Mois Multi 17 : nos coups de cœur
Pour sa 17e édition, le Mois Multi nous a fait vivre en autarcie dans une cabane de pêche au milieu des eaux gelées du lac Saint-Jean, dans un monde où les enfants sont nos guides, et même dans un univers où les marionnettes sont manipulées par la force de vibrations acoustiques… Parmi ces expériences à la fois intrigantes et troublantes, MonSaintRoch.com vous fait part de ses coups de cœur.
Blind cinema : l’essentiel est invisible pour les yeux
Dans ce jeu du cinéma aveugle, l’adulte écoutait un film muet dont il ne verrait jamais les images, car il avait les yeux bandés. Ce sont plusieurs enfants qui, à tour de rôle derrière lui, chuchotaient tout ce qu’il s’y passait pendant 25 minutes.Certainement l’une des expériences les plus intrigantes du Mois Multi, imaginée par l’artiste britannique Britt Hatzius, Blind cinema inversait les rôles : les enfants y devenaient les guides des adultes, qui n’avaient plus aucun contrôle. Rares sont les moments dans la vie où cette situation peut arriver, c’était là tout l’intérêt de l’expérience. Certains enfants décrivaient toutes les couleurs des objets du film, d’autres, les émotions des personnages. Parfois, les bruitages vous perturbaient ou vous servaient de repères dans la compréhension de la scène. Quoi qu’il en soit, la confiance était aveugle.Pour les deux présentations au Mois Multi les 5 et 6 février derniers, Britt Hatzius a travaillé avec des élèves de l’École primaire Saint-Fidèle à Limoilou et du Pignon Bleu à Saint-Sauveur. Un seul atelier de quelques heures a été nécessaire pour préparer les enfants au grand soir.
Le pavillon des immortels heureux : dans un monde de miniatures puissantes
Maxime Rioux avait parié à la marionnettiste Marcelle Hudon qu’il serait capable de manipuler ses marionnettes sans même les toucher, un pari réussi grâce à la puissance des vibrations acoustiques. Dans cette installation-performance, les deux artistes unissaient leurs mondes et nous plongeaient dans un concert immersif où instruments de musique et personnages venus du monde entier s’animaient.Pendant 25 minutes, le spectateur, placé au cœur des installations, observait chaque détail de ces marionnettes miniatures fabriquées en bambou ou en papier. Décuplées par les jeux d’ombres, certaines se battaient en duel pendant que d’autres dansaient, le tout au rythme des violons ou des percussions. On se croyait tantôt au Mexique, tantôt en Afrique, tantôt en Haïti, tantôt là où l’imaginaire nous portait. Un vrai cabinet de curiosités. Coup de chapeau à la minutie de l’installation et à l’émerveillement procuré ![youtube clip_id=”V58dOL5fguc?list=PLtM8NDkR9EoaVwqDRDdhJBffRFhxomckM” width=”625″ height=””]
L’eau du bain : livré à soi-même dans une cabane de pêche saguenéenne
À quoi s’attendre lorsque le couple Anne-Marie Ouellet et Thomas Sinou nous invite à visiter sa cabane de pêche au Jardin Saint-Roch ? Ils y ont eux-même passé plusieurs semaines, sauf que la cabane était sur les eaux gelées du lac Saint-Jean. Thomas Sinou y a enregistré toutes les ambiances, du bruit du vent à la tempête en passant par le crissement de la neige et l’arrivée de la motoneige à l’extérieur, tandis qu’à l’intérieur, il y a capté le bruit du poêle et des brides de conversation.Toutes les quinze minutes au Jardin Saint-Roch, un visiteur pouvait entrer dans la cabane et y était invité à « faire comme chez soi ». C’est d’ailleurs la seule indication qui était donnée pour profiter de l’expérience.De mon côté, les cinq premières minutes, bien poliment, je me suis assise – avec gêne – sur le lit encore défait et j’ai attendu que ça se passe telle une sage spectatrice. Sauf qu’il ne se passait pas grand-chose. J’entendais le poêle. J’ai finalement compris que je pouvais – sans gêne – tout explorer sans exception, les livres, les écrits qui traînaient ici et là… Je pouvais même me promener dans cette cabane pour mieux entendre les interactions qui s’offraient à moi. Une moment rare dans une installation artistique où on ne doit habituellement toucher à rien, n’est-ce pas ?Bien loin du voyeurisme, l’expérience s’est avérée poétique. On y vivait et on y écoutait l’histoire d’Anne-Marie Ouellet qui, elle, a tout écrit sous forme de poèmes, lors de son séjour sur le lac. Un moment désarmant face à notre intimité et à celle des autres.Le Mois Multi 17 se poursuit jusqu’au 27 février.Voir la programmation sur Monsaintroch.com.
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