Patrice Plante – L’art de suivre ses passions

Patrice Plante

Vous connaissez probablement Patrice Plante, le coquet mixologue empreint de confiance et d’entregent, mais saviez-vous que se cache derrière cet épicurien un enfant introverti, pris de bégaiement, souffrant d’embonpoint et cumulant une moyenne générale de 97 % à l’école ?

Étonnamment, Patrice a grandi dans un contexte où la lecture et la culture culinaire ne figuraient pas au paysage familial. Toutefois, très jeune, il dévorait les livres de bibliothèque pour échapper à sa gêne. Il s’est rapidement découvert une passion pour les images et le cinéma, domaine peu garant d’un avenir prometteur aux yeux de ses parents. Patrice s’est inscrit en 2000 à la toute nouvelle Technique en multimédia du Cégep de Sainte-Foy. Malgré ses résultats exemplaires, il n’éprouvait aucun plaisir à travailler derrière un écran; son diplôme en main, il a plutôt opté pour différents gagne-pain en tant que commis d’entrepôt.

De l’éveil culinaire à Québec t’aime

C’est l’arrivée dans sa vie d’une jolie demoiselle, de 7 ans son aînée, qui l’a ouvert aux découvertes culinaires. Celui qui n’avait connu que le café instant, le thé Salada et le Harfang des neiges a découvert à 22 ans les sushis, le Chianti et le thé de Camellia Sinensis. Résultat : il a perdu près de 100 livres durant sa vingtaine juste en adoptant de saines habitudes de vie.En 2003, à 23 ans, il a obtenu un poste au ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation en apprenant les nouveaux logiciels de programmation quelques heures avant l’entretien. En 3 ans, il a accédé au poste de webmestre. Pendant cette période, il a fait la rencontre de Daniel Lafrenière et Michaël Carpentier lors de formations sur l’expérience utilisateur, ce qui a fait naître son intérêt à mieux comprendre le comportement humain. Dès lors, il a débuté un Baccalauréat en design graphique à temps partiel à l’Université Laval. N’appréciant guère les derniers cours, il a quitté avant de compléter le programme, poursuivant son travail à temps complet au ministère.À l’âge de 28, après un événement tragique, lui et son grand ami Isaac Larose ont décidé de ne plus jamais accepter le statu quo : la vie est trop courte et précieuse pour la laisser filer sans se réaliser.Patrice, Jean-Michel et IsaacPatrice maîtrisait le Web et Isaac avait un grand réseau de connaissances. Ils ont donc mis sur pied Québec t’aime (2010-2013), un blogue magazine dédié à faire découvrir les secrets bien gardés de Québec. Patrice était blogueur et Isaac s’affirmait sur cette plateforme comme « un dieu de la mode » ‒ cinq ans plus tard, ses créations Larose Paris ont commencé à faire le tour du monde. Selon Patrice, Isaac sait faire ressortir le meilleur des autres. Il a poussé Patrice à prendre la parole lors du lancement de Québec t’aime, son baptême des médias, du public et des bars en général ‒ lui qui n’était pas un habitué de ces lieux.

Réussite et sentiment d’imposture

Sa plume remarquée par David Desjardins du Voir, Patrice a été embauché pour rédiger sur la vie de bar (grâce à sa fausse réputation de clubber). Il souhaitait plutôt se consacrer à la critique resto mais manquait d’expérience dans le domaine. Pour convaincre les dirigeants du Voir, il a rédigé deux critiques culinaires en une soirée, les a soumises par courriel en suggérant la candidature d’un ami très talentueux et en joignant son propre curriculum vitae. Grâce à son talent et son audace, il a été sélectionné pour le Guide Restos Voir.À 29 ans, captivé par le monde de la restauration, il a quitté le confort de son poste au gouvernement pour l’École hôtelière de Québec en cuisine professionnelle française avec de jeunes étudiants. «  Je côtoyais de nouveau la pauvreté », lance-t-il en riant. Son ami Isaac l’a présenté à Jean-Michel Leblond, qui avait lui aussi un intérêt marqué pour la gastronomie. Les deux cuistots ont rapidement flairé le potentiel d’une association et trois semaines plus tard, ils ont fondé Tripes et Caviar, service de traiteur et d’accords mets et vins.Jean-Michel Leblond et Patrice Plante. Photo : courtoisie.Un passage à Montréal leur a suffi pour comprendre la difficulté des accords mets et vins; c’est alors qu’ils ont décidé d’innover et de proposer des accords « Mets et cocktails ». Séduit par l’univers de la mixologie et constatant l’absence de formation adéquate, Patrice est parti à 30 ans apprendre l’art de la mixologie auprès des meilleurs barmans de ce monde aux États-Unis, en France, en Angleterre, au Japon et au Canada. Après ces séjours et de nombreuses lectures sur les plus grands tels que Dale DeGroff ou Tony Abou-Gamin, Patrice Plante a contribué à ouvrir le marché de la mixologie à Québec. Même si son parcours et son idée folle de tour du monde l’ont considérablement endetté, ils étaient essentiels selon lui, puisque ses techniques de cuisine lui permettent de frapper à tout coup l’équilibre parfait entre le sucre et l’acide.

Une passion au-delà des boissons alcoolisées

Persuadé de l’intérêt de la population à découvrir l’histoire des spiritueux, l’Atelier a financé la chronique cocktail de Patrice à WKND radio. ll a vécu par la suite sa première expérience télé à Salut Bonjour Weekend! à Québec, qui recevait Marie-Mai. La chanteuse étant une amoureuse des bons cocktails, l’équipe de l’émission était en quête d’un mixologue qualifié. Patrice lui a concocté le Marie-Mai 75 basé sur le French 75, mais avec une touche Québec, en mariant de la crème de Cassis Monna et filles et du Gin Ungava. Ce fut un succès, grâce auquel il a obtenu sa chronique cocktail à l’émission et fait ses débuts à la télévision.Malgré les feux des projecteurs, Patrice investissait tout son temps libre à développer son art, collaborant entre autres avec son ami Dominique Brown pour créer des chocolats truffés au mojito, au Cosmopolitan ou au Bloody Ceasar pour Chocolats Favoris. Gino Chouinard, porte-parole de Chocolats Favoris, l’a ainsi rencontré et invité à son émission en semaine. Hors des projets télé comme sa collaboration à l’émission Le bon mix et Signé M, la mission de Patrice va au-delà des boissons alcoolisées :

Vous faites attention à ce que vous mangez depuis 15 ans, mais vous ne vous souciez pas des liquides que vous consommez. Tous ces sucres et ces mélanges chimiques… Au Québec, quand tu veux une boisson sans alcool, rien ne s’offre à toi. »

Sa passion pour l’entrepreneuriat est née du désir d’enrichir l’écosystème de la mixologie au Québec. Depuis, Patrice…

  • A ouvert sa boutique Monsieur Cocktail sur Saint-Joseph à même la boutique Rituels, où il offre une gamme complète d’amers à cocktails en plus d’un site d’achat en ligne;
  • Possède sa propre ligne de sirops à cocktails maison;
  • Confectionne sa trousse à mixologue sans lésiner sur le contenu et le contenant;
  • Conserve son rôle de Mixologue en chef à l’Atelier;
  • Dirige son service de traiteur événementiel et son équipe;
  • Poursuit différents projets télé et radio dont celui à Énergie;
  • A un livre autoédité, L’art du cocktail, en plus de sa collaboration au livre Le bon mix;
  • Écrit présentement un second ouvrage.

Sirops Monsieur Cocktail. Photo : courtoisie.Il est aussi le fondateur d’une nouvelle École de mixologie qui répond à son désir refoulé d’être enseignant. Il y traite des concepts de la cuisine, de la technique (décongélation, normes du MAPAQ, etc.), de la sommellerie et des spiritueux et de l’histoire des alcools. Il y a aussi des ateliers pratiques, par exemple sur les effets de l’alcool dans le sang. L’école offre ses formations dans des restaurants de Québec, Montréal et Sherbrooke pour offrir une expérience immersive et exportera le concept aux quatre coins du Canada.Un parcours étonnant qui prend maintenant racine dans Saint-Roch.

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Monsieur Cocktaildans la boutique Rituels765-b rue Saint-Joseph Est418-800-2277

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