Saint-Roch 1973-2009 par Robert Fleury (3 de 7) : Une capitale vieillotte

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Jean Pelletier félicite Jean-Paul L’Allier. Source : Archives de la Ville de Québec.

Journaliste retraité, Robert Fleury a longtemps travaillé dans le quartier Saint-Roch, au journal Le Soleil. Il y a aussi habité de 1990 à 2009. Dans une série de sept billets, il partage ses souvenirs avec les lecteurs de Monsaintroch. Voici le troisième.

En novembre 1989, l’élection de l’équipe du Rassemblement populaire et du maire Jean-Paul L’Allier devait marquer un tournant majeur dans l’évolution du quartier Saint-Roch. Leur vision du développement tranchait avec celle des administrations Lamontagne et Pelletier, car la revitalisation du quartier Saint-Roch avait été au cœur même de la campagne électorale du « RasPop », et toutes les orientations passées étaient maintenant remises en question. Finie la démolition d’édifices tant qu’il n’y aurait pas de projets pour les remplacer.

Des audiences qui faisaient jaser

pmainguy_raspop_vq_57472Les nouveaux élus s’étaient fait connaître par leur militantisme citoyen, mais peu d’entre eux avaient réussi à se faire élire précédemment. Ils avaient dû défendre leur vision du développement urbain dans l’opposition : Pierre Mainguy et Winnie Frohn avaient ainsi plus d’une fois eu maille à partir avec le maire Jean Pelletier.L’administration L’Allier n’allait pas tarder à se lancer dans les consultations publiques, consultations qui deviendraient d’ailleurs sa marque de commerce. Lors des audiences publiques tenues à l’auditorium Joseph-Lavergne de la bibliothèque Gabrielle-Roy, la parole était aux citoyens. Et ils n’ont pas manqué de se faire entendre.Ils voulaient de l’habitation, qu’on réduise la circulation automobile et qu’on mette sur pied des programmes pour la réhabilitation d’édifices commerciaux et résidentiels. Plus d’espaces verts, d’activités culturelles et de loisirs, d’habitation à coût abordable. Qu’on ramène des familles au centre-ville.Soir après soir, la salle était bondée. Des audiences médiatisées.Au cours des mois et même des années qui suivirent, les attentes étaient grandes… mais l’impatience n’a pas manqué non plus de se manifester. Trop de consultations, pas assez d’action, déplorait-on.

Premiers signes de revitalisation

Il aura fallu attendre trois ans environ avant que les premiers signes de revitalisation se manifestent avec la création du jardin Saint-Roch, mais plus encore la transformation de l’ancienne manufacture de la Dominion Corset en édifice La Fabrique.Édifice La Fabrique boulevard CharestSi les employés municipaux n’étaient guère enchantés de se voir ainsi forcés de quitter la Haute-Ville pour Saint-Roch, le signal envoyé était clair : l’administration était sérieuse dans sa relance du quartier, surtout qu’elle y relogeait ses employés de l’urbanisme et du développement économique. C’était là un geste aussi porteur, davantage même que la création du jardin Saint-Roch.Mais il en fallait davantage pour vraiment donner le signal du départ.Au début des années 1990, il faut se rappeler que la ville de Québec d’avant les fusions était une ville de 167 000 habitants au taux de chômage élevé. Même son abondante fonction publique gouvernementale s’étiolait. Une capitale vieillotte avec beaucoup de dépenses d’agglomération mais peu de revenus. La ville-centre et les villes de banlieue étaient à couteaux tirés. Chaque municipalité se livrait une rude concurrence avec leurs parcs industriels. L’absence de vision et d’efforts communs paralysait le développement même de Québec.La ville était relativement endettée.Le jardin Saint-Roch en fleurs...Dans ce contexte, la création du jardin Saint-Roch n’est pas passée comme lettre à la poste. L’opposition décriait son coût élevé, son inutilité. La décision avait été audacieuse… mais c’était la bonne !Le soir de l’inauguration, il fallait voir les centaines de résidents déambuler dans leur nouveau parc, tout fiers, pour s’en convaincre. Cette fois, il leur était permis d’espérer.Ne manquez pas le prochain billet de la série, demain 28 décembre : Opération dignité à l’Îlot FleurieLire le 1er billet de Robert Fleury : « Es-tu tombé sur la tête ? »Lire le 2e billet de Robert Fleury : « Vous n’avez pas eu peur ? »

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