À l'été 2014, Monsaintroch envisageait une série de textes sur les musiciens de rue du quartier. J’avais approché Pierre Bilodeau, connu pour ses interprétations de Claude Dubois. L’automne est arrivé sans que la série aboutisse. Je me suis dit que je ferais un portrait unique de lui l’été suivant, quand le soleil et sa guitare seraient revenus au parvis.
Si dieu existe…
À l’été 2014, Monsaintroch envisageait une série de textes sur les musiciens de rue du quartier. J’avais approché Pierre Bilodeau, connu pour ses interprétations de Claude Dubois. L’automne est arrivé sans que la série aboutisse. Je me suis dit que je ferais un portrait unique de lui l’été suivant, quand le soleil et sa guitare seraient revenus au parvis.
J’ai recroisé Pierre de temps en temps. On se connaissait à peine, mais il était toujours amical et chaleureux. Je savais qu’il était un bénévole très actif, engagé et apprécié dans Saint-Roch, où il passait une grande partie de son temps même s’il habitait Limoilou. C’était visiblement un homme altruiste, empathique. Il semblait être un roc sur qui s’appuyaient beaucoup de gens lorsque leur vie tanguait. Peut-être parce qu’il avait lui-même déjà connu une période de tangage, avant de reprendre pied.
Pierre Bilodeau était de toutes les fêtes de quartier autant que des corvées de nettoyage et autres activités, que ce soit sur la scène avec sa guitare et son harmonica ou sur le terrain avec les organisateurs et bénévoles. Il a travaillé pour la Paroisse Notre-Dame-de-Saint-Roch, pour la Société Action-Chambreurs et pour d’autres organismes, auprès des jeunes en difficulté. Il s’impliquait entre autres à Rendez-vous centre-ville et à la Table de quartier L’EnGrEnAgE. C’est d’ailleurs à la fête d’Halloween de L’EnGrEnAgE, en octobre dernier, qu’il m’a parlé avec enthousiasme de son travail auprès de personnes aux prises avec des problématiques de santé mentale. Je ne me doutais pas que ce serait notre dernière conversation. J’ai su hier que Pierre se trouvait aux soins palliatifs depuis quelques jours. Un cancer l’a emporté la nuit dernière.
Comment avait-il découvert que sa voix ressemblait à celle de Claude Dubois? Qu’est-ce qui l’avait amené avec sa guitare dans Saint-Roch? Avait-il des souvenirs particuliers rattachés au quartier, des projets dont il m’aurait parlé? J’ai raté bien des occasions de le lui demander et d’en faire un portrait… Les fêtes de quartier, les marches du parvis, la vie de bien de gens dans Saint-Roch ne seront plus les mêmes sans sa musique et sa présence. Combien de passants sont rentrés chez eux en fredonnant « Si Dieu existe » après avoir entendu Pierre Bilodeau sur la rue Saint-Joseph, par un beau soir d’été ?
Si dieu existe… Je crois qu’on peut parfois le croiser dans un quartier comme le nôtre. Et qu’il ressemble, certains soirs de fin d’été, à un petit homme au grand coeur qu’on trouve au détour d’une rue quand on a besoin d’une oreille, d’une soupe, d’une chanson.
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