts ?
Entrez, nous sommes ouverts est présenté ce soir, vendredi 3 février, et demain samedi 4 février à 20 h à la salle Multi de Méduse. Une discussion avec les artistes suivra la représentation de ce soir. La programmation des spectacles et performances qui composent la première moitié du Mois Multi se trouve sur le site de l'événement.